Nice-Matin (Cannes)

Une bataille rangée se termine en double tentative de meurtre :  ans de réclusion

- CH. P.

Après trois jours de débats devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes, le verdict est accueilli par des cris de détresse et des pleurs, hier soir. Sabri Bech, 36 ans, vient d’être condamné à quinze ans de réclusion criminelle. L’avocat général, Vincent Edel, avait requis contre lui dix-huit années.

Sabri Bech fait bonne figure et met son index sur sa bouche pour demander à ses proches de garder le silence. Il est reconnu coupable d’avoir tenté de tuer Oumar Gourmaev et Charles Mellard. Deux victimes qui n’étaient en rien impliquées dans les précédente­s bagarres qui avaient provoqué la colère vindicativ­e de Sabri Bech. Le 20 février 2016, vers 18 heures, non seulement il y a deux blessés par balles qui sont déposés aux urgences mais également deux autres jeunes hospitalis­és après avoir reçu des coups de couteau. Tout serait parti d’une remarque d’Omar Habibi (un proche de Lahouaiej-Bouhlel,

le terroriste du 14 juillet 2016) : un conflit à cause d’un chien sans laisse ni muselière a alors dégénéré en bataille rangée rue Comte-Vert.

Dans cette mêlée, Aymen Kahlaoui, Tunisien en situation irrégulièr­e, a été reconnu coupable d’avoir blessé au couteau trois personnes dont Sophien Bech, le neveu de l’accusé, Abouzed Mchinda et Haikel Mejri (tous deux poignardés au ventre). Kahlaoui a été condamné hier soir à cinq ans de prison pour violences avec arme. Menotté à la barre, il a été conduit, dès hier soir, en détention.

Très lourd casier judiciaire

Sophien Bech, poursuivi pour des violences et pour avoir caché son oncle Sabri, a été acquitté, au soulagemen­t de son avocat Me Christian Scolari.

Ce sont les blessures de Sophien qui avaient mis en rage Sabri Bech qui, après avoir frappé Omar Habibi, était revenu armé d’un revolver rue Guiglionda-de-Sainte-Agathe et avait tiré sur des hommes qu’ils pensaient proches d’Habibi. Tout au long du procès, l’accusé a expliqué qu’il croyait avoir emprunté un pistolet à grenaille (une arme de défense) et qu’il n’avait jamais eu l’intention de tuer mais d’impression­ner ses rivaux. Ses avocats, Me Mathurin Lauze et Me Philippe Soussi, ont repris cette hypothèse à leur compte, espérant une requalific­ation des faits en « violences avec arme ». Mais certaines images ont pesé lourd dans la balance au moment du délibéré. Sur un enregistre­ment vidéo, la cour et les jurés ont pu voir Sabri Bech, très calme, asséner des coups de pied à Oumar Gourmaev, allongé au sol après avoir été atteint d’une balle dans le dos. L’arme utilisée n’a jamais pu être expertisée. Bech l’a fait disparaîtr­e. La balle non plus : elle est restée logée dans le foie de la victime.

Le casier judiciaire de Sabri Bech a également été pris en compte par la cour d’assises. Condamné par le passé pour viol aggravé à huit ans d’emprisonne­ment ainsi que pour des violences avec arme, l’accusé n’a quasiment jamais travaillé et a passé la majeure partie de sa vie d’adulte en prison. Les deux condamnés disposent de vingt jours pour interjeter appel de leur condamnati­on.

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(Photo Cyril Dodergny) Les faits se sont passés en février  à L’Ariane.

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