Nice-Matin (Cannes)

Régénérer les cellules productric­es d’insuline

Déjà testé avec succès chez l’animal et sur des tissus humains, le candidatmé­dicament trouvé par le Dr Patrick Collombat suscite l’intérêt d’investisse­urs prestigieu­x

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Patrick Collombat. Son nom est désormais indissocia­ble de la recherche sur le diabète. Ce scientifiq­ue niçois à la renommée internatio­nale a réalisé au cours des dix dernières années, des travaux dont les plus grands noms dans le domaine de la maladie, s’accordent à reconnaîtr­e qu’ils révolution­neront à terme le traitement du diabète. Une pathologie qui affectait 463 millions d’adultes à travers le monde en 2019. Et causait la même année, 4,2 millions de décès. Parmi ces malades, 18 millions souffrent de diabète de type 1, dit insulino dépendant. Une pathologie auto-immune dans laquelle les cellules qui produisent l’insuline (cellules béta des îlots de Langerhans) sont détruites par le système immunitair­e de l’organisme. Ces cellules pancréatiq­ues ne produisant plus la précieuse hormone chargée de réguler le taux de sucre dans le sang, la vie de ces malades est suspendue aux injections d’insuline. Chercheur infatigabl­e, Patrick Collombat s’est fixé depuis des années un objectif : libérer les diabétique­s de cette dépendance à l’insuline. « Notre objectif est de découvrir et de développer une molécule candidate qui régénère les cellules pancréatiq­ues productric­es d’insuline chez les patients diabétique­s. Ce qui offre des avantages manifestes en termes de qualité de vie et de survie. » Un projet déjà bien avancé, mais dont Patrick Collombat ne peut que nous décrire les grandes lignes, du fait des brevets en jeu. « Nous avons déjà trouvé une protéine recombinan­te qui, lorsqu’elle est injectée à la souris diabétique (modèle d’étude) est capable de régénérer les cellules productric­es d’insuline (cellules bêta) et sauver ainsi d’une mort certaine l’animal. Des études en parallèle ont été conduites sur des tissus pancréatiq­ues humains prélevés chez des personnes en état de mort cérébrale ; elles ont confirmé l’efficacité de cette protéine ». Une première mondiale. Le projet que Patrick Collombat décrit lui-même comme très enthousias­mant et qui a emporté l’adhésion d’investisse­urs prestigieu­x [lire encadré].

D’ici  à  ans, les candidats-médicament­s

Reste une question fondamenta­le : si ce médicament venait à voir le jour, serait-il proposé de façon chronique ? « Personne au monde ne sait ce qui se passerait si on refabriqua­it chez la personne diabétique des cellules productric­es d’insuline. L’organisme du malade les détruirait-il à nouveau ? Et dans quel délai ? Des mois, plusieurs années ? » , répond

le Dr Patrick Collombat.

Forte des fonds qui lui ont été alloués, la start-up créée par le chercheur niçois, va aller plus loin, en testant différente­s formes de cette protéine, mais aussi divers modes d’administra­tion. « D’ici 2 à 3 ans, nous devrions disposer des premiers candidats médicament­s », annonce le scientifiq­ue. Des mots prudemment posés, sachant les attentes immenses des millions de malades suspendus à l’avancée de ces recherches.

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Le Dr Collombat et son équipe, Anna Garido Utrilla, Marika Elsa Friano et Tziana Napolitano. (DR)

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