La Côte d’Azur rate le virage de l’écologie
Macron va devoir faire avec. Avec les écolos, mouches du coche de ce scrutin municipal. Ils ont raflé ou conservé – seuls ou au sein de listes d’union – plusieurs communes majeures [lire ci-dessous]. Dimanche, une nouvelle page de l’écologie politique s’est écrite, sur un livre entamé lors des élections européennes. Une page qui reste vierge ou presque sur la Côte d’Azur, bleue par atavisme. Bétonnée par son histoire. La vague verte qui a déferlé sur la France s’est arrêtée aux portes des Alpes-Maritimes. Le département n’a eu droit qu’à des éclaboussures, à quelques exceptions près.
Valbonne, l’exception
Comme à Valbonne. En dehors de toute étiquette verdissante officielle, Joseph Cesaro a conquis la ville à la faveur d’un programme qui annonçait cependant la couleur : « Futur et Nature » [lire son interview en page 29] .Pas de grand parti écolo en soutien mais l’ombre d’un projet pharaonique dont l’envergure a indéniablement pesé sur le scrutin : le complexe commercial Open Sky de la ZAC des Clausonnes à Sophia Antipolis. Le mastodonte de 100 000 m2, à deux pas du parc de la Valmasque, a déclenché les foudres de différentes associations de défense de l’environnement qui ont apporté leur soutien à Cesaro. Mais miser sur les dérives d’une urbanisation démesurée n’est pas une recette miracle. La preuve à Cagnes, où les ingrédients n’ont pas pris. La liste de Josy Piret, qui avait fait de la lutte contre « l’expansion du béton » son cheval de bataille, n’a pas réussi à renverser la statue Louis Nègre, ébranlée, mais restée debout. La fusion de la liste de droite « tendance Ciotti » de cette ex-alliée du sortant avec la liste écolo au second tour permet tout de même à une élue fraîchement EE-LV de se poser sur un strapontin municipal.
Un peu plus haut dans les terres, à Vence, repeindre en vert la maire sortante n’a pas payé pour la très estrosiste-centriste Catherine Le Lan. Son union au second tour avec Patrice Miran, élu de l’Alliance écologiste indépendante, ne lui a pas permis de conserver la mairie. Cela sauve cependant des élus écolos au conseil municipal vençois.
Belle percée à Nice
Et puis, à Nice, et c’est peutêtre le plus notable, la liste 100 % écolo menée par le pourtant controversé entrepreneur Jean-Marc Governatori, soutenue par EE-LV, par l’AEI, l’Alliance écologique indépendante, mais aussi par Génération écologie, Cap 21 ou encore le MEI, Mouvement écologiste indépendant, rentre six élus au conseil municipal, balayant l’historique opposition socialiste. Ce n’est pas non plus un raz-de-marée. Christian Estrosi, le sortant LR réélu, au flair indéniable, avait laissé peu d’espace, préemptant les thèmes écolos tout au long de la campagne, en dégainant à tour de pinceaux, pistes cyclables et coulées vertes et bleues.
Mouans-Sartoux, verte historique
Ne pas oublier, bien sûr, Mouans-Sartoux, verte historique. Et la commune azuréenne laboratoire de l’écologie en action est restée verte. Mais, là encore, en dehors de toute étiquette revendiquée. Pierre Aschieri, le fils d’André, maire de 1974 à 2015, date de sa démission, a été plébiscité dès le 1er tour. Victoire d’un défenseur de l’environnement sans casquette sur une terre très largement labourée par le père.
Enfin, ailleurs dans les AlpesMaritimes, les écolos, seuls ou unis, ont été balayés, souvent dès le 15 mars, comme à Menton où la liste du patron d’EE-LV pour le 06, Laurent Lanquar, n’a fait que 7,52 %.