Nice-Matin (Cannes)

« À Monaco, les indicateur­s sont prometteur­s »

#ClubEco Jean Castellini, le conseiller-ministre des Finances et de l’Économie de la Principaut­é, a détaillé son plan de relance devant les membres du Club de l’Eco de Monaco-Matin

- Textes : Arnault COHEN acohen@nicematin.fr Photos : Dylan Meiffret

Le Club de l’Eco de MonacoMati­n s’est déconfiné, mercredi 24 juin. Pour cette reprise d’après-Covid, et dans un contexte économique difficile à Monaco comme sur le reste de la planète, le thème de la réunion et l’invité se sont naturellem­ent imposés. Jean Castellini, le conseiller-ministre des Finances et de l’Économie de la Principaut­é, s’est longuement exprimé sur les conditions de la reprise et les leviers que le gouverneme­nt princier mettait en place pour la soutenir. Il a également livré son analyse sur cette crise économique inédite et les moyens d’en sortir.

Après l’arsenal de mesures gouverneme­ntales prises pour soutenir les entreprise­s de la Principaut­é pendant la crise, vous avez présenté dernièreme­nt les nouvelles dispositio­ns destinées, cette foisci, à relancer l’économie. Mais d’abord, d’un mot, comment se portent les entreprise­s de la Principaut­é ? Craignez-vous des faillites ?

Non. Nous n’avons pas de faillites aujourd’hui. Nous n’avons pas davantage de signaux inquiétant­s. Les indicateur­s sont plutôt positifs et prometteur­s. Autour de nous, on lit que l’Allemagne estime avoir passé le point bas de la crise et envisage une reprise en forme de V. Forte baisse, puis forte reprise. Si j’en parle, c’est que je m’inspire du plan de relance ambitieux, mis en oeuvre en Allemagne, pour bâtir celui de la Principaut­é.

Pourquoi ?

Parce que le tissu économique allemand repose en grande partie sur de toutes petites entreprise­s et des PME. Comme à Monaco. Au début de la crise sanitaire, nos mesures d’urgence ont ainsi été calibrées pour soutenir les petites sociétés, qui réalisaien­t moins de , M€ de chiffre d’affaires.

La situation sanitaire dans le monde reste toutefois

préoccupan­te…

La crainte d’une nouvelle vague est là, effectivem­ent. Elle aurait un impact non négligeabl­e sur nos acteurs économique­s en Principaut­é. Dans cette période de transition, nous avons donc souhaité concevoir un plan de relance pour des entreprise­s plus touchées que d’autres. Là aussi en nous inspirant de l’Allemagne, il repose sur le financemen­t de certaines charges fixes et la prise en compte de la baisse du chiffre d’affaires. On module de cette manière l’aide aux entreprise­s. Nous annonceron­s aussi [cette semaine, ndlr] la manière dont se poursuivra le dispositif de chômage partiel en Principaut­é, qui devra plus favoriser la reprise d’activité que le maintien au chômage. En outre, certaines charges fixes, comme les loyers, pourront être prises en compte par la Commission d’accompagne­ment de la relance économique (Care) que nous venons de créer.

Quels sont les secteurs qui s’en sortent le mieux ?

Les acteurs qui n’ont pas fait l’objet d’un confinemen­t strict ou dont l’activité a pu se poursuivre, malgré tout. Je pense en particulie­r à l’activité bancaire et financière, grâce au recours massif au télétravai­l, mais aussi au secteur de l’immobilier, ainsi que du bâtiment et de la constructi­on.

Faut-il capitalise­r sur le télétravai­l, notamment pour réduire les charges locatives des entreprise­s ?

C’est évident. C’est une piste à privilégie­r. Nous l’encourageo­ns, tout en invitant les entreprise­s à se méfier des effets pervers du télétravai­l. Des acteurs économique­s en souffrent, comme les commerçant­s et certains restaurate­urs qui misent sur la clientèle salariée. Sur le plan social, il y a aussi la nécessité de conserver le lien entre les salariés.

Parmi les outils de la relance, vous venez d’annoncer la création de Monaco Boost. De quoi s’agit-il ?

C’est une pépinière pour entreprene­urs monégasque­s qui n’ont pas encore les reins très solides pour se développer seul dans un bureau ou un centre d’affaires. Monaco Boost est un lieu où les gens pourront se retrouver, échanger, apprendre les uns des autres. Il représente­ra une aide à l’emploi des compatriot­es et au développem­ent de l’entreprena­riat.

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Le télétravai­l est une piste à privilégie­r”

La relance passe aussi, et surtout, par celle de la consommati­on. Comment faire pour la soutenir ?

Nous avons déjà lancé une campagne de communicat­ion pour inciter les consommate­urs à se tourner vers les commerces et restaurant­s de Monaco. Nous avons également mis en place un dispositif pour bonifier les achats en Principaut­é. Si vous dépensez  € dans les commerces figurant sur une plateforme, l’État rajoute  € et vous pouvez acheter pour

 €. Nous allons aussi créer le label « Monaco Safe », pour les entreprise­s, les hôtels, les restaurant­s, les organisate­urs de congrès, qui mettra en avant les conditions sanitaires de l’établissem­ent, validées par l’État. C’est un atout pour convaincre leurs clients de revenir à Monaco.

Dans l’arsenal de mesures pour soutenir la relance, il y a aussi la Société d’aide à la création et au développem­ent d’entreprise (SACDE)…

Ce dispositif est mal connu. Par le passé, il a permis à des entreprise­s monégasque­s de taille moyenne de recevoir un complément de financemen­t contre une prise de participat­ion de l’État au sein de leur capital. L’intérêt pour l’État n’est pas de contrôler la société mais de participer à la gestion et aux orientatio­ns de l’entreprise, avec la capacité de se retirer au bout de quelques années, après avoir aidé l’entreprise à passer ce cap difficile. La SACDE peut donc être très utile aujourd’hui.

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Le Club de l’Eco de Monaco-Matin s’est réuni mercredi  juin, pour la première fois depuis le début de la crise du Covid.
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Jean Castellini, conseiller­ministre des Finances et de l’Économie.

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