« On connaît ses qualités »
Fernando Alonso ne sera peut-être pas sur la grille de départ du deuxième grand-prix de la saison demain en Autriche, mais son nom sera à coup sûr en pole position des conversations les plus abordées au sein du paddock. L’annonce cette semaine de sa signature chez Renault a fait sensation : le Taureau des Asturies fera l’an prochain son grand retour dans l’écurie qui lui a permis de décrocher ses deux titres de champion du monde ( et ). Quinze ans, donc, après son dernier sacre, et près de trois ans après sa dernière course en F. Un retour que le directeur non-exécutif de Renault F a accepté de commenter pour nous. Et Alain Prost en est persuadé, l’Espagnol ne sera bientôt plus seulement sur toutes les lèvres. Il sera aussi très rapidement bien placé sur les grilles de départ.
Alain, Alonso s’est engagé alors que des rumeurs sur un désengagement de l’écurie en F existaient…
Même si les objectifs fixés il y a quelques années (au retour de Renault en tant qu’écurie en ) n’étaient pas réalistes, l’écurie a toujours été ambitieuse. La Direction de Renault a clairement dit que la F restait dans son programme. On s’inscrit dans la durée.
Avec un pilote de ans ?
Le départ de Daniel
(Ricciardo, qui pilotera une McLaren en )aétéun choc et il fallait vite trouver un pilote d’expérience pour préparer qui sera un tournant pour nous (avec un nouveau règlement). Alors se posait la question des pilotes de notre filière, mais aucun n’a les points pour la super licence. Nous avons donc entamé des discussions avec des pilotes d’expérience.
Le nom de Romain Grosjean est régulièrement sorti. Il faisait partie des pilotes ciblés ?
Non, j’ai effectivement parlé avec Romain, mais pas de ce sujet-là.
Il n’y aura donc qu’un pilote français chez Renault la saison prochaine. Craignezvous qu’Alonso ne fasse qu’une bouchée d’Esteban Ocon ?
On connaît le pilote, ses qualités et on sait ce qui s’est passé (l’Espagnol a notamment entretenu des relations orageuses avec Hamilton chez McLarenMercedes en ). Il faudra être vigilant dans la mesure où nous sommes une jeune équipe dans laquelle le travail en binôme doit primer. Après, il est normal qu’un pilote puisse être plus rapide qu’un autre, mais il faut que le travail soit fait à deux.
L’autre crainte tourne autour de la longue absence d’Alonso en F…
Fernando a roulé au Dakar, en Endurance (lire par ailleurs), c’est quelqu’un de très actif. Et il a aussi cet avantage mental d’avoir coupé un peu pour mieux revenir. Vous savez, peu importe qu’il ait ans, j’ai connu des pilotes usés très tôt et d’autres qui avaient encore faim à quarante ans. On a d’ailleurs vu sa motivation chez McLaren, quand il se battait comme un diable pour entrer dans les points.
Prendre des points, c’est justement le pari réussi par Ocon sur le premier grand prix de la saison (e). Quels enseignements tirez-vous de cette première course ?
Sur un circuit qui doit être le pire pour nous depuis trois ans, on a vu que la voiture est bien meilleure. On progresse et on peut se bagarrer avec les Ferrari et les McLaren. Malheureusement, ce qui s’est passé aujourd’hui (Ricciardo est violemment sorti de piste hier au cours des essais libres du Grand Prix d’Autriche) risque de compliquer les choses. J’espère qu’il n’a rien, car il boitait après son crash (examiné par les médecins, le pilote australien a finalement été déclaré apte à reprendre la compétition).
En marge du premier grand prix de la saison disputé le week-end dernier, Lewis Hamilton a beaucoup fait parler de lui. Comprenezvous ses déclarations quand il parle d’un sport « dominé par les Blancs » ?
C’est un débat beaucoup plus profond et vous comprendrez que je ne souhaite pas m’exprimer làdessus. Même si j’ai mon opinion…
Hamilton est aussi au coeur d’une polémique lancée par Romain Grosjean qui a jugé son salaire de millions « inadmissible ». Faut-il plafonner les salaires ?
Cyril (Abiteboul, patron de Renault F) s’est exprimé à ce sujet et chez nous, nous ne sommes pas contre. Si l’on veut essayer de faire baisser les coûts globaux de la F, ça peut y contribuer. Mais je mettrais le plafonnement des dépenses techniques bien avant. Et puis avec leur personnalité ou leur charisme certains pilotes vous apportent une image. Et ça se paye…
C’est le cas d’Alonso ?
Attention, la décision de le recruter est avant tout sportive, mais oui, l’aspect marketing n’est pas négligeable. On ne peut pas dire d’un côté que Renault fait de la F pour son image et de l’autre prétendre que la notoriété d’un pilote ne compte pas. Même si la priorité, c’est le côté sportif.