Nice-Matin (Cannes)

Les états d’âmes des anciens maires

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Les uns s’accrochent, d’autres raccrochen­t. Les premiers portés par l’utilité de la fonction, les seconds usés par l’étendue de la mission. Écrasés par les responsabi­lités qui s’y rapportent. Éreintés par une charge de travail aussi dantesque que complexe. Maire ? Une servitude volontaire sans jours fériés ni horaires. Pour une indemnité nette d’environ   € par mois dans les communes de   à   habitants. Grisant ? Enthousias­mant ? Épuisant, découragea­nt ? « C’est un peu tout cela à la fois » , résume Gisèle Kruppert, qui a donné un quart de siècle à son village de Falicon avant de se faire éconduire, selon elle assez injustemen­t. Pour sa part, Jean-Paul Dalmasso, ex-maire de La Trinité, voulait passer la main à sa première adjointe. Elle a été battue. Il regrette. Une défaite, pour lui qui aspirait à la retraite. Si l’on n’aime pas servir son prochain, « il vaut mieux faire autre chose », c’est ce qu’il retient après avoir rendu écharpe et tablier. Enfin, Joseph Le Chapelain. Vingt-cinq ans de mandats municipaux qui l’ont laissé « physiqueme­nt en triste état ». Avec quelques regrets. Avec, surtout, des réalisatio­ns qui sont autant de satisfacti­ons. Et le souvenir de rencontres qu’il n’aurait jamais faites autrement. Dont le Président russe Boris Eltsine, venu visiter l’ancienne place-forte royale de Saint-Paul où des touristes recueillis fleurissen­t chaque jour de petits cailloux la tombe du peintre Marc Chagall. Kruppert, Dalmasso, Le Chapelain. Trois témoignage­s d’élus locaux passés à autre chose, avec la certitude d’avoir servi et le sentiment du devoir accompli. Que demander de plus ? Peut-être un minimum de reconnaiss­ance après toutes ces années d’engagement permanent et de sacrifices consentis. Leurs successeur­s ne tarderont pas à le comprendre : si la majorité se range de leur côté, tous les administré­s n’y sont pas prêts.

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