À élection épique abstention historique
On l’attendait historique ; d’une certaine manière, elle n’a pas déçu. En flirtant avec les %, l’abstention sort encore grande gagnante d’une soirée électorale. Au premier tour des municipales, elle s’élevait à , % ; hier, seuls quatre Français sur dix sont allés voter. « Vingt points d’écart par rapport aux autres élections municipales, ça dit la difficulté démocratique à laquelle on est exposé », estime Florian Silnicki, expert en communication de crise. La participation le mars avait été plombée par l’urgence sanitaire et l’imminence du confinement. Quinze semaines plus tard, l’épidémie a beau être au plus bas en France, « une part de l’opinion publique n’a pas été rassurée et ne s’est pas déplacée pour ne pas s’exposer ». Au-delà de la peur, bien moins justifiée aujourd’hui, c’est bien le temps qui a émoussé l’intérêt des électeurs. Cette campagne d’entre-deux tours aura été la plus longue de l’Histoire. La plus inaudible, aussi, quand nombre de Français restent aux prises avec « des difficultés sanitaires, économiques et sociales », rappelle Florian Silnicki. «Les campagnes qui s’éternisent dans le temps aggravent les difficultés des candidats pour attirer les Français aux urnes. »
« Ramener la confiance »
Pour autant, la crise du Covid- n’explique pas tout. L’élection municipale est réputée être la préférée des Français. Or, « depuis plusieurs décennies, un bloc de l’électorat s’est durablement éloigné des urnes. Et il semble très difficile de l’y ramener », remarque le communicant. Avant le virus, la crise des « Gilets jaunes » avait été le symptôme de cette « défiance dans la parole politique et publique ». Cette parole, encore aurait-il fallu la porter. Distanciation et confinement n’ont pas aidé. Certes, la campagne s’est déplacée sur les réseaux sociaux... « Mais une bonne campagne politique, c’est d’abord une campagne de terrain. Surtout pour les municipales », insiste Florian Silnicki. À son sens, la faible participation ne doit pas délégitimer les maires élus. Mais elle envoie «unmessage : une volonté de renouveau démocratique. Pour ramener de la confiance. » Et ramener ainsi les électeurs lors des prochaines élections, qu’elles soient masquées ou non.