Tests PCR : retard dans le dépistage massif
Réservé sur la généralisation des tests dans les premiers temps de l’épidémie, l’exécutif opère fin mars un virage à 180 degrés
Les critiques ont très tôt fusé concernant les tests PCR de dépistage. Pourquoi la France, au contraire de l’Allemagne (qui se distingue par un taux de mortalité nettement plus faible), n’a-t-elle pas d’emblée opté pour le dépistage massif de sa population, stratégie également prônée par l’OMS ?
Un choix d’autant plus incompréhensible qu’après avoir estimé que cette stratégie n’était pas nécessaire, l’exécutif opérera un virage à 180 degrés. Comme il le fera au sujet de la fermeture des écoles, du confinement ou encore des besoins en masques. Olivier Véran, qui au départ de l’épidémie avait fait clairement part de sa réserve concernant la généralisation des tests, annoncera ainsi mardi 24 mars que la France va « multiplier et démultiplier le nombre de tests sur le territoire », faisant écho au « tester, tester et encore tester » promu par la Direction générale de la santé. Mais qui réalise ces tests ? Dans un premier temps, seulement quelques CHU en France. Le CHU de Nice n’en fait pas encore partie. Jusqu’à fin février, tous les prélèvements réalisés dans les A.-M. ou le Var seront ainsi envoyés à Paris ou Marseille, avec un délai important pour le rendu des résultats. Mais dès le 28 février, le laboratoire de virologie du CHU de Nice, au prix de nuits et jours de travail sans répit, annonce être prêt à le réaliser sur place. « Depuis 14 heures, vendredi, Nice ne dépend plus des laboratoires marseillais et les résultats des dépistages sont connus en environ cinq heures, soit un gain de trois heures par rapport à la situation antérieure » se réjouit le maire de Nice, en visite au laboratoire (Nice-Matin du 1er mars), avant d’annoncer : « Dès la semaine prochaine, l’arrivée d’un automate permettra de raccourcir les délais avec notamment vingt tests pratiqués en même temps et des résultats en deux ou trois heures [...] On sait que la situation n’est pas rassurante, mais nous avons un établissement de santé de haut niveau en première ligne capable de diagnostiquer de Fréjus à Monaco. » En ce début mars, seule une centaine de tests a été pratiquée depuis l’apparition de l’épidémie sur la Côte d’Azur.
Errance du gouvernement
Dans les semaines qui vont suivre, le rythme de dépistage va s’accélérer et les laboratoires de biologie médicale indépendants, après avoir été écartés du dispositif par les pouvoirs publics, vont (enfin) être mobilisés. Ils dénonceront plus tard « l’hospitalo-centrisme, première errance du gouvernement ». Alors que les tests vont aux patients les plus critiques et aux soignants, à l’hôpital donc, les directeurs d’Ehpad azuréens et varois tirent la sonnette d’alarme : ils réclament des tests pour leurs résidents (et le personnel qui en prend soin), population des plus vulnérables. Sous l’impulsion de Romain Alexandre, directeur de la délégation 06 de l’ARS
Paca, le dépistage va s’accélérer. Les laboratoires d’analyse médicale Cerballiance, prêts depuis le 12 mars, vont absorber une grande partie de ces tests. Mais ils seront stoppés dans leur élan par la pénurie mondiale en cupules, indispensables à la réalisation des tests. Directeur général et médical de Cerballiance Côte d’Azur, le docteur Raimondi rapprocher 3D, le va fabricant de alors Volumic se niçois d’imprimantes 3D de haute précision. En dix jours, l’industriel sera capable de concevoir, tester, imprimer et livrer 1 000 éprouvettes d’analyse !
Accompagnant la nouvelle politique de dépistage, fin mars, des « drive tests » sont mis en place un peu partout en France. Et dans la région. « L’Agence régionale de santé (ARS) a autorisé plusieurs laboratoires azuréens à effectuer des tests de dépistage du Covid-19. Dont certains sont sous la forme de drive [...], une solution pour que la personne qui présente des symptômes ait le moins de contact possible avec d’autres personnes et avec des lieux accueillant du public » (NiceMatin du 27 mars). Dans une allocution du 28 mars, le Premier ministre Édouard Philippe indique que « l’on [est] passé de 5 000 tests PCR quotidiens la semaine dernière [celle du 16 mars, Ndlr] à 12 000 sur une journée comme aujourd’hui [le 28 mars, Ndlr] ». Le ministre de la santé Olivier Véran complète : « nous [passerons] à 50 000 tests d’ici la fin avril » (Nice-Matin du 29 mars). Fin juin, avec le Grand Est, Paca aura été la région qui aura testé le plus de personnes.