Les Alpes-Maritimes campent à droite
LR, malgré la perte de Vallauris, conserve son hégémonie sur la quasi-totalité des villes azuréennes. Plusieurs cités moyennes ont basculé, Valbonne en particulier se choisissant un maire écologisant
Sans surprise, l’abstention aura donc de nouveau chloroformé ce second tour des municipales. Elle a atteint hier 64,71 % dans les Alpes-Maritimes. A-t-elle, pour autant, changé la face du scrutin, comme le déplorent certains, à gauche, à LREM et au RN ? L’abstention et le confinement, en tout cas, n’auront pas totalement profité, comme on tendait à le croire, aux maires sortants. La tendance à faire confiance aux élus en place avait imprégné le premier tour (lire page cicontre). L’activisme sanitaire n’aura toutefois pas permis à plusieurs maires en difficulté à l’issue du premier tour de se refaire une santé. Les alliances de circonstances, pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être, ont de surcroît été majoritairement sanctionnées par les électeurs. Ce second tour aura ainsi accouché d’un renouvellement non négligeable, les communes de Vallauris, Vence, Valbonne, Carros, Sospel, Saint-Jeannet, entre autres, changeant de tête.
1 Les Républicains maintiennent leur large domination
Nice, Cannes, Antibes, Grasse, Cagnes, Le Cannet, Vallauris, Saint-Laurent-du-Var, Menton, Mandelieu, Mougins… Les onze premières villes du département, par leur population, étaient dirigées par des maires LR avant ces municipales. Dix vont continuer à l’être pour six ans encore, après la perte hier de Vallauris et Peymeinade. L’hégémonie de la droite, qui en parallèle a reconquis Vence et Biot (lire par ailleurs), s’incarne en outre dans de nombreuses autres communes de taille moyenne.
2 Vers un carton plein de la droite aux sénatoriales
Du fait de scores plus élevés qu’en 2014, les candidats de la droite font aussi rentrer mathématiquement davantage de leurs colistiers dans les conseils municipaux. Cela n’aura pas qu’une incidence locale. Le 27 septembre, se dérouleront les élections sénatoriales, au cours desquelles seront renouvelés les cinq sénateurs maralpins. Quatre sont aujourd’hui LR, le cinquième socialiste. Au regard de ces élections municipales, qui vont renforcer le bataillon des grands électeurs de droite, celle-ci pourra cette fois viser le grand chelem sans trembler fin septembre, 50 des 54 conseillers départementaux lui étant également acquis. Autant dire que les places seront chères sur la liste LR appelée à être conduite par Dominique Estrosi-Sassone, les postulants étant déjà nombreux… Faute d’adversaires extérieurs, cette situation de domination sans partage pourrait même générer une liste parallèle des déçus écartés de la liste officielle de droite…
3 La gauche perd des conseillers municipaux
La gauche, comme prévu, sort quant à elle un peu plus essorée encore de ce scrutin. Elle porte encore fier dans la vallée du
Paillon, où le PCF a conservé ses bastions de Contes et Touët-del’Escarène, tandis que Ladislas Polski (MRC) a conquis La Trinité. Mais dans la quasi-totalité des villes, elle recule en nombre de sièges, corollaire des scores écrasants de plusieurs maires sortants LR. Son échec le plus significatif et le plus visible s’affiche à Nice où, faute d’entente entre ses diverses composantes, elle sera totalement absente du conseil municipal durant les six prochaines années.
4 Les écologistes font un petit nid dans les conseils
Dans les assemblées locales, ce sont les verts, d’obédiences diverses, qui porteront souvent la voix de l’opposition désormais. Ils n’ont
cependant pas la même cote dans les Alpes-Maritimes qu’ailleurs en France : ils n’y ont conquis aucune ville sous leur bannière, même si le nouveau maire de Valbonne, Joseph Cesaro, est écologisant, tout comme celui de Mouans-Sartoux, Pierre Aschieri, réélu dès le 1er tour. En revanche, ils s’implantent dans plusieurs conseils municipaux, en nombre raisonnable pour y faire entendre leur voix d’opposants.
5 Toujours aucune municipalité pour le RN
Cette élection, enfin, aura marqué un coup d’arrêt pour le RN, dont les résultats sont décevants. Il espérait, sans le crier sur les toits, mettre le grappin sur une à trois communes. Vallauris et La Trinité
étaient notamment dans son viseur. A La Trinité, son candidat a obtenu 16,93 % et, hier à Vallauris, Lionel Tivoli, patron départemental du parti, a dû se contenter de 8,98 %, tandis qu’à Nice, Philippe Vardon est resté dans les mêmes eaux que Marie-Christine Arnautu (21,10 %) lors de la quadrangulaire de 2014. La seule consolation du RN est de voir que La République en marche doit plus encore se contenter de miettes dans le département. Elle a glané quelques conseillers municipaux par-ci, par là, pas davantage, grâce à des alliances à droite. Elle savait il est vrai à quoi s’en tenir d’entrée, faute d’avoir été en mesure d’aller à la bataille sous ses couleurs.