Nice-Matin (Cannes)

Raphaël et Jordan sont prêts pour le -Juillet à Paris

Les deux douaniers de la brigade de Menton participer­ont à cette édition atypique de la Fête nationale. Le contexte de crise sanitaire n’enlève rien à la fierté de représente­r leur corps de métier

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Ni l’absence de public, ni l’allégement du défilé, ni même l’abandon des Champs-Élysées ne pourront affaiblir la motivation de Raphaël et Jordan, douaniers à la brigade de Menton. L’édition 2020 du 14-Juillet parisien aura beau être inédite, y prendre part reste un honneur immense. Demain, ils prendront donc la route pour La Rochelle, là où se déroule leur entraîneme­nt – depuis 2016, date à laquelle les douaniers ont de nouveau été autorisés à défiler pour la Fête nationale. Fort de ses multiples casquettes, Raphaël, 45 ans, n’est pas tellement inquiet : l’ordre serré, il y est habitué en tant que réserviste dans la Marine. Lui qui, adjoint de la brigade de surveillan­ce de Menton, est également pompier volontaire à Breil.

Un métier d’imprévus

« Je n’aime pas être inactif… » ,résume-t-il, jovial. Arborant sur son bras droit l’écusson de la brigade : un citron au sourire carnassier. Car Menton est devenue « sa » ville depuis treize ans. Après une intégratio­n de la douane en 2002, une première année à Chamonix, puis un travail à la frontière franco-suisse une fois son concours pour changer de grade réussi. À ce jour, son métier se fait autant en bureau que sur le terrain. Gestion du personnel et du matériel, animation, formation des stagiaires... « La vraie école pour eux, c’est le terrain. Le flair du douanier ce n’est pas une légende », assure Raphaël, descendant d’une belle lignée de militaires. « Dans ma famille, je suis un peu le canard boiteux, même si je porte souvent l’uniforme », blague-t-il. Précisant que le métier de douanier n’était pas une vocation – il s’était dans un premier temps lancé dans des études d’histoire – mais qu’il ne l’a jamais regretté. « Ce qui me plaît, c’est l’imprévu : quand on part le matin, on ne sait pas quand on rentre, ni ce sur quoi on va tomber » ,résume-t-il. Évoquant un vaste panel de missions, allant de la défense des animaux en voie d’extinction à la personne recherchée parce qu’elle n’est pas retournée en prison, ou la saisie d’un million d’euros en billets de 500. «Onne s’ennuie pas, à condition d’avoir envie d’ouvrir les voitures et d’aller au fond des camions, poursuit-il. On doit cette diversité au code des douanes, très éclectique grâce à Napoléon », souligne Raphaël. Rappelant

néanmoins que l’un des buts premiers consiste à s’attaquer à de gros trafics : milliers d’articles ou kilos de stup.

« C’est une fierté pour moi de représente­r la douane, surtout vu le passif familial et ma passion pour l’histoire. J’ai en tête les images du défilé de 1919, ou celles de De Gaulle sur les Champs-Élysées en 44… » C’est en suivant les conseils de son père policier que Jordan, 23 ans, a quant à lui intégré les douanes en 2017. C’est aussi dans les pas de son père qu’il s’inscrit en participan­t au 14-Juillet. « Il a lui-même défilé en tant que CRS quand il était jeune. Il m’a dit que c’était une super expérience. Des amis qui l’ont fait m’en ont aussi parlé », explique l’agent de constatati­on principal (ACP2). Un peu déçu que la Fête nationale prenne un autre visage cette année, mais conscient qu’il pourra repostuler à l’avenir. Même si cette édition, aussi étrange soit-elle, rentrera de fait dans les annales.

« C’est un honneur. J’espère bien faire », glisse-t-il. Admettant être un peu stressé à l’idée d’apprendre à marcher au pas, ou au contraire à rester statique.

Après une année de droit, Jordan a passé deux ans dans la Brigade de surveillan­ce extérieure de Cherbourg avant de rejoindre Menton –

il y a un an.

« J’ai fait le choix de la surveillan­ce pour le terrain. Cela me plaisait de travailler en extérieur. La douane propose beaucoup de liberté et de spécialité­s », expose le jeune homme. Qui aimerait, à terme, devenir maître chien. « En un an à Menton, j’ai appris beaucoup de choses : étudier les camions, connaître les flux, repérer ce qui est intrigant, trouver les incohérenc­es… » À compter du 1er septembre, Jordan quittera la cité des citrons rieurs pour la brigade de Nice. Sa mission y sera sensibleme­nt la même, « avec un peu moins d’interventi­ons sur l’autoroute ».

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Raphaël et Jordan partent demain pour s’entraîner avec les autres douaniers à La Rochelle.

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