« Il faudra vraiment faire une super arrière-saison »
L’une des centenaires interviewées le mois dernier et résidente du Rocher nous le disait : « Ici, il n’y a plus que des touristes maintenant ». Elle avait à la fois tellement raison, et tellement tort. Raison, car en temps normal, c’est bien le cas. Tort, car si depuis quelques jours, une petite vie anime de nouveau les ruelles du quartier historique de la Principauté, il faut bien reconnaître que depuis le début du confinement, c’est morne plaine. On a bien assez de ses deux mains pour compter les touristes. « On a rouvert le 4 mai. C’est catastrophique, confie Gilliane dans sa boutique de souvenirs. Ça reprend tout doucement, mais ça n’est pas viable. Tant que les gens ne reprendront pas l’avion pour revenir des quatre coins de l’Europe, ça ne fonctionnera pas. »
Elle comptait un peu sur la réouverture des restaurants pour attirer du monde. Mais, là encore… : « Même les restaurants, quand ils arrivent à faire dix couverts, c’est exceptionnel. Finalement leur ouverture n’a pas changé grandchose pour nous. »
De calculs en désillusions, elle conclut : « Je pense qu’il n’y aura pas de saison. Même si on espère que ça ira mieux en juillet-août, il faudrait vraiment faire une super arrièresaison. Autant dire que ce n’est pas gagné. »
Ni bus, ni croisières
Johanna, dans un autre magasin de souvenirs, garde le sourire, mais le fond du discours reste le même : « La relève de la garde c’est quand même un événement qui attire du monde sur la place du Palais. Avec l’ouverture du
Musée océanographique au début de la semaine, ça nous amène au moins un peu de passage. » Un peu de vie dans les rues, même si ça ne suffit pas à faire vivre les commerçants. « On a espoir qu’en juillet, les touristes reviendront. Même si l’on sait qu’on n’aura pas les bus, ni les bateaux de croisière. Il faut se dire que c’est un mauvais moment à passer, et que petit à petit, ça va reprendre. »
Restaurants vides
Dans les restaurants, c’est aussi un désastre. « U Cavagnetu » est celui qui, à midi et demi mardi dernier, avait le plus de monde en terrasse, avec huit couverts. « En dix ans de restauration, je n’ai jamais vu ça, explique Cécile. Les touristes ne sont pas là, les employés qui viennent manger d’habitude sont en télétravail… C’est vraiment difficile. »
Plus loin, chez « Pinocchio », Iove est aussi dévasté. « C’est très compliqué. Aucun touriste. Les locaux ne viennent pas sur le Rocher. Le maximum qu’on a fait jusque-là, c’est six couverts, alors que d’habitude, on est complet. Je crois que les mesures sanitaires imposées ici ne nous ont pas facilité la tâche, parce que je connais des restaurants à Nice ou à Roquebrune, qui ont repris et qui marchent bien. »
Tous veulent croire que la reprise de la relève de la garde constituera un premier pas vers une amélioration, et une saison pas totalement ruinée.