Les états d’âmes des anciens maires
Les uns s’accrochent, d’autres raccrochent. Les premiers portés par l’utilité de la fonction, les seconds usés par l’étendue de la mission. Écrasés par les responsabilités qui s’y rapportent. Éreintés par une charge de travail aussi dantesque que complexe. Maire ? Une servitude volontaire sans jours fériés ni horaires. Pour une indemnité nette d’environ € par mois dans les communes de à habitants. Grisant ? Enthousiasmant ? Épuisant, décourageant ? « C’est un peu tout cela à la fois » , résume Gisèle Kruppert, qui a donné un quart de siècle à son village de Falicon avant de se faire éconduire, selon elle assez injustement. Pour sa part, Jean-Paul Dalmasso, ex-maire de La Trinité, voulait passer la main à sa première adjointe. Elle a été battue. Il regrette. Une défaite, pour lui qui aspirait à la retraite. Si l’on n’aime pas servir son prochain, « il vaut mieux faire autre chose », c’est ce qu’il retient après avoir rendu écharpe et tablier. Enfin, Joseph Le Chapelain. Vingt-cinq ans de mandats municipaux qui l’ont laissé « physiquement en triste état ». Avec quelques regrets. Avec, surtout, des réalisations qui sont autant de satisfactions. Et le souvenir de rencontres qu’il n’aurait jamais faites autrement. Dont le Président russe Boris Eltsine, venu visiter l’ancienne place-forte royale de Saint-Paul où des touristes recueillis fleurissent chaque jour de petits cailloux la tombe du peintre Marc Chagall. Kruppert, Dalmasso, Le Chapelain. Trois témoignages d’élus locaux passés à autre chose, avec la certitude d’avoir servi et le sentiment du devoir accompli. Que demander de plus ? Peut-être un minimum de reconnaissance après toutes ces années d’engagement permanent et de sacrifices consentis. Leurs successeurs ne tarderont pas à le comprendre : si la majorité se range de leur côté, tous les administrés n’y sont pas prêts.