La politique de la main ferme
Au moins, cela a le mérite d’être clair cette fois. Emmanuel Macron a choisi son camp : celui de la droite et de l’ordre républicain. Les membres de la Convention citoyenne pour le climat, aux pieds desquels le Président semblait s’être prosterné, ne vont pas tarder à mesurer qu’ils ont été bercés de belles paroles. Les priorités de l’exécutif sont aujourd’hui ailleurs. Le contraste s’est même avéré brutal cette semaine. Alors que le Haut Conseil pour le climat a rendu un rapport annuel très critique sur l’insuffisance de l’engagement environnemental du gouvernement, ce dernier a concentré son message sur le régalien.
La virée dijonnaise de Jean Castex et Gérald Darmanin a cinglé, hier, comme un désaveu de la politique tiédasse du précédent ministre de l’Intérieur. Il faudra, évidemment, juger les impétrants sur leurs résultats. On sait trop ce que valent les coups de menton médiatiques du genre « Nous allons terroriser les terroristes » [Pasqua] ou « On va vous débarrasser de cette bande de racailles » [Sarkozy], quand
ils se heurtent à des réalités enkystées. Il n’en reste pas
moins que le Premier ministre insuffle, au pas de charge, un style inédit. On pourrait le qualifier de sympathico-martial. Autrement dit, une main de fer gantée d’un léger velours. La fermeté s’affiche, décomplexée. Le temps dira si elle dépasse le simple stade de la posture. Nous avons été tellement échaudés. Chahuté, tant par des citoyens émancipés que par des élus locaux trop heureux de rebâtir des baronnies sur ses défaillances, l’Etat a besoin de retrouver des couleurs et une autorité perdues. Cela ne l’empêchera pas de jouer sur la corde désormais sensible des territoires, pour mieux canaliser leur ire tout en tirant parti de leur savoir-faire et de leur popularité du moment. Cette stratégie droitière assumée par le gouvernement ne va pas simplifier la tâche des Républicains, ni a fortiori celle du Rassemblement national. A l’inverse, elle peut accroître les perspectives présidentielles des écolos et d’une partie
de la gauche. A condition que ceux-ci ne se bornent pas à une vision angélique d’une société boboïsée, apparentée au monde de Oui-Oui. Eux aussi devront étoffer leur discours pour y intégrer des thématiques régaliennes. Jean Castex ne sort pas de nulle part. Il connaît la France intime. Et il sait bien son attachement profond à un semblant d’ordre.
« Chahuté, l’Etat a besoin de retrouver des couleurs et une autorité perdues. »