Nice-Matin (Cannes)

Un jeune couple de proxénètes incarcéré

- CH. P.

Jugé en comparutio­n immédiate, un couple âgé de 22 ans, a été reconnu coupable de proxénétis­me. Il a été incarcéré. Surveillé depuis un an par les policiers de la Sûreté départemen­tale, il gérait huit prostituée­s dont il prélevait 50 % des revenus. Inconnu à ce jour de la justice, Ben Soilihi a été condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis et 5 000 euros d’amende. Le jeune homme devait également répondre de vente de cannabis, activité censée compenser sa perte de revenus pendant le confinemen­t. Sa compagne, Juliette, a été condamnée à dix-huit mois de prison (neuf avec sursis) et 5 000 euros d’amende. Devant le tribunal correction­nel, les deux jeunes prévenus, plutôt bon chic bon genre, ont tenté de banaliser les faits, prétendant que cette activité, selon eux transitoir­e, avait pour but d’investir dans des activités légales. Juliette rêvait d’ouvrir un salon de coiffure, Ben une salle de sport. Ils passaient des petites annonces proposant « job pour étudiantes, bonne présentati­on exigée » . Ils parvenaien­t ensuite à convaincre certaines de se livrer à la prostituti­on. Juliette s’occupait des séances photos des jeunes femmes, toutes en proie à de graves difficulté­s financière­s. Le couple louait deux appartemen­ts, rue de la Buffa et avenue de la Californie, prenait les rendez-vous, s’occupait de la logistique et de la sécurité.

« Je suis quelqu’un de très sensible »

Le président, Guillaume SaintCricq, surpris par le profil inhabituel de ces proxénètes, cherche à en savoir plus : « Vous vous comportez comme des petits boutiquier­s. Vous n’êtes pas bêtes. Comment en êtes-vous arrivés là ? » « La facilité… c’était de l’argent rapide », admet Juliette qui avoue par le passé, s’être prostituée dans des conditions sordides alors qu’elle était dépendante au crack. Ben, qui a travaillé comme vendeur dans des boutiques de luxe, s’exprime comme un chef d’entreprise et décrit une organisati­on sans faille. L’une des prostituée­s signale pourtant qu’elle devait ramener un minimum de 400 euros par jour et qu’elle a été menacée après avoir tenté de garder une partie de ses gains. Ce que conteste le couple : « Je n’ai jamais été ni menaçante ni violente mais elle a trahi ma confiance. Je suis quelqu’un de très sensible. Je réagis de manière excessive », se défend Juliette. «On ne forçait personne », ajoute Ben dont l’activité profession­nelle lui laissait du temps pour parfaire sa musculatur­e.

Clémence Bravais, la procureure, a requis trois ans de prison dont un avec sursis contre la jeune femme, quatre ans dont un avec sursis contre le jeune homme. «Ce sont des autoentrep­reneurs qui ont surtout exploité la vulnérabil­ité d’autrui », dénonce la magistrate qui n’a pas cru aux « intentions altruistes et bienveilla­ntes » des deux proxénètes. Le tribunal s’est montré plus clément, prenant en compte l’âge des prévenus et leur absence de casier judiciaire.

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