Jean-Pierre Papin : « J’avais besoin d’y retourner »
Successeur de Jean-Guy Wallemme sur le banc de Chartres, JPP prend donc la suite du nouveau coach de Fréjus dans l’Eure-et-Loir. Et rappelle que le N2 est loin d’être une obscure division...
JPP. Trois lettres que la France entière connaît par coeur. Trois initiales qui se sont installées dans la mémoire collective pour finir bien au-delà du cercle, pas franchement fermé, des amoureux du ballon rond. Un ballon de cuir d’abord, puis d’or, quand JeanPierre Papin a décroché, en , le précieux et convoité sésame que Kopa () et Platini (, et ) avaient attiré avant lui dans leurs filets. Ces mêmes filets que JPP, star du début des années , faisait trembler à coup de « papinades ». Le terme aurait d’ailleurs bien pu entrer dans nos dictionnaires, mais c’est aux Guignols que Papin devait finalement faire son entrée en . On riait de « P.A.P. », comme disaient alors les impitoyables marionnettes de cire, pendant que Jean-Pierre traînait lui son spleen sous les maillots du Milan AC, puis du Bayern de Munich. L’équipe de France s’éloignait, la Coupe du monde filait entre les doigts des Bleus et forcément la fin de carrière se rapprochait. Comme la reconversion. Cette fameuse deuxième vie, entamée avec le costume d’entraîneur sur les épaules, chez les amateurs d’Arcachon d’abord, puis à Strasbourg en Ligue , avant un éphémère et délicat passage en Ligue à Lens. Briller sur les pelouses et exceller au bord des terrains n’est pas le même métier, Papin l’a vite compris et il est « sorti du cercle fermé des entraîneurs ». Mais JPP a décidé d’y retourner. Du côté de Chartres, en National . Et quelque chose nous dit que ce n’est certainement pas le dernier mot de Jean-Pierre.
Jean-Pierre, vous venez de signer à Chartres, où officiait avant vous Jean-Guy Wallemme, capitaine du RC Lens, sacré champion de France en et aujourd’hui entraîneur de l’Étoile FC du côté de Fréjus. Les deux clubs évoluent en National où l’on trouve également un certain Cris (champion de France de à avec Lyon) sur le banc de Monts d’Or Chasselay. Ce championnat de National attire donc les grands noms du football et prouve qu’il n’est pas vraiment une quatrième division au rabais…
Non, c’est un bon championnat avec des joueurs aguerris qui ont souvent fait des centres de formation et c’est très relevé. La donne est d’ailleurs simple, pour monter en National, vous n’avez pas d’autre choix que de finir premier de votre groupe. Avec en face des équipes qui sont toutes très proches.
Vous le voyez comme un tremplin pour tous ces anciens joueurs qui cherchent à se faire un nom en tant qu’entraîneur ?
Pour les autres, je ne sais pas, mais pour moi, oui. Vous savez, quand vous sortez du cercle fermé des entraîneurs de première division, c’est très difficile d’y revenir. Aux niveaux supérieurs, les places sont comptées. Il faut montrer ses compétences.
C’est ce qui vous a poussé à vous engager dans cette nouvelle aventure ?
Oui et j’avais surtout besoin d’y retourner. Besoin de retravailler avec un groupe, besoin de retrouver le goût du vestiaire et de la pelouse. Pour moi, il y a l’entraîneur qui aime entraîner et celui qui aime manager. Là, il faut aimer entraîner. Je connais des entraîneurs en première division que ça fait ch… d’entraîner. Moi, ça me correspond.
Ce ne serait donc pas un niveau fait pour un manager comme Laurent Blanc…
Tout à fait. Et ça se comprend, je comprends la nuance. Moi, j’ai commencé chez les amateurs à Arcachon. J’aime préparer mes séances, avoir des réunions avec mes préparateurs physiques. Pour moi, le métier d’entraîneur est là et il est beau comme ça.
Mais quand on a connu les centres d’entraînement du Milan AC ou du Bayern de Munich, on peut éprouver un peu de frustration face aux installations et aux conditions de travail d’un club de National ...
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Il y a l’entraîneur qui aime entraîner et celui qui aime manager. Là, il faut aimer entraîner. Je connais des entraîneurs en première division que ça fait ch… d’entraîner. Moi, ça me correspond .... ”
C’est le problème du football amateur, même si le National est l’antichambre de ce qui se fait au dessus. Et à Chartres, avec de bons joueurs, avec de bonnes installations, le projet nous oblige à jouer les premiers rôles.
Si le COVID n’était pas passé par là, le club avait d’ailleurs de grandes chances de monter en National, avec Jean-Guy Wallemme. Avec le recul vous pensez que le football français s’est un peu précipité en prononçant, fin avril, l’arrêt des saisons professionnelles ?
Oui, même si à l’époque, il y avait des gens qui mouraient dans tous les sens. Je regrette juste la fermeté du choix. Le fait de ne pas avoir laissé la porte ouverte pour une reprise. Et ça risque de coûter cher aux clubs français en Ligue des champions.
Les saisons sont donc finies. Vous travaillez sans doute déjà sur la prochaine ?
J’ai pris Ghislain Anselmini (exdéfenseur de l’OL dans les années ) comme adjoint et on va faire du bon boulot. On ne reprendra que le juillet et pour le moment je n’ai rencontré que mon capitaine.
On imagine l’émerveillement de vos joueurs face à un Papin sacré Ballon d’Or en …
De l’émerveillement, je ne sais pas, mais il y a beaucoup de fierté et de respect. Après il faut du temps et travailler comme il faut.
Avec une génération qui n’a pas connu vos exploits, vos fameuses « papinades », autrement qu’en vidéo…
Et c’est sans doute mieux ainsi. Rester une légende, c’est bien, mais il faut juste se remettre à son niveau. Ne pas juste rester une icône.