Béal : et si l’hôtel n’ouvrait jamais ?
Un permis de construire délivré en 2012, d’innombrables rebondissements, des portes qui restent closes… C’est désormais une question à un million : à quand l’inauguration de l’établissement ?
C’est une histoire qui n’en finit plus. Un vrai serpent de mer. Ouvrira ? Ouvrira pas ? L’hôtel du Béal, à Cagnes-sur-Mer, n’a toujours pas sabré le champagne pour son inauguration. Et pour cause, depuis huit ans, date à laquelle le permis de construire a été accordé, les rebondissements se sont enchaînés (lire ci-dessous). La loi du silence qui règne autour de la date d’ouverture alimente le mystère.
Ouverture annoncée en avril il y a 3 mois
Pour comprendre, il faut démêler ce sac de noeuds. Progéréal, le promoteur immobilier, reste propriétaire des murs du Béal. Sa société Finareal exploite l’établissement à 50 %. L’autre moitié revient au groupe hôtelier Naos. Franchisé, ce dernier devait ouvrir sous l’enseigne Marriott (groupe Starwood). La gamme ? Tribute portfolio. Du haut de gamme quatre étoiles plus. Depuis plus d’un an, chacun des protagonistes se refile la patate chaude pour éviter d’annoncer une date officielle d’ouverture. Aux dernières nouvelles, ça devait être le 30 avril. C’est en tout cas ce que semblait indiquer une annonce publiée par Pôle emploi Cagnes-sur-Mer en février : l’hôtel recherchait trois commis de cuisine. Rien de très surprenant puisqu’un comité de direction avait déjà été embauché quelques mois auparavant pour préparer les lieux. Entre-temps, coronavirus, crise sanitaire, confinement et tout le tintouin. Pas d’ouverture. Et silence radio. Mais récemment, nouveau rebondissement dans cette interminable saga. Selon nos informations (1), les employés auraient reçu, il y a quelques semaines, une lettre leur annonçant qu’une procédure de licenciement économique était en cours. Douche froide.
Une quarantaine d’employés licenciés
Une quarantaine de personnes vont vraisemblablement se retrouver bientôt au chômage. Dont 80 % de Cagnois. Celle-là, personne ne l’avait vu venir. L’un de nos informateurs précise qu’une « ouverture en septembre 2020 » avait été annoncée aux employés fin février. Mais il sonne aussitôt le glas : «Depuis, l’hôtel a définitivement renoncé à ouvrir. » « La raison invoquée est financière », partage une autre source.
La crise économique auraitelle assassiné les exploitants (et co-employeurs) Finareal et Naos ? Aucune certitude. Progéréal n’a pas répondu à nos nombreuses sollicitations et, contacté une nouvelle fois hier, le groupe Naos n’a pas donné suite à notre appel.
Les salariés du comité de direction, embauchés en septembre 2019, seraient « surpris et choqués » par cette nouvelle. Ils ne sont pas les seuls. L’émotion est partagée par les autres personnes recrutées juste après : « Certains d’entre eux n’avaient pas encore de contrat écrit. Juste une promesse d’embauche sans cesse repoussée… Ils ont refusé d’autres postes pour pouvoir travailler dans cette grande enseigne. Ils se retrouvent sans rien alors que, jusqu’au bout, ils ont cru que l’hôtel ouvrirait. »
Le groupe Naos se retire du jeu ?
L’union locale CGT de Carros a été sollicitée par plusieurs salariés. « Des conseillers CGT les ont assistés hier lors des entretiens préalables aux licenciements », rapporte le secrétaire général, Jean-François Monti. Le but ? « Vérifier que tout soit respecté, comprendre la décision de l’employeur, qu’il n’y ait pas d’abus… » Le syndicat devrait rendre un compte rendu dans la journée. De son côté, la mairie déclare ne pas avoir d’informations à ce sujet. « Progéréal me dit être en cours de négociations avec un groupe hôtelier et que l’ouverture se fera à l’automne », indique le maire, Louis Nègre. Étonnant. L’accord avec le groupe Naos, aux dernières nouvelles, était acté. « Naos se retire, c’est ce qui a été dit hier lors des entretiens préalables, confie un salarié. Personne n’a été en mesure de dire quand l’hôtel ouvrirait… Ni même si ça sera finalement une exploitation hôtelière. »
Les employés se retrouvent donc au chômage, «dansun secteur qui ne recrutera pas avant l’été prochain, à cause de la crise ». Jean-François Monti de la CGT rappelle que « l’employeur a jusqu’à une semaine pour confirmer le licenciement, ou pas. »
Et l’avenir du Béal ? Toujours incertain. C’est aujourd’hui une question à dix millions (le coût de ce projet) : l’hôtel ouvrira-t-il un jour ? (1) Les personnes ont souhaité conserver l’anonymat.