Page après page, les sites antiques se dévoilent
Les vacances chez soi ou presque sont l’occasion de découvrir ou mieux redécouvrir les trésors qui nous entourent. Allier voyages dans des paysages actuels et transfert dans un lointain passé, celui des hommes de la Protohistoire et de l’Antiquité : c’est ce que propose Le guide des sites antiques Provence Alpes-Côte-d’Azur qui vient de paraître aux éditions Mémoires millénaires.
L’ouvrage, signé par trois auteurs, grands spécialistes du patrimoine, dont Eric Delaval, actuel conservateur du musée d’archéologie d’Antibes, met en lumière soixante-cinq sites de la région. Très connus, méconnus, insolites... Dans tous les cas, de véritables coups de coeur, très détaillés, avec photos et éléments pratiques pour se rendre sur place. Antibes ou plutôt Antipolis est largement à l’honneur avec pas moins de six lieux sélectionnés. Il y a bien sûr la ville antique elle-même et son étonnant passé : de l’oppidum ligure à Antipolis, la colonie de Marseille, en passant par la cité de la Gaule Narbonnaise et la ville romaine. Histoire surgie des différentes fouilles archéologiques, dont la plus récente, à l’occasion de l’aménagement du parking souterrain du Pré-des-Pêcheurs, sur le port, a permis de mettre au jour les restes bien conservés d’un navire antique (II-IIIe siècles). Seul regret : il n’est pas fait mention du devenir de cette découverte. Logiquement, le site du musée d’archéologie niché dans le bastion Saint-André, inséré dans les remparts, constitue la deuxième étape de ce retour vers le passé. On y retrouve l’essentiel des objets issus des fouilles à travers la cité et au-delà. Les deux aqueducs qui alimentaient Antipolis sont largement décrits. Quelle ville peut se targuer de posséder deux de ces impressionnants ouvrages romains ? Première visite à celui dit de Fontvieille, dont les vestiges encore visibles, hélas, sont rares et en mauvais état. L’eau était captée dans la plaine de la Brague et acheminée jusque sur le port. Des tronçons ont disparu lors de l’urbanisation de la ville. Le guide rappelle que grâce au travail de repérage puis de restauration entrepris par le brigadier du roi Louis d’Aguilllon, à partir de la fin du XVIIIe siècle, « l’adduction a fonctionné jusqu’à l’aube du XXe siècle et un tronçon aurait même été maintenu en service dans le réseau d’eau potable jusqu’en 2003 ! »
Le guide précise plusieurs endroits où l’on peut, encore, apercevoir des segments de l’ouvrage.
L’aqueduc de la Bouillide, lui, offre encore à la vue des arches et des ponts. Deux sont d’ailleurs inscrits aux monuments historiques. Mais pour combien de temps ? Depuis de longues années, les amoureux de ce patrimoine, qui se situe dans le parc de la Valmasque, sur plusieurs communes, tirent la sonnette d’alarme sur l’état inquiétant des vestiges. Dont Paul Garczynski, archéologue au CNRS, aujourd’hui disparu, qui avec Jean Foucras, «a étudié le monument de façon exhaustive. »
Bonne nouvelle, l’ouvrage précise que « des travaux devraient prochainement intervenir afin de restaurer et mettre en valeur l’aqueduc et ses trois ouvrages d’art, aujourd’hui sérieusement menacés. »
Encourdoules et Vaugrenier
Autre site qui se dégrade lentement, mais attend toujours, lui, une protection et une mise en valeur : l’oppidum et l’agglomération antique des Encourdoules, sur les hauteurs de Vallauris. Des fouilles ont révélé la présence de vestiges d’un petit oppidum ligure et ceux d’un village gallo-roman, sur deux hectares. Ici, on pressait les raisins pour le vin et les olives pour l’huile. On peut encore admirer les vestiges de la porte d’entrée de ce qui fut un chef-lieu. Plus à l’Est, au bord de la mer, des fouilles ont révélé une autre agglomération dépendante d’Antipolis : celle de Vaugrenier. Ici passait la via Aurelia et un temple a été construit dans les années 12-13 avant J.-C. On peut encore voir une partie du mur d’enceinte.
Le site aurait également pu être le théâtre, en l’an 69 de notre ère, d’une grande bataille entre les troupes d’Othon et de Vitellius, prétendant au trône impérial. Une hypothèse qui en fait rêver plus d’un !
Le guide des sites antiques provenceAlpes-Côte d’Azur, par Marc Bouiron, Eric Delaval et Catherine Dureuil-Bourachau. Éditions Mémoires Millénaires. 19 euros.