Nice-Matin (Cannes)

Les paquebots désespèren­t de revoir le large un jour

Pandémie de Covid-19 oblige, les navires de croisière sont immobilisé­s depuis plusieurs mois. Un temps espéré pour le 11 juillet, on ne sait toujours pas à quelle date l’activité va reprendre

- P.-L. PAGÈS plpages@nicematin.com

Àvoir le môle d’armement de La Seyne-sur-Mer saturé de paquebots, on pourrait croire que l’activité croisière bat son plein dans la rade de Toulon. Les apparences sont trompeuses : le Club Med 2, le Silver Cloud et le Silver Explorer y sont en effet amarrés depuis déjà plusieurs semaines. À l’arrêt. Et sans aucune date d’appareilla­ge… Les images des paquebots néerlandai­s Zaandam et Rotterdam errant pendant des jours au large des Amériques au printemps dernier, en attendant qu’un port ne les autorise à débarquer leurs passagers, sont encore dans toutes les mémoires. En quelques semaines à peine, la crise sanitaire mondiale a stoppé net une industrie de la croisière jusque-là en plein boom.

Des dizaines d’escales annulées

En rade de Toulon, ainsi que dans les huit autres ports varois (1) qui accueillen­t les paquebots en escale, à quai ou au mouillage, les annulation­s s’accumulent : plus de 180 à ce jour ! Et l’hémorragie n’est sans doute pas terminée. Ainsi, l’escale du paquebot Amera, le 15 juillet à Saint-Tropez, qui aurait pu marquer le redémarrag­e de l’activité, n’aura pas lieu. Pas plus que l’escale inaugurale du Costa Victoria (2), programmée, elle, le 28 juillet prochain à Toulon. En date du 7 juillet, le club de la croisière Var Provence ne comptait plus que sur cinq escales à Toulon d’ici à la fin de l’année ! Pour la chambre de commerce et d’industrie du Var, le coup est rude. Jérôme Giraud, le directeur des ports à la CCIV, n’élude pas le sujet : « On a très peu de certitude à l’heure actuelle si ce n’est que l’année 2020 sera une année quasi blanche pour la croisière. »

Des millions d’euros de pertes

Ce coup d’arrêt, « aussi brutal que l’abandon de la constructi­on de l’Airbus A 380 », intervient alors que l’activité de la croisière repartait à la hausse. « Après une année 2018 en recul, le nombre de passagers en escale dans les ports varois était reparti à la hausse en 2019, passant de 186 219 à 200 386. Et la tendance se confirmait en 2020 puisque, au vu de la programmat­ion établie, on tablait sur 216 148 passagers », précise Jacques Bianchi, le président de la CCIV. Mais au-delà des chiffres bruts, Jacques Bianchi insiste sur la « belle dynamique » des destinatio­ns croisières dans le Var. « Plusieurs croisières inaugurale­s devaient faire escale dans le départemen­t cette année, que ce soit à Toulon ou à Saint-Tropez. La compagnie Celebrity Cruises avait par ailleurs décidé de renforcer sa présence. Et l’arrivée de compagnies comme Virgin Voyages ou Disney Cruise Line constituai­ent des marqueurs forts de la confiance des armateurs dans nos capacités d’accueillir leurs navires. Cette super dynamique s’est arrêtée net et on ne sait pas ce qu’il va se passer ».

La convalesce­nce du secteur risque d’être longue. Émanation de la CCIV,

Var Provence, l’un des trois clubs de la croisière de la région avec Marseille Provence et French Riviera, en est pleinement conscient. « À présent, le principal défi des compagnies – à l’arrêt total au moins jusqu’à fin septembre – et des destinatio­ns qui accueillen­t cette cible de clientèle est celui de la réassuranc­e, pour redonner l’envie de monter à bord. Avec, notamment, la promesse d’un protocole sanitaire drastique », glisse AnneMarie Blum, manager de Var Provence Cruise Club.

En attendant que l’activité redémarre, on peut affirmer que les pertes sont, d’ores et déjà, énormes pour l’économie régionale, comme varoise. Les chiffres donnés par Var Provence Cruise Club parlent d’euxmêmes : « La région Provence-AlpesCôte d’Azur accueille, chaque année, plus de 2,5 millions de croisiéris­tes. La filière, qui représente près de 2 500 emplois équivalent­s temps plein, pèse plus de 430 millions d’euros dans l’économie régionale, dont 45 M€ pour le seul départemen­t du Var ». Avec la quasi-totalité des escales annulées, le calcul n’est pas difficile…

1. Outre Toulon et La Seyne-sur-Mer, la chambre de commerce et d’industrie du Var commercial­ise les escales de Saint-Cyr-sur-Mer, Bandol, Sanary-sur-Mer, Le Lavandou, Cavalaire, Saint-Tropez, Fréjus et SaintRapha­ël.

2. Signe des bouleverse­ments qui attendent certaineme­nt le secteur de la croisière : le Costa Victoria aurait même été vendu.

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(Photo Patrick Blanchard) À l’image du Club Med , du Silver Cloud et du Silver Explorer, amarrés dans le port de La Seyne-surMer depuis plusieurs semaines,  paquebots attendent dans différents ports méditerran­éens le feu vert des autorités internatio­nales leur permettant de reprendre les croisières.
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Dans notre infographi­e ci-dessus, le nombre de croisiéris­tes accueillis dans les départemen­ts des Bouchesdu-Rhône, des Alpes-Maritimes et du Var.
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