Fusion Verts-PS-ViVA ! : chronique d’un (e) fiasco
Seule la liste écologiste de Jean-Marc Governatori est qualifiée pour le second tour. Exit les candidatures PS et PCF-LFI. Mais les trois leaders se sont rencontrés et ont discuté. Révélations
L’union de la gauche à Nice en vue des élections municipales ? Un doux rêve pour les électeurs qui n’entendaient pas voter à droite. Les partis et mouvements politiques ont tenté l’union bien avant le premier tour du 15 mars. Ils ont parlementé. Négocié. Et échoué.
Et les forces de gauches, parties en ordre dispersé, n’ont pas survécu au premier tour, comme c’était prévisible. Exit la liste « Nice au coeur » emmenée par le conseiller municipal et métropolitain socialiste, Patrick Allemand. Out ViVA ! de Mireille Damiano, soutenue par le Parti communiste français, la France insoumise et les mouvements Ensemble ! et Génération.s. Seule « Nice écologique » s’est qualifiée pour le second tour : la liste dirigée Jean-Marc Governatori qui clame haut et fort n’être « ni de droite, ni de gauche » mais qui accueille pourtant, entre autres, Juliette Chesnel-Le Roux et Fabrice Decoupigny, les conseillers municipaux EELV, élus sur la liste du PS en 2014.
« Fusion démocratique, pas programmatique »
Et s’il n’était pas question pour Jean-Marc Governatori d’envisager une fusion dans l’entre-deux tours, la crise sanitaire rallongeant considérablement le temps de réflexion avant de retourner aux urnes le 28 juin, a failli changer la donne.
La question d’une fusion s’est de nouveau posée. Avec un nouvel échec à la clé.
Le Collectif citoyens 06, ce mouvement qui se revendique « apartisan et apolitique », lanceur d’alerte en matière environnementale, a émis l’idée d’une rencontre entre les forces de gauche. Acceptée. Elle s’est tenue mercredi.
Mireille Damiano confirme : «À leur invitation et à la faveur d’un constat assez critique sur le passé, l’idée a été émise que nous nous mettions autour d’une table. ViVA ! a décidé en assemblée plénière d’y participer et d’ensuite soumettre au vote ce qui en ressortirait. » Une première rencontre et puis, plus rien. « Nous allions soumettre jeudi soir aux membres de ViVA ! ce qui avait été discuté, lorsque nous avons appris que la liste écologique n’envisageait rien du tout. Donc il n’y avait plus rien à voter puisque ce sont eux qui ont les cartes en main et pas nous », révèle Mireille Damiano. Loin d’être bouleversée : « De toute façon, nous étions critiques et inquiets. Je ne pense pas que nos programmes étaient si proches que cela. Ils se disent ni de droite, ni de gauche, alors que nous prônons l’économie sociale. »
Au mieux, ViVA ! aurait pu envisager « une fusion technique, démocratique », mais certainement pas programmatique.
« Mes colistiers n’ont pas voulu »
Deuxième rapprochement avorté à cause des écolos ? Peu prolixe, Jean-Marc Governatori assume : « Mes colistiers n’ont pas voulu donner suite. » Le cosecrétaire national de l’Alliance écologiste indépendante (AEI) développe : « Nous avons voté démocratiquement et j’ai coutume de voter en dernier. » Lui semblait plutôt favorable à la démarche : « Je trouvais l’initiative intéressante. mais mes colistiers ont préféré continuer l’aventure comme ça. »
« Déjà en octobre »
Patrick Allemand, qui avait ardemment souhaité l’union dès le premier tour, grimace : « Déjà en octobre, les représentants d’Europe écologie-les Verts avaient quitté la table des discussions en annonçant qu’ils ne participeraient pas à une liste de rassemblement de la gauche mais qu’ils ralliaient l’écologiste indépendant Jean-Marc Governatori. »
Pour le socialiste, pas de doute : « huit mois plus tard on sait désormais bien qui sont les diviseurs. » Selon lui, la fusion était pourtant sur la bonne voie : « Alors qu’un accord global était sur le point d’être trouvé pour une fusion de listes avec l’assentiment de JeanMarc Governatori à la tête de cette coalition avec des représentants de ViVA ! et de Nice au Coeur, ce même quarteron de militants écologistes s’oppose à cette démarche de rassemblement, désavouant au passage, qu’on le veuille ou non, leur propre tête de liste, ce qui en dit long pour la suite. »
Et de regretter : « Ça aurait pu être un jour d’espoir pour toutes les forces progressistes dans cette ville, ce ne sera pas le cas. » Patrick
Allemand dénonce : « Cette manoeuvre démontre qu’il y a une volonté délibérée de certains écologistes de tout faire pour faire disparaître la gauche du conseil municipal de Nice. » Il garde toutefois espoir : « La clôture du dépôt des listes étant (demain), il reste encore un peu de temps pour revenir à la raison. »
Une question de place ?
Et si ce n’était pas seulement la raison qui entrait en ligne de compte au sein de la liste « Nice écologique » ? Selon nos informations, la liste de fusion qui aurait découlé des négociations, aurait vu Mireille Damiano en seconde position, derrière Jean-Marc Governatori. Puis, Patrick Allemand en troisième position. Juliette Chesnel-Le Roux ou encore Fabrice Decoupigny auraient encore été en positions éligibles, mais d’autres colistiers auraient dégringolé dans le classement, comme Jean-Christophe Picard, l’ancien président d’Anticor actuellement 5e, ou encore Saber Gasmi, très investi, en 7e position. Non, ça n’a pas compté, dément Jean-Marc Governatori qui affirme que ses colistiers voulaient « seulement continuer avec une liste 100 % écolo ».