Suspendre les travaux pour protéger les oiseaux
À Tourrettes-sur-Loup, l’église du village devra attendre fin septembre avant sa complète rénovation. Il y va de la sécurité des hirondelles et martinets, en pleine période de nidification
C’est comme un scénario de film Disney. Tous les éléments y sont. Une cité Médiévale : Tourrettes-sur-Loup. Une tour d’église où vivent d’adorables animaux, hirondelles et martinets. Des héros qui sauvent les jolies bébêtes.
Puis, un élément perturbateur : les travaux entrepris sur tout le bâtiment. Ils menacent la sécurité de ces espèces protégées, en pleine période de nidification.
Pour le bien-être des oiseaux, la mairie a dû suspendre le chantier jusqu’à fin septembre. Période à laquelle, ils se réenvoleront pour l’Afrique.
« 75 000 euros d’amende encourus »
Et, la commune ne s’attendait pas à ça. En début d’année, les travaux ont débuté. L’église du village allait se refaire une petite beauté. Le rendu final était prévu pour fin juillet. Sauf que : crise sanitaire, oblige, tout a été gelé pendant presque trois mois.
À la reprise : nouvelle surprise. Un agent de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) passe par là. Il met les ouvriers en garde.
« On nous a dit qu’on risquait jusqu’à 75 000 € d’amende et trois ans de prison si on poursuivait la rénovation », a relaté Damien Bagaria, maire de Tourrettes, lors du dernier conseil municipal.
À l’ordre du jour, les élus ont pu constater la demande du report de ces travaux. Auquel cas, la Ville se retrouverait en infraction. Hélène Bovalis de la LPO accompagnée d’une représentante de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) s’est exprimée : « Nous n’avions pas forcément demandé le report, nous aurions pu aménager ensemble un calendrier pour les travaux. Mais si la commune décide de suspendre le chantier, c’est encore mieux ! »
« Geste pour l’environnement »
La présence humaine, les échafaudages et les filets perturbent l’habitat des hirondelles et des martinets. « Qui, de surcroît, reviennent nourrir leurs petits », explique Hélène Bovalis.
Cette passionnée – incollable sur ces espèces – partage : « Le martinet retourne dans son nid en plein vol, car ses pattes ne lui permettent pas de se poser. Comment fait-il si on lui met des obstacles ? »
Sans parler du risque de détruire des nids. « Mais, même si on démolit des nids en hiver, lorsqu’ils se trouvent dans des pays chauds, la mairie reste dans l’obligation de construire des nichoirs à proximité. » À leur retour en effet, après avoir parcouru des milliers de kilomètres, les volatiles sont trop fatigués pour reconstruire un nid douillet. « Puis, surtout, hirondelles et martinets se montrent très attachés à leur habitat de naissance. Ils y reviennent toujours, quoique l’humain y bâtisse », ajoute Hélène Bovalis.
« On a pu faire un geste pour l’environnement », a conclu Damien Bagaria après le vote unanime du report des travaux de l’église. Une vraie happy end à la Disney !