Presbytère de Saint-Tropez : seul l’inventeur du trésor reste mis en cause
Le propriétaire et l’entrepreneur ont, en revanche, retiré la plainte qu’ils avaient déposée contre la Ville dans l’affaire des pierres précieuses trouvées sur le chantier, en janvier dernier
On se souvient de cette rocambolesque affaire qui a défrayé la chronique tropézienne, au début de cette année 2020 : le trésor du presbytère de la rue Gambetta. Un trésor fait de pierres précieuses, trouvé dans les décombres d’une cheminée, à l’occasion de la démolition de l’immeuble, promis à devenir un centre commercial, et qui n’a, depuis sa mise au jour, apporté qu’interrogations sans suite, déconvenues, vol et plaintes. L’origine de la manne lapidaire n’a en effet pas encore pu être déterminée et ne le pourra peut-être jamais. D’où vient-elle, de quand datent les pierres, qui les a dissimulées et pourquoi, dans une des cheminées du presbytère ? Le mystère reste complet. Il se dit qu’elles pourraient être indiennes. Certains ont évoqué la princesse Banou Pan dei, épouse du général Allard au XIXe siècle, qui les aurait données à la paroisse pour la couronne du saint. D’autres parlent d’un prêtre indou, venu à Saint-Tropez dans les années 90 et qui aurait offert les pierres pour les mêmes raisons, sans que celles-ci soient acceptées.
Rien ne vient, en tout cas, justifier qu’elles aient été dissimulées dans des boîtes à cigares et « oubliées », lorsque le presbytère a été vidé, après sa vente.
Rebondissements
Reste que leur découverte, lors de la mise à bas du bâtiment, a entraîné une cascade d’actions erratiques et inappropriées, qui ont conduit les protagonistes devant les tribunaux. Étrange pour un trésor, qui selon les spécialistes, n’a aucune valeur ! Rappelons que le presbytère, rue Gambetta, a été vendu par l’évêché,
L’intérêt général a choisi sa banque à un homme d’affaires belge, Patrick Huon, spécialisé dans les centres commerciaux.
En janvier, c’est un ouvrier intérimaire, Lakhdar Haidra, qui a donc découvert dans les recoins d’une cheminée, des boîtes contenant de très nombreuses pierres précieuses. De là a découlé l’extravagante aventure à rebondissements qui a abouti, en février, à la mise en cause judiciaire de l’ouvrier mais également de la Ville, qui s’était mêlée de faire expertiser les pierres. En effet, l’inventeur du trésor a connu une mésaventure qui l’a conduit à porter plainte pour vol avant d’être redirigé par les gendarmes vers la mairie pour y trouver une assistance. Car, avant de faire part de sa découverte à son patron, M. Haidra avait voulu faire expertiser une partie des pierres et parmi elles, un diamant. Mais Lakhdar Hidra aurait été abusé. Le diamant n’était plus avec les autres pierres quand on les lui a rendues, dans le cabinet de l’avocat auprès de qui il avait pris conseil à Saint-Raphaël. M. Haidra a donc porté plainte pour vol auprès de la gendarmerie de Saint-Tropez. C’est alors que les militaires l’ont engagé à se tourner vers la mairie. Laquelle l’a redirigé vers un artisan bijoutier local. Ce dernier a rendu un verdict sévère, donnant une valeur nulle aux pierres (rubis, émeraudes, saphirs, manifestement anciens et non pures), mais fort nombreuses. Allait-on en rester là pour une découverte à valeur équivalente à zéro ? Et non. C’est alors que M. Huon, à travers sa société « SaintTropez Invest », et la société de travaux Eiffage, ont eux aussi porter plainte, contre M. Haidra et contre la Ville de Saint-Tropez, pour détournement de pierres précieuses.
Les plaignants accusent M. Haidra de vol et impliquaient la commune en ce qu’elle lui était venue en aide. Une audience en référé du 4 mars dernier a permis de dénouer l’affaire concernant la commune. Les plaignants se sont désistés de toutes leurs demandes à l’encontre de celleci. « Ils ont finalement bien compris que nous avions fait les choses dans les règles, avec, dans le cadre de la découverte d’un trésor, une lettre informative à la préfecture. Pour nous l’affaire est donc close », commente le directeur général des services de la ville, Henri-Paul Ruiz.
Une audience en juillet
Mais rien n’est encore réglé pour Lakhdar Haidra qui doit comparaître en juillet, au pénal, à Draguignan. L’homme, qui comptait au départ donner les pierres à la Ville de SaintTropez, a finalement tout fait disparaître en attendant « qu’on lui rende justice », puisqu’il affirme avoir luimême été volé.
Gros comme un pois chiche, le « Yunkunkunet tropézien » n’a donc pas fini de faire parler de lui.