Nice-Matin (Cannes)

Ervan, 20 ans : « J’étais sous influence »

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Il a  ans et s’en veut un peu. Le fantasme de l’argent facile, il y a succombé. « J’ai toujours été fasciné par le monde du trading. J’ai vu tous les films sur le sujet. Le Loup de Wall Street, bien sûr. Michael Douglas dans Wall Street .»

Le mythe associé aux sirènes de la fortune, du moins « d’un giga complément de revenus » à portée d’un simple clic, l’a poussé à franchir le pas. C’était en septembre dernier : «Jeme suis inscrit sur un site de trading en ligne. Les mecs étaient cool. La formation ? Je pensais que se serait compliqué, mais en fait c’est très gaming. Ça m’a plu. ».

Les quelque   euros qu’il a sacrifiés à ce rêve sont cependant perdus. Etudiant en communicat­ion à Nice, Ervan avait accepté, en plus du pack trading, de faire du marketing relationne­l pour augmenter ses revenus. « Au début, c’est simple. D’autant que j’y croyais. C’était facile de convaincre ma communauté de tenter l’expérience. Mais j’ai très vite épuisé mon capital confiance auprès des potes. » Ervan raconte le harcèlemen­t de son référent.

« “Tu as labouré ton marché chaud, maintenant, il faut que tu attaques le marché froid” : c’était son obsession. Il ne me lâchait pas. Toujours cool, mais sans cesse à me harceler pour monter des réunions sur Zoom avec des jeunes comme moi (1) qu’il fallait que je convainque de nous rejoindre. En prime, il fallait que je coache ceux que j’avais recrutés pour qu’ils fassent de même. C’est devenu infernal. Je n’ai jamais eu l’impression de faire un truc illégal, mais je me sentais sale. » Sans son meilleur ami, Ervan l’avoue, il serait peut-être toujours sur la brèche de cette terrible pyramide : « Il s’est rendu compte que j’étais sous influence. Complèteme­nt obsédé, incapable de penser à autre chose. Heureuseme­nt qu’il était là. ».

1. Une applicatio­n de visioconfé­rence.

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