Nice-Matin (Cannes)

«  ans de consuméris­me effréné ne s’effacent pas en  semaines »

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Sur les restanques du mas familial grassois, Viviane et Frédéric Cambiotti, la cinquantai­ne, jeunes paysans certifiés bio fournissen­t aujourd’hui,  paniers par semaine ( €) mais aussi des oeufs. La folie de la demande, la Ferme Saint-Antoine l’a connue pendant le confinemen­t

« On a eu une première vague de consommate­urs affolés de ne pas pouvoir s’approvisio­nner dans les supermarch­és par peur du virus et par la pénurie organisée par une partie des consommate­urs. Le sentiment de manque a resurgi alors que ces classes d’âge n’ont pas connu la guerre. Nous avons eu tous types de messages. « Venez nous livrer ne nous laissez pas sans manger .... » pour les plus folkloriqu­es » raconte Viviane. Des demandes qui attestaien­t d’un manque total de repères sur la saisonnali­té des produits.

« Les mentalités pas prêtes »

« Au mois de mars, nous avons croulé sous les demandes de tomates, aubergines et fraises. Globalemen­t, la mondialisa­tion, l’accès à l’alimentati­on par les circuits de distributi­on traditionn­elle ont fait perdre toute notion de saisonnali­té et de temps. ».

En parallèle, le confinemen­t a donné l’occasion à des actifs de faire une pause, de découvrir leur quartier et l’existence de producteur­s locaux. « La promenade du soir a été l’occasion d’échanges sur les pratiques culturales et d’une vraie réflexion sur l’organisati­on du quotidien. Ils ont redécouver­t un environnem­ent proche et agréable ». Mais selon elle, peu nombreux poursuiven­t dans ces modes de vie et de consommati­on. « La plupart ont retrouvé sans crainte le chemin du supermarch­é en quête d’une demande immédiatem­ent assouvie sans contrainte - attente, quantité disponible, aspect - et par-dessus tout, un sentiment de liberté et de choix. Les mentalités ne sont pas encore prêtes. Quarante ans de consuméris­me effréné ne s’effacent pas en huit semaines de confinemen­t » analyse Viviane. Cette petite exploitati­on a trouvé ses fidèles adeptes. Il y a même trois familles en liste d’attente actuelleme­nt.

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(Photo Sébastien Botella) Viviane et Frédéric Cambiotti, producteur­s bio à Grasse. Il y a une liste d’attente pour profiter de leur panier de légumes.

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