Nice-Matin (Cannes)

À élection épique abstention historique

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

On l’attendait historique ; d’une certaine manière, elle n’a pas déçu. En flirtant avec les  %, l’abstention sort encore grande gagnante d’une soirée électorale. Au premier tour des municipale­s, elle s’élevait à , % ; hier, seuls quatre Français sur dix sont allés voter. « Vingt points d’écart par rapport aux autres élections municipale­s, ça dit la difficulté démocratiq­ue à laquelle on est exposé », estime Florian Silnicki, expert en communicat­ion de crise. La participat­ion le  mars avait été plombée par l’urgence sanitaire et l’imminence du confinemen­t. Quinze semaines plus tard, l’épidémie a beau être au plus bas en France, « une part de l’opinion publique n’a pas été rassurée et ne s’est pas déplacée pour ne pas s’exposer ». Au-delà de la peur, bien moins justifiée aujourd’hui, c’est bien le temps qui a émoussé l’intérêt des électeurs. Cette campagne d’entre-deux tours aura été la plus longue de l’Histoire. La plus inaudible, aussi, quand nombre de Français restent aux prises avec « des difficulté­s sanitaires, économique­s et sociales », rappelle Florian Silnicki. «Les campagnes qui s’éternisent dans le temps aggravent les difficulté­s des candidats pour attirer les Français aux urnes. »

« Ramener la confiance »

Pour autant, la crise du Covid- n’explique pas tout. L’élection municipale est réputée être la préférée des Français. Or, « depuis plusieurs décennies, un bloc de l’électorat s’est durablemen­t éloigné des urnes. Et il semble très difficile de l’y ramener », remarque le communican­t. Avant le virus, la crise des « Gilets jaunes » avait été le symptôme de cette « défiance dans la parole politique et publique ». Cette parole, encore aurait-il fallu la porter. Distanciat­ion et confinemen­t n’ont pas aidé. Certes, la campagne s’est déplacée sur les réseaux sociaux... « Mais une bonne campagne politique, c’est d’abord une campagne de terrain. Surtout pour les municipale­s », insiste Florian Silnicki. À son sens, la faible participat­ion ne doit pas délégitime­r les maires élus. Mais elle envoie «unmessage : une volonté de renouveau démocratiq­ue. Pour ramener de la confiance. » Et ramener ainsi les électeurs lors des prochaines élections, qu’elles soient masquées ou non.

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