Shibuya Productions acteur du soft power monégasque
La société de production de films d’animations et de jeux vidéo cumule les succès mondiaux et souhaite promouvoir l’image de la Principauté. Porter des messages forts, de manière fun
L’annonce aurait dû tomber à domicile et sublimer le 6e Salon MAGIC, en mars, au Grimaldi Forum. L’événement reporté à 2021 pour cause de pandémie, c’est finalement le PC Gaming Show, grand-messe annuelle des gamers, qui a eu la primeur du nouveau coup d’éclat de Shibuya Productions le week-end dernier. Tant attendu, le teaser du jeu vidéo Twin Mirror (lire ci-contre), développé par la société française Dontnod et coproduit par Shibuya Productions, a été dévoilé. Et si la sortie est prévue pour fin 2020, les fans en salivent d’avance.
En l’espace de quelques mois, c’est la troisième fois que la société monégasque met en émoi l’univers de la pop culture ! Exceptionnel pour une petite structure familiale dont les ambitions semblent parfaitement converger avec celle de la Principauté qui, en ce début de XXIe siècle, entend garantir sa prospérité grâce au virage du numérique. L’idée ? Faire fi de l’étroitesse du territoire et miser sur les nouvelles technologies, notamment grâce au projet « Monaco Extended » qui, par une actuelle révolution digitale, tend à créer des richesses tout en promouvant la marque « Monaco ». Jouer sans complexe dans la même cour que des grandes nations en misant sur sa capacité d’innovation. Bref, sa matière grise. En cela, Shibuya Productions a valeur d’exemple.
« Une expertise transmédia »
En février, l’équipe de Cédric Biscay lançait ainsi le premier manga 100 % made in Monaco. À peine deux mois plus tard, Blitz (lire ci-dessous) entrait déjà au panthéon du genre en étant publié dans les pages du magazine japonais Shonen Jump.
Une première pour un manga étranger. Preuve qu’avec de grandes idées, on peut s’asseoir à la table des grands et y être respecté.
En s’associant avec Shibuya Productions sur le jeu vidéo Twin Mirror, c’est justement une partie de ce savoir-faire monégasque que la – réputée – société de développement française Dontnod cherchait. « Nos sommes devenus copropriétaires des droits de propriété intellectuelle et, au-delà de notre apport financier au développement, nous apportons une expertise transmédia », analyse Cédric Biscay. Et pour faire vivre la marque Twin Mirror, le fondateur de Shibuya espère bien la décliner. « Prolonger l’aventure, pourquoi pas sous forme de manga, voire de série TV. »
« J’adorerais faire une série TV à Monaco »
Des ambitions qui, cumulées aux succès récents du jeu Shenmue III et du manga Blitz, ou encore à l’exportation du salon MAGIC à Kyoto, placent Shibuya à l’orée d’un bel avenir. S’il ne veut pas brûler les étapes et encore moins faire entorse à l’humilité innée à son entreprise, Cédric Biscay concède volontiers qu’une croissance de sa société serait un défi humain avant tout, dans une structure qui repose sur l’envie, la passion et la confiance de ses membres. «La confiance mutuelle, c’est le plus dur à obtenir. Tout partenariat nécessite d’être sur la même longueur d’ondes. » Justement, certaines passerelles naturelles se sont déjà créées en Principauté. Depuis le lancement de la technologie 5G par Monaco Telecom par exemple, qui a fait naître des idées communes en gestation. D’autres pourraient suivre. On pense notamment à l’ambitieuse Fédération monégasque d’e-sport, désormais présidée par Louis Ducruet. « Louis, c’est un ami. Il était présent à l’avant-première de Blitz et je sais que c’est quelqu’un d’intéressé et d’actif. Nous n’avons pas de plans concrets ensemble mais on pourrait avoir des sujets de collaboration. »
Parmi les rêves de Cédric Biscay, faire de Monaco le théâtre d’une série TV. « J’adorerais ça ! Je pense que ça aurait du sens et je sais que ça fonctionnerait. Ce serait une promotion de la Principauté et un succès commercial. Pour cela, il faudrait la volonté commune de différents acteurs, mais on voit par exemple que le Prince lui-même est actif et intéressé sur ces sujets. On l’a encore vu avec l’expérience de Claude Lelouch et Charles Leclerc. » Cédric Biscay de citer en exemple le Japon et la Corée du Sud, « très forts sur le soft power ».