Nice-Matin (Cannes)

Abstention record et vague verte

Plusieurs villes majeures, dont Lyon et Bordeaux, ont basculé hier soir dans le giron des Verts. LREM a raté ce scrutin, qui conforte globalemen­t la mainmise de LR sur les communes françaises

- THIERRY PRUDHON

Il était certes candidat sans étiquette. Édouard Philippe n’en est pas moins le cache-misère de LREM et de l’exécutif à l’issue de ces municipale­s. La nette confiance que lui ont accordée les Havrais édulcore symbolique­ment l’échec cuisant des marcheurs dans ce scrutin intenable pour eux, faute d’ancrage local. Comme toujours, de tous les côtés de l’échiquier politique, chacun trouvait hier soir matière à se réjouir, avec plus ou moins de pertinence.

La République en marche dans les choux

La République en marche savait, dès l’automne, que ces municipale­s ne seraient pas une sinécure. Elles ont, de fait, viré à la tannée. Le contexte national délicat et la gestion critiquée de l’épidémie n’ont fait que rajouter à une campagne qui est allée de Charybde en Scylla. Benjamin Griveaux puis Agnès Buzyn ont plombé l’espoir majeur du parti présidenti­el, la capitale, tandis que les bisbilles lyonnaises puis la tentative maladroite de Gérard Collomb de sauver les meubles ont achevé de discrédite­r la soi-disant façon de faire de la politique autrement. À l’arrivée, la défaite, plus cuisante que prévu, vient singulière­ment compliquer la troisième partie du quinquenna­t d’Emmanuel Macron.

Poussée verte dans plusieurs grandes villes

Parce qu’ils détenaient peu de mairies jusqu’ici, hormis Grenoble, les écologiste­s peuvent légitimeme­nt pavoiser. Ils ont effectué hier soir une percée significat­ive, en forme même de coup de tonnerre dans plusieurs grandes villes gagnées : Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Poitiers, Tours, tandis que Lille a été ratée d’un cheveu. Ce n’est pas rien ! Dans la perspectiv­e de la présidenti­elle 2022 et d’une crédibilit­é nationale à démontrer, leur gestion va désormais être scrutée à la loupe durant deux ans.

Une France des communes qui reste à droite

Cette élection, du fait d’un grand nombre d’élus sortants, devait être pour Les Républicai­ns celle du renouveau. Elle l’est globalemen­t. LR a conservé la plupart de ses bastions, en a conquis quelques autres, et se retrouve aujourd’hui à la tête de près de 60 % des villes de plus de 9 000 habitants. Cette mainmise globale sur la France se teinte toutefois pour Les Républicai­ns de quelques revers cinglants qui entachent le tableau : les pertes de Bordeaux et

Marseille, sans compter la nette défaite de Rachida Dati à Paris, viennent ternir leur bonne tenue générale.

Perpignan, nouveau vaisseau amiral du RN

Scrutin plutôt favorable pour le Rassemblem­ent national au plan hexagonal. Il a conservé, souvent dès le premier tour comme à Fréjus, la plupart de ses bastions conquis en 2014. Hier, Louis Aliot a opéré la prise symbolique de Perpignan, ville de plus de 120 000 habitants qui va devenir du même coup le navire municipal amiral du parti. Bruay-la-Buissière, dans le Pas-de-Calais, Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, sont aussi tombés dans l’escarcelle du RN qui, en revanche, a perdu Le Luc dans le Var.

Le PS se refait une santé

Le PS, à une moindre échelle, est dans la même situation que LR. Ces municipale­s lui ont permis de conserver de multiples mairies (Paris, Lille, Nantes, Rennes, Dijon, Montpellie­r, notamment) et d’en gagner quelques autres comme Nancy. La difficulté, pour la gauche socialiste, étant aujourd’hui de réussir à parler d’égal à égal avec des Verts qui ont le vent en poupe.

 ??  ?? À Bordeaux, l’écologiste Pierre Hurmic, à la tête d’une liste d’union de la gauche, a fait tomber un fief historique de la droite. (Photo AFP)
À Bordeaux, l’écologiste Pierre Hurmic, à la tête d’une liste d’union de la gauche, a fait tomber un fief historique de la droite. (Photo AFP)
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