Quel nouveau modèle après la crise sanitaire ?
Les Français rêvent d’un nouveau monde pour l’après-pandémie : plus humain et plus local. Mais comment le mettre en place ? Les membres du club apportent des pistes de réflexion
Le monde d’après Covid. On y est. Si l’ancien a clairement montré ses limites durant la pandémie, à quoi ressemblera le nouveau ? Une France réindustrialisée ? Davantage de circuits courts et de proximité ? Du télétravail intégral ? Réunis il y a quelques jours en visioconférence, les membres du Club Eco VarMatin ont dû, tous sans exception, s’adapter pour faire face au coronavirus. Ce sont justement les enseignements tirés de cette crise sanitaire et économique qui leur permettent d’apporter, chacun, une brique au nouveau modèle. Et il faudra assurément compter sur les artisans pour bâtir demain, prévient Roland Rolfo, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) du Var.
Qu’avez-vous appris de cette crise ?
Déjà que la nature pouvait renaître, que la solidarité avait du sens avec les soignants, caissières, éboueurs... et que nous avions besoin d’entreprises de proximité. Durant le confinement, nous avons redécouvert le boulanger, le boucher, la supérette du coin, mais aussi l’agriculteurexploitant. Nous nous sommes aussi rendu compte de la valeur de tous ceux qui avaient disparu de notre environnement et qui sont indispensables à notre qualité de vie : coiffeurs, esthéticiennes, fleuristes, libraires... Enfin, avec le télétravail, nous avons pris conscience que l’entreprise n’était pas forcément un lieu détaché de la vie familiale.
Qu’est-ce que la CMA souhaite conserver de cette expérience pour les TPE et les entreprises artisanales ?
Pour survivre, les entreprises artisanales ont dû se remettre en cause. De par leur taille réduite elles disposent d’une vraie faculté d’adaptation. Nous avons constaté que globalement, l’artisanat a su s’adapter aux nouvelles contraintes induites par la pandémie même si on table sur à % de faillites. Nous avons observé trois profils d’entreprises. Celles, traditionnelles par leur activité et par leur mode de gestion - les métiers de bouche d’une manière générale - qui ont adapté leur fonctionnement en déployant des stratégies de type Click and Collect, des marketplaces, ou en proposant un drive... A ces dernières de s’ancrer dans cette modernité par le développement des outils numériques. Il y a aussi celles qui ont saisi les opportunités du moment et rebondi en adaptant leur production au marché de la sécurité sanitaire.
Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Il y a des entreprises de la filière textile qui se sont mises à produire des blouses et des masques et à les faire labelliser comme Ortoli à Signes qui, avec l’Azuréenne Le Point français ont remporté le marché public lancé par l’ARS pour fabrique un lot de surblouses. Mais il y a aussi celles qui ont fabriqué des masques de protection ou des hygiaphones pour faciliter le déconfinement. Il faudra les accompagner dans ces démarches innovantes et les orienter vers d’autres types d’activités. C’est là un exemple local de ce qui pourrait être le socle d’une « réindustrialisation » et « relocalisation » de notre économie.
Quel est le dernier profil ?
Il s’agit des entreprises qui ont profité de la crise pour franchir une étape dans leur développement. C’est le propre d’entreprises bien structurées et engagées dans des démarches de digitalisation et de robotisation. Cette crise a montré que le nouveau modèle ne pourrait pas se passer du numérique.
Quel modèle voulez-vous voir émerger ?
On se met à rêver d’une économie qui soit à la fois plus autonome avec une empreinte carbone réduite où l’on parle de proximité, de réduction des trajets entre le domicile et le travail. La CMA préconise depuis plusieurs années le développement des circuits courts et de l’économie circulaire. On a d’ailleurs été les premiers à adopter le slogan « Consommez local, consommez artisanal ». Une économie pour l’humain, le local et le vivre ensemble. Tout comme on a fait preuve de solidarité et d’engagement pour vaincre le Covid-, il faudra faire la même chose pour la reprise économique : chacun devra militer pour le commerce et l’artisanat de proximité.
ANIMATION : PHILIPPE COURTOIS
RÉDACTION : KARINE WENGER AMBRE MINGAZ