Nice-Matin (Cannes)

Installati­on du nouveau conseil de Menton samedi

Réélu avec 55,70 % des voix, Jean-Claude Guibal a obtenu 28 sièges avec sa liste « Unis pour Menton ». Mais l’opposition, constituée de sept membres, compte bien se faire entendre

- ALICE ROUSSELOT

Vainqueur avec mille voix d’avance sur l’union de la droite et du centre d’Olivier Bettati et de Patrice Novelli, le maire sortant Jean-Claude Guibal (LR) a coché les cases dans (presque) tous les bureaux de vote mentonnais. Un seul d’entre eux – celui du hameau de Monti – a effectivem­ent placé ses opposants en tête, avec 68 voix contre 42. Au point d’être remarqué par tous sur l’immense tableau des résultats installé dimanche soir en mairie. « À Monti, il faut qu’on voie ce que l’on peut faire… », glissera même l’un de ses proches en réaction. Reste qu’à l’exception de quelques cas particulie­rs – tels qu’une égalité de 149 voix à l’école Anne-Frank, dans le Borrigo – celui qui s’apprête à entamer un sixième (et dernier) mandat a vraisembla­blement accédé au sacre par petites avances dans tous les secteurs de la ville. Avec un record de 87 voix de plus dans l’un des bureaux de l’école Saint-Exupéry (Saint-Roman).

Choix de la continuité

Et ce malgré une campagne étrange, interrompu­e par la crise sanitaire. Mais aussi critiquée par les deux camps pour ses relents nauséabond­s – imputables aux règles parfois anarchique­s des réseaux sociaux : profils anonymes, propos diffamants, attaques rendues possibles par la virtualité… Réagissant à la très faible participat­ion observée dimanche soir à Menton (42,83 %), Jean-Claude Guibal expliquait ainsi à ses proches – une fois la victoire acquise – qu’il l’attribuait à la campagne de l’équipe adverse. « Si on voulait écoeurer les gens, on ne pouvait pas faire mieux ; on ne vote pas dans un contexte pareil », regrettait-il. Bien que l’autre camp ait aussi fait savoir qu’il n’était pas partisan de telles méthodes chez les militants.

« Il est fort possible que la gauche se soit abstenue : je le comprends et je le respecte », précisait par ailleurs le nouveau maire. N’oubliant pas de remercier du fond du coeur ceux qui ont continué à lui faire confiance en optant pour son programme – présenté comme le prolongeme­nt de ce qui a été fait par ses équipes respective­s depuis 1989. Même si, disait-il à quelques jours du scrutin, le Covid amène à « repenser les priorités, sans pour autant changer de cap ».

Ce samedi matin, à 11 heures, 28 membres de la liste « Unis pour Menton » seront donc installés. Tandis que sept colistiers de « Menton demain » prendront place sur les bancs de l’opposition. Parmi eux, deux conseiller­s municipaux sortants : le jeune Florian Champion, issu de la précédente majorité, et Patrice Novelli, ancien premier adjoint passé dans l’opposition.

« Il faut savoir respecter le choix des électeurs. C’est cela la vraie démocratie, soulignait ce dernier juste après que les résultats ont été officialis­és. Je continuera­i à avoir le même comporteme­nt : je ne m’opposerai pas quand les décisions seront prises pour le bien de Menton mais si cela ne me convient pas, et si je juge que ce n’est pas positif pour la ville et ses habitants, alors oui, je serai contre. » Olivier Bettati affirme de son côté qu’il faut s’attendre à ce que l’opposition ait du répondant. Allant jusqu’à sonner le glas du « long fleuve tranquille » pour la majorité. « L’important, ce n’est pas le nombre mais ce qu’on en fait, et qui fait quoi. Quand on est dans la majorité, on peut se reposer sur les services de la mairie. Quand on est dans l’opposition, il faut être entouré de spécialist­es », analyse-t-il. Rappelant qu’avec son expérience, il sait pour sa part comment fonctionne une collectivi­té, ou comment lire un budget. Insistant sur le fait que les élus de la majorité devront se confronter à des opposants « à qui on ne pourra pas la raconter ». Entre l’expert en finances publiques et la spécialist­e en Plans locaux d’urbanisme, notamment. « L’avantage, c’est que Patrice Novelli connaît parfaiteme­nt l’histoire et les dossiers. Et moi je sais prendre un micro », poursuit-il. Ajoutant qu’ils seront par ailleurs quatre de sa liste à siéger au conseil communauta­ire.

« Je vais rester »

Du point de vue d’Olivier Bettati, les résultats obtenus dimanche sont la preuve qu’une page se tourne. « Personne n’avait jamais fait 45 % face à Jean-Claude Guibal, personne n’avait noué une alliance – qui va tenir. Et contrairem­ent à ce que beaucoup pensent, je vais rester », clamet-il. Soucieux d’être bien implanté à l’est pour préparer la campagne des élections régionales. Lui qui ne devrait pas tarder à rejoindre la majorité dans l’hémicycle marseillai­s. Et se projette dès à présent dans la prochaine échéance. Éliminé au premier tour avec la liste écologique, Laurent Lanquar Castiel s’appuie, quant à lui, sur les résultats nationaux – excellents du côté des Verts – pour rappeler que son collectif ne sera pas aux abonnés absents : « Bien qu’en dehors du conseil municipal, Menton Autrement EELV sera bien la seule opposition : ouverte, participat­ive et constructi­ve. »

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(Photo Jean-François Ottonello) Jean-Claude Guibal le soir de sa victoire.

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