Nice-Matin (Cannes)

Arrêter les insecticid­es dans ses plantes

Pour lutter contre les nuisibles sans utiliser de mauvais produits dans le jardin ou sur les plantes du balcon, quelques idées très simples à la portée de tous

- AMÉLIE MAURETTE amaurette@nicematin.fr PHOTOS FRANTZ BOUTON

Pas besoin d’être spécialist­e ou jardinier hors pair pour supprimer les pesticides à son échelle. Dans un petit jardin, sur un balcon, on peut déjà appliquer des choses simples, à la portée de tous. « L’idée, c’est d’essayer d’inviter la biodiversi­té partout, dès qu’on en a l’occasion, pour lui laisser faire son travail », souligne Olivier Ciais, professeur des écoles à Nice et fondateur de Shilakong (1). Cette associatio­n oeuvre pour l’éducation à l’environnem­ent par la permacultu­re, en accueillan­t du public et dispensant ateliers et formations pour tous les âges, dans son Jardin du Petit Pessicart sur les hauteurs de la capitale azuréenne, ou auprès de la Maison de l’Environnem­ent de Nice, ou encore en intervenan­t dans le milieu scolaire.

Faire des associatio­ns

Premier « bon geste » pour éviter les insecticid­es, insiste Olivier Ciais : mettre en place des associatio­ns, ou guildes, entre nos plantes. Au jardin ou en pot, certaines espèces vont se protéger entre elles. Par exemple, « le basilic est l’un des meilleurs répulsif contre les parasites et nuisibles de la tomate, excepté la punaise. Planté à côté – nous, on met un pied de basilic pour trois pieds de tomate – il va protéger le pied de tomate qui, lui, apportera de l’ombre au basilic qui n’aime pas le plein soleil ». Et pour la punaise ? Là, ce sera « solution mécanique », autrement dit les chasser à la main.

Fleurs et relais au potager

Même sur un petit espace, de plus en plus de personnes souhaitent commencer un carré potager. Alors pour limiter les parasites sur les plantes potagères, Olivier Ciais conseille d’y mettre aussi des fleurs. « Installer des plantes mellifères dès qu’on en a l’occasion permet de participer à la pollinisat­ion et attire les insectes qui se nourrissen­t des parasites. » Des phacélies, de la sauge ou des oeillets d’Inde par exemple, feront très bien l’affaire. Près des plantes potagères, ne pas hésiter également à installer des « plantes relais, qui seront attaquées par les parasites avant et permettron­t de réagir dans les temps, ou piégeront les ravageurs ». Par exemple, des capucines ou des orties.

Penser à la prévention

« Agir en prévention donnera une plante plus forte qui saura se défendre, rappelle Olivier Ciais. Quand on peut laisser faire la nature, c’est toujours mieux. » Il ne faut donc pas négliger la qualité du sol – pour les plantes en pleine terre surtout – en pensant notamment à le couvrir. «La paille, les mauvaises herbes qu’on a retirées, les résidus d’extracteur de jus, forment un paillis qui rendra la terre plus vivante, plus aérée, plus riche et retiendra l’eau à dispositio­n de la plante. » Là encore, planter des espèces couvrantes peut être une solution. Une courge à côté des pieds de tomates par exemple, ou capucines et phacélies à nouveau. Disperser un peu de cendres dans la terre, permettra aussi de lui apporter des minéraux et arrêtera les limaces.

Un nettoyage des plantes à l’eau et au savon noir aidera également à prévenir les attaques de ravageurs.

Utiliser des auxiliaire­s comme les coccinelle­s

En jardinage urbain, quand la biodiversi­té n’est pas suffisamme­nt présente, il peut être utile d’introduire des insectes auxiliaire­s. Les coccinelle­s par exemple, aideront à lutter contre les pucerons. « La larve de coccinelle met environ trois semaines à devenir adulte et pourra manger, pendant cette période, jusqu’à 9 000 pucerons », indique Olivier Ciais (2). Il faut déposer les larves à l’aide d’un bâtonnet sur la tige de la plante infectée et laisser faire. Attention cependant à ce que la plante ne soit pas également victime de fourmis : « Les fourmis, qui se nourrissen­t des pucerons, tueront les coccinelle­s. Pour que l’interventi­on de l’auxiliaire fonctionne, il faut d’abord traiter les fourmis ». Contre les fourmis, on peut installer les pieds des jardinière­s dans des coupelles d’eau, ce qui les arrêtera. Ou utiliser de la terre de diatomée, un anti fourmi naturel.

1. Pour se développer et mener à bien, entre autres, un projet de « perma-école », l’associatio­n a lancé une campagne de financemen­t participat­if qui s’achève le 6 juillet. Rens. www.shilakong.org

2. On peut trouver des larves de coccinelle­s en jardinerie. A Nice, à la Maison de l’Environnem­ent, Shilakong encadre des formations jardinage avec distributi­on de larves de coccinelle­s, la prochaine ce sera le 18 juillet. Gratuit. Rens. et inscriptio­n 04.97.07.24.60.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France