PRÊTS À DIRIGER
Le nouveau maire de Vallauris-Golfe-Juan se confie au lendemain de sa victoire face à la sortante, Michelle Salucki. Ses projets, sa vision et les objectifs qu’il s’est fixés pour les six ans
Élu avec 35,44 % des voix dimanche à Vallauris-GolfeJuan, Kevin Luciano l’annonce : il compte bien faire table rase du mandat de sa prédécesseur, Michelle Salucki. Mais qui est-il ? Âgé de 38 ans et né à Cannes, il met en exergue son lien avec la commune, en répétant notamment avoir assumé dans sa jeunesse des jobs d’été à l’office de tourisme. Aujourd’hui marié et père de deux petits garçons (l’un né en 2017, le second en 2020), sa carte de visite professionnelle est plutôt bien remplie. Si l’on souhaite être exhaustif, cela donnerait : « Enseignant-chercheur des facultés de droit ; maître de conférences à l’Université Nice-Sophia Antipolis ; Docteur en droit de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne ; avocat ; consultant en droit international et droit des affaires ». Comment s’est-il fait connaître du grand public ? En s’investissant dans la vie associative. En prenant, notamment, la présidence de l’association de Défense et de Valorisation du Patrimoine de Vallauris-GolfeJuan (ADVPVG). Si en 2017, il présentait cette entité comme « apolitique », le responsable est passé de l’achat de céramiques de JeanMarais à… une pétition contre le projet saluckien de Nature en ville. Avant de devenir le nouveau maire de la cité des Potiers pour les six ans à venir.
Au lendemain de votre victoire, quel est votre sentiment ?
Un sentiment de joie. Je suis profondément heureux pour moimême, pour mon équipe, pour toutes celles et tous ceux qui nous ont soutenus. Mais en même temps, j’ai un sentiment de devoir à accomplir avec la conscience qu’il y a une tâche immense devant nous.
Vous avez déclaré : « Je serai le maire de tous ? » Ne pensez-vous pas que cette campagne va laisser des traces ?
Des traces… [Il marque une pause] La campagne a laissé des traces dans l’esprit des gens et quelque part, cette façon dont la campagne a été menée, a un peu accrédité cette thèse du « tous pourris ». Si mes adversaires n’avaient pas baissé le niveau de la campagne comme ils l’ont fait on aurait sans doute eu davantage de participation. Je regrette que l’abstention ait été aussi forte.
Nous avons évoqué une campagne de caniveau notamment à cause des comportements sur les réseaux sociaux...
Il y a notamment de faux profils qui insultent les gens depuis de nombreuses années maintenant. Je demanderai d’ailleurs au Parquet d’être vigilant et de mener une enquête. Il y a eu plusieurs plaintes et elles n’ont jamais abouti. Avec une volonté politique, elle devrait aboutir. Je l’espère en tout cas.
Comment comptez-vous vous y prendre pour rassembler ?
Il faut des fêtes, des animations, que les manifestations fonctionnement bien. Il faut réinstaurer cet esprit de village qui anime Vallauris et Golfe-Juan. Il faut qu’à nouveau les gens se parlent, qu’ils échangent lors de moments de communion que ce soit dans le sport, dans la culture, etc. C’est ce qui a manqué pendant les six dernières années.
Quand on voit la réaction de Madame Salucki (1 )onsedit que cela va être difficile ?
Madame Salucki a dit qu’elle se retirait de la vie municipale. Le problème n’est pas Madame Salucki, Monsieur Tivoli ou Monsieur Luciano. Le maire doit tendre la main à tous les Vallauriens et tous les GolfeJuannais. Je respecterai mon opposition. Leurs électeurs doivent être respectés.
Il serait dommage de voir la campagne se poursuivre en conseil ?
Il en est hors de question ! On n’est pas là pour continuer à se faire la guerre. Mon but est que la ville aille mieux. Que l’on y vive bien. Que la relance économique soit réalisée, que le cadre de vie soit embelli, que l’environnement soit protégé.
Quelle sera votre première décision de maire ?
Faire un audit sur les comptes parce que Madame Salucki n’a pas voté de budget. On va devoir le faire en juillet. Il faut donc que l’on ait une vision exacte de la réalité.
Quels sont vos grands projets et quelle sera votre priorité ?
Les grands chantiers sont prévus dans la durée des six ans. Il va falloir reprendre complètement le projet Coeur de ville qui nous permettra, je l’espère, de relancer ce coeur de ville qui est sinistré.
La propreté ?
C’est une priorité absolue ! Quand on voit l’état de la ville s’est insupportable. C’est quelque chose qui peut être mis rapidement en place. Il y aura une police de l’environnement. L’idée sera aussi d’utiliser les caméras nomades pour intervenir le plus rapidement.
Vous aviez évoqué une médiathèque, une coulée verte…
La médiathèque est du ressort de la Casa. On se doit d’avoir de l’ambition pour la jeunesse et pour les familles. La coulée verte ? L’idée n’est pas de faire quelque chose d’aussi aménagé qu’à Nice, mais de réaliser un trait d’union entre Vallauris et Golfe-Juan, qu’il soit le plus naturelle possible.
Il y aura des enjeux importants à porter au sein de la Casa ?
En effet, on vient d’évoquer la médiathèque, il y aura aussi Madoura, mais un des gros enjeux est l’action sur les bassins de rétention. Il faut absolument que la sécurisation des personnes de notre commune soit réalisée.
Vous vous êtes farouchement opposé au projet Nature en ville. Vous allez faire quoi ?
Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour arrêter ce projet. Ce sera compliqué mais on se doit de se battre pour y arriver. Avant de bétonner un espace naturel où l’on pourrait faire un jardin, on envisage plutôt l’hypothèse de réhabiliter certains logements. Et ainsi de faire des logements sociaux.
Prévoyez-vous un espace pour le patrimoine local ?
Je souhaite rouvrir un musée Jean-Marais. Un musée qui serait mixte avec la partie vallaurienne de Jean-Marais, mais aussi avec sa partie cinéma. Cela nous permettrait de faire venir du monde. En remettant le musée Jean-Marais en bas de la ville et l’office de tourisme en entrée de cité, on recréerait immédiatement de la circulation en ville.
Le Château Robert ?
C’est un trésor. L’idée serait de trouver un investisseur privé qui aurait un projet en accord avec la municipalité. On a dans l’idée aussi de faire une « ceinture verte ». Un parcours qui partirait du bord de mer et qui irait jusqu’à la Valmasque. Le château Robert serait donc un lieu de passage.
Votre position par rapport à la déviation de l’ex RN même si c’est un projet départemental...
Mon sentiment ? J’étais contre au départ. Dans la vie on peut se tromper : le premier tronçon a été une bonne chose, il a changé la ville. Désormais, il ne serait pas cohérent de ne pas terminer ce projet. Il est évident que l’on préfère voir pousser des arbres plutôt qu’une route. Je pense que maintenant ce projet, il faut le finir. Il va permettre de réhabiliter l’ex-N, il va soulager tous les riverains des axes adjacents. Ce sera même un petit soulagement du point de vue de Saint-Bernard.
Comment imaginez-vous la ville dans six ans ?
Je la vois plus apaisée, plus rassemblée. Je la vois avec un cadre de vie qui sera amélioré, avec une activité économique en bien meilleure santé et une situation financière améliorée. Et si ce n’est pas le cas, je ne repartirai pas ! 1. « Les gens ont voté pour le pire. Je n’ai aucun respect ni aucune estime pour quelqu’un qui m’a insulté et a beaucoup menti pendant la campagne. »