Sauveur et sauvé se retrouvent ans après
Dans les années 50, François Borsotto, alors âgé d’une douzaine d’années, sauve de la noyade Christian Dubois, garçonnet de 5 ans. Près de soixante-dix ans plus tard, ils sont de nouveau réunis
Au début des années 1950, Saint-Jacques, à l’image des autres hameaux grassois, repose sur un immense tapis de cultures florales. À perte de vue, se déroulent des champs de jasmin et de roses. Autour des mas et des bastides, cerisiers, oliviers et potagers offrent aux habitants des récoltes abondantes dont le surplus est vendu sur les marchés locaux.
C’est sur la route qui mène à Auribeau, à l’intérieur d’une grande propriété, qu’en ce temps-là, un drame a été évité de justesse grâce à l’intervention d’un jeune garçon. Là, vit alors François Borsotto, âge d’une douzaine d’années, dont le père est métayer. Durant l’été, Christian Dubois, un petit garçon alors âgé de 5 ans, qui habite le centre-ville, vient souvent passer ses vacances, chez les propriétaires de l’immense exploitation agricole qui sont des amis de sa famille.
Curieux et imprudent !
Quelque peu intrépide, le garçonnet court du matin au soir dans l’immense jardin. Un grand lavoir intrigue particulièrement Christian. Assez profond, on y lave le linge et les légumes. Un jour, voulant toucher l’eau fraîche et frémissante, le bambin grimpe sur les margelles inclinées du lavoir et tombe dans l’eau, la tête la première. François qui passe alors à proximité se précipite pour hisser le garçonnet intrépide hors de l’eau, le sauvant ainsi de la noyade. Après plus de soixante ans sans nouvelles l’un de l’autre, François et Christian viennent de se retrouver grâce à l’intervention d’André Raspati un ami commun, qui a organisé leurs retrouvailles. « C’est très émouvant de se revoir. J’ai vraiment eu très peur à l’époque et sans son intervention je me serai noyé car je commençais à suffoquer. »
Et Christian de se souvenir de ce moment comme si c’était hier. Quant à François, il avait agi au plus vite car il savait que le garçonnet pouvait se noyer rapidement.
« Je n’ai pas réfléchi sur le moment. J’étais heureux de l’avoir sauvé, mais pour moi, je n’avais fait que mon devoir.
Décidés à garder le contact
Aujourd’hui « le sauveur et le sauvé », comme les qualifie avec humour André Raspati, ont échangé leurs adresses respectives et leurs numéros, bien décidés à garder le contact.
Si le premier vit dans le Var, le second demeure toujours à Grasse où il a exercé des années durant le métier de menuisier au Plan. Cette belle histoire évoque aussi le temps où les lavoirs, bassins d’arrosage et autres puits représentaient autant de dangers pour les enfants du monde rural, libres de s’amuser dans les campagnes, avec un sentiment de liberté exacerbé par l’absence de clôture entre les différentes propriétés.