Nice-Matin (Cannes)

« Toujours disposé à chercher une conciliati­on avec l’État »

L’entreprene­ur Antonio Caroli est prêt à renoncer à empocher les 150 millions d’euros que doit lui verser l’État pour mener son projet sur l’Esplanade des Pêcheurs jusqu’au bout

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS

De toute ma longue carrière – 47 ans quand même et plus de soixante-dix chantiers à Monaco, j’ai peut-être eu un contentieu­x avec l’État pour un permis de construire ; mais rien, strictemen­t rien avant cette affaire du projet des Pêcheurs pur laquelle le Tribunal Suprême m’a donné raison. » Hier, dans son bureau, Antonio Caroli s’est présenté comme un homme déterminé. Non pas à encaisser les quelque 150 millions d’euros que l’État est condamné à verser au promoteur, mais bien plutôt à chercher la voie de la négociatio­n. Avec un objectif : parvenir à réaliser son opération immobilièr­e et renoncer, dans le même temps, à empocher la somme due.

En exclusivit­é pour Monaco-Matin, Antonio Caroli explique.

Avez-vous une stratégie aujourd’hui ?

D’abord de ne pas être polémique. Le Tribunal Suprême a rendu sa décision jeudi dernier. L’issue de cette longue histoire m’est favorable. Maintenant, je regarde l’avenir. Après avoir longuement réfléchi, je suis disposé à chercher encore une fois une conciliati­on avec l’État, dans le cadre de la réalisatio­n de ce projet, peut-être modifié, pour ne pas peser sur les dépenses publiques et pour trouver enfin une solution positive pour tous.

Prêt à renoncer à  millions d’euros ?

Oui, si on me laisse faire l’opération. Je ne veux pas rentrer dans les dépenses de l’État. Mon métier est de faire des opérations immobilièr­es et de construire. C’est comme cela que j’ai toujours gagné ma vie.

Mais avec quel projet puisque le gouverneme­nt ne veut pas des

vôtres ? (*)

Avec encore un projet éventuelle­ment modifié. Mais au même endroit et avec les mêmes bâtiments. Cela a toujours été ma position. Nous avons toujours cherché une conciliati­on. En octobre , nous avons encore déclaré notre volonté de trouver des arrangemen­ts avec le gouverneme­nt et le Tribunal était prêt à différer le procès. Mais nous n’avons eu aucun retour. Je cherche à trouver une solution depuis . Nous avons fait des pas officielle­ment. Mais la porte du ministre d’État m’a toujours été fermée. Il n’y a jamais eu de volonté de discussion.

Avez-vous l’impression d’être « sali » par l’opinion publique ?

Pas du tout ! Il y a une décision du Tribunal Suprême. Nous avions raison ; c’est une évidence.

Aucun des projets présentés au gouverneme­nt n’a été accepté.

Pourquoi des plans encore modifiés recevraien­t l’accord de l’État ?

C’est le problème de la conciliati­on. Si vous avez en face de vous quelqu’un qui cherche à sortir de l’impasse, vous trouvez des solutions. Sinon, on en arrive à la situation actuelle. Je ne peux pas changer le projet tout seul.

Le changement de ministre d’État en septembre prochain peut-il changer la donne ?

J’ai toujours pensé qu’il y avait une continuité de la parole de l’État dans ce dossier.

 millions… La somme vous semble juste ?

Le Tribunal a bien noté que les bénéfices que nous aurions sortis de l’opération envisagée auraient été bien plus importants.

Combien ?

De l’ordre de  millions sur une opération dont le coût global était entre  et  millions d’euros.

Pourquoi tenez-vous tant àceprojet?

Je n’ai jamais compris pourquoi on me refusait ce projet qui était une très belle opération.

Vous êtes prêt donc à faire un septième projet ?

Si le gouverneme­nt souhaite cette conciliati­on, et en sachant ce qu’il souhaite, je peux présenter, un septième, un huitième projet… Ma porte est ouverte. Celle de l’État a toujours été fermée. Il y a eu trois recours de l’État. Trois experts de chaque côté. Le Tribunal a tranché. Toute solution est possible à condition de la rechercher.

Quel est le délai pour vous verser les  millions ?

L’État peut le faire à tout moment. Les droits acquis durent dix ans. L’État doit choisir : est-ce qu’il veut payer ou trouver une solution ? J’attends… C’est à l’État de décider. Je pense que l’intérêt de Monaco devrait être de trouver une solution valable pour tous.

Êtes-vous prêt à faire une opération immobilièr­e ailleurs ?

Ce serait trop compliqué et trop long. Aux Pêcheurs, c’est la seule possibilit­é.

Craignez-vous que, si l’État vous verse ces  millions, vous soyez dorénavant empêché de construire à Monaco ?

‘‘

Je ne peux pas changer le projet tout seul”

Je n’ai absolument pas peur de cela. Nous sommes dans un État de droit tout de même.

Quel est votre sentiment aujourd’hui ?

Je suis soulagé. Le Tribunal a confirmé que j’ai été victime. Il faut maintenant tourner la page. J’y suis prêt. Mais je ne peux pas être seul. Aujourd’hui, on m’empêche de faire mon travail. C’est très vexant.

Vous y croyez encore ?

L’optimisme est la règle pour un entreprene­ur. J’ai des enfants. Je vois mon activité en Principaut­é dans la durée.

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? « Aujourd’hui, on m’empêche de faire mon travail. C’est très vexant. »
(Photo Jean-François Ottonello) « Aujourd’hui, on m’empêche de faire mon travail. C’est très vexant. »

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