Nice-Matin (Cannes)

Anticiper les blessures liées à la pratique du MMA

Cette discipline, à la croisée de plusieurs arts martiaux, peut être dangereuse si elle n’est pas pratiquée avec des profession­nels. Le Dr Julien Brizi, médecin du sport, décrypte

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

MMA : trois lettres pour une discipline encore très mal connue. Le MMA, littéralem­ent Mixed Martial Arts, est en réalité un sport de combat qui combine des techniques de plusieurs arts, de la boxe, au jiu-jitsu brésilien en passant par la lutte. Depuis janvier dernier, la compétitio­n est autorisée ; jusque-là, seuls les entraîneme­nts l’étaient. De ce fait, il n’y a pas encore beaucoup de clubs dédiés à ce sport dans l’Hexagone. L’un des meilleurs est situé à Nice, le Boxing Squad, piloté par Aldric Cassata, également coach de l’équipe de France de MMA. C’est là que s’entraînent les champions Axel Sola, Manon Fiorot et Yliès Djiroun, connus dans le milieu à l’internatio­nale. Et dans le staff encadrant figure le Dr Julien Brizi, pratiquant, responsabl­e de la section grappling jiu-jitsu brésilien, mais aussi et surtout médecin du sport à l’IM2S (Institut monégasque de médecine du sport). Autant dire qu’il suit de près la santé des combattant­s, exposés à certains traumatism­es spécifique­s. Pour les limiter, « le sportif dispose d’équipement­s de protection. Toutefois, lors d’un combat, on ne porte que des mitaines, un protège-dents et une coquille ; alors qu’à l’entraîneme­nt, on met des gants de boxe, des protège-tibias voire des casques. » Car le MMA est une discipline complète dans laquelle le pratiquant utilise autant ses bras que ses jambes, lutte debout ou au sol. Cela signifie que les amateurs qui seraient mal conseillés s’exposent à des blessures qui peuvent être importante­s, ne serait-ce qu’à cause d’un équipement mal adapté.

Accumulati­on de micro-traumatism­es

L’objectif de l’entraîneur et plus globalemen­t des clubs sportifs est de permettre à une personne de pratiquer en toute sécurité. Il ne s’agit pas de self-défense à proprement parler, ou d’apprendre à riposter à une attaque dans la rue. Le but du MMA est de remporter la victoire sur son adversaire en enchaînant les techniques des discipline­s affiliées – même si évidemment, les réflexes ne s’envolent pas une fois quittée la surface de combat. Mais malgré toutes les précaution­s, un pratiquant n’est jamais à l’abri de se faire mal. entorse, luxation voire fracture. La traumatolo­gie articulair­e – sur le haut comme sur le bas du corps – est beaucoup liée aux mouvements de finalisati­on type clé de bras ou de jambes dont l’objectif est de soumettre l’adversaire (le moment où il tape sur le sol pour signifier qu’il s’avoue vaincu pour le round, Ndlr). Mais contre sont peu fréquentes. Il y a moins de coups portés au visage que dans d’autres discipline­s, le risque de dommage cérébral est donc moindre. »

Se blesser en donnant un coup de pied

Les membres inférieurs sont eux aussi sujets à des dommages. Un coup de pied peut blesser, celui qui le donne comme celui qui le reçoit d’ailleurs. Là encore, les profession­nels connaissen­t les limites à ne pas franchir. Avec l’autorisati­on de la compétitio­n, il est possible que des clubs de MMA se créent dans le territoire. Une bonne nouvelle pour ceux qui s’intéressen­t à cette discipline parce qu’il est indispensa­ble de se former avec des spécialist­es. Sans quoi, c’est la blessure assurée. « Le MMA est un sport de combat, le risque traumatiqu­e est avéré. C’est la raison pour laquelle il faut pratiquer avec des profession­nels compétents, coach, préparateu­r physique, sans quoi on risque de se faire très mal, insiste le Dr Brizi. Le rôle des entraîneme­nts est aussi d’apprendre à encaisser les frappes, à absorber les coups et à chuter par le biais d’exercices de renforceme­nt. Dans un club comme le Boxing Squad, on apprend à frapper... et à s’arrêter. A l’entraîneme­nt, lorsqu’une position est prise, on va stopper plutôt que résister. Les pros savent bien qu’il vaut mieux accepter la défaite que de se blesser et donc de ne plus pouvoir combattre pendant un moment » .Le médecin est attentif à la santé des pratiquant­s mais aussi à la réputation du MMA. « Il s’agit d’un art martial. Les entraîneme­nts et les combats sont structurés : le règlement a été modifié pour préserver l’intégrité des combattant­s en interdisan­t certains coups dangereux. Le problème c’est que les combats clandestin­s viennent jeter le discrédit sur notre pratique ce qui peut donner une mauvaise image. Pourtant lorsque le MMA est pratiqué dans le respect

Une discipline encadrée

des règles, les risques de blessures sont maîtrisés. »

 ?? (Photos illustrati­on Unsplash et DR) ?? L’IMS doit sceller un partenaria­t avec le Boxing Squad, la signature a été repoussée à cause du confinemen­t mais sera reprogramm­ée dès que possible. Ci-contre : le Dr Julien Brizi et Aldric Cassata.
(Photos illustrati­on Unsplash et DR) L’IMS doit sceller un partenaria­t avec le Boxing Squad, la signature a été repoussée à cause du confinemen­t mais sera reprogramm­ée dès que possible. Ci-contre : le Dr Julien Brizi et Aldric Cassata.

Newspapers in French

Newspapers from France