Aux urnes citoyens ! Mais masqués
Il avait milité durant de nombreuses années. Dans des associations culturelles ou de parents d’élèves. « Voilà comment, de fil en aiguille, je me suis trouvé sollicité par le candidat René Buron lorsque Marius Issert, maire de SaintPaul pendant cinquante ans, n’a pas souhaité se représenter. »
Joseph Le Chapelain n’a pas décliné. René Buron, il le connaissait bien : « On travaillait tous les deux chez IBM, à La Gaude. » Luimême a fini par lui succéder. Non sans accrocs : « Il était convenu, lors du mandat précédent, qu’en cours d’exercice il laisserait son fauteuil, ce qui me permettrait de postuler pour être maire. René Buron et moi-même avions signé une lettre en ce sens. Le moment venu, il n’a pas voulu démissionner et je me suis senti trahi. » Pas de quoi écrire un roman, juge Joseph Le Chapelain, même s’il admet « en avoir beaucoup souffert ».
Culture, police et logement
Un point à éluder sur-lechamp : la reconnaissance. Il rit : « Si c’est cela que vous cherchez, inscrivez-vous dans un club de théâtre, par exemple, mais ne briguez pas le poste de maire. » Cette fonction, elle l’a laissé « physiquement en triste état » puisque, depuis 2017, il lutte contre un cancer. Sous chimiothérapie après deux sessions de radiothérapie, il a besoin d’un grand repos. « J’avais décidé de toute façon qu’après vingt-cinq ans de mandats municipaux, je ne me représenterais pas. C’était acté, avant même que la maladie ne se déclare. » À bientôt 77 ans, Joseph Le Chapelain se dit comblé. « Les projets, c’est très bien, il faut les porter, mais les grandes joies sont dans les réalisations. C’est parfois même excitant. Malgré tous les problèmes de réglementation ; il ne faut pas s’imaginer que le maire fait ce qu’il veut dans sa commune. »
Le nouveau poste de police, « sujet très compliqué qui a fait l’objet de débats assez chauds », c’est fait. De même que le cheminement qui court au pied des remparts, l’extension de l’école ou un auditorium de près de 200 places. Plus ardu, le dossier de l’habitat, même si le permis a été délivré pour la construction de 80 logements. Saint-Paul, 3 600 habitants, serait le troisième site le plus visité de France après Paris et le Mont-Saint-Michel.
« Je veux bien, mais je n’ai aucune preuve », sourit l’ancien maire qui n’occulte pas la part, dans ce succès, de la Fondation Maeght et de la Colombe d’Or. Deux enclaves, deux mondes un peu à l’écart, mais « deux pôles d’attraction remarquables ». Même s’il estime que la Fondation a perdu avec le départ d’Olivier Kaeppelin.
« Je ne suis pas très paillettes »
Parmi les rencontres les plus étonnantes : « Boris Eltsine, encore président de la Russie, est venu dans mon bureau et nous avons déjeuné à la Colombe. » Arielle Dombasle et BHL, Jean Nouvel, Michel Boujenah ou Roger Moore : il a vu passer du beau monde. «Jenesuis pas très paillettes », assure Joseph Le Chapelain qui se souvient, sans transition, d’avoir été reçu parmi d’autres au Vatican ou d’avoir participé à un voyage en Chine : « Le séjour a duré 48 heures et le voyage un peu plus ! »
Depuis près de deux ans, l’ex-maire réside à Antibes, d’où est originaire sa nouvelle compagne. «Lors de mon dernier discours officiel, je l’ai dit haut et clair : je suis amoureux de SaintPaul. »