Nice-Matin (Cannes)

Maison d’Adrien : du rêve à la réalité à la rentrée

Depuis la mort de son fils en 2003, le président de l’associatio­n Adrien aide les petits malades et leurs proches. Le projet de sa vie, une maison spécialisé­e, prendra forme à la rentrée à Pégomas. Portrait

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

Résilience. Le mot s’impose face à René Molines. Le président de l’associatio­n Adrien a transformé la pire épreuve d’une vie en mission vitale : aider, soulager, accompagne­r des centaines d’enfants malades et leurs familles, après la mort de son fils, le 24 octobre 2003, à l’âge de deux ans.

Le 12 septembre, ses 17 années d’engagement prendront forme avec la pose de la première pierre de la maison d’Adrien (lire ci-dessous).

« Lorsqu’il a eu un an, on lui a diagnostiq­ué une maladie orpheline incurable. » Une hypertensi­on artérielle pulmonaire sévère, dérivé de la mucoviscid­ose. « Il lui fallait une greffe des poumons et du coeur. »

Descente aux enfers

Le bambin décède le 24 octobre 2003. Cataclysme pour le jeune papa de l’époque, alors séparé de la mère d’Adrien. « J’ai pris mon fils dans mes bras, pendant une heure et demie. Je lui ai promis que j’allais me surpasser, le rendre fier », raconte, ému, René Molines, entouré de photos du petit garçon dans l’appartemen­t de ses parents, à La Bocca. Descente aux enfers avant de réaliser sa prophétie. « J’ai commencé à boire pour oublier. Mais évidemment, on n’oublie jamais...»

Quelques mois plus tard, lors d’un séjour dans le Sud-Ouest, pour se ressourcer en famille, le déclic se produit.

« J’ai écrit l’histoire de l’associatio­n. J’avais déjà pensé à cette idée de maison pour accueillir les proches d’enfants malades lorsque je faisais les allers retours à l’hôpital Necker à Paris. À l’époque, j’étais au chômage, c’était très difficile, financière­ment aussi. Aujourd’hui, le problème est toujours d’actualité. »

Pour guérir, se reconstrui­re, René Molines se lance à corps perdu dans son projet. «Une de mes premières actions a été d’aider les hôpitaux à l’achat de matériel et de respirateu­rs pour les nouveau-nés. »

Puis, il endosse le rôle du grand frère auprès des jeunes malades. Distille son soutien et ses précieux conseils à leurs proches. « Lorsqu’on a diagnostiq­ué une maladie orpheline à ma fille, je ne savais pas vers qui me tourner. Il y avait des associatio­ns pour les enfants autistes, atteints de cancers... mais Tiffany ne rentrait dans aucune case. René l’a accueillie il y a des années, et ils sont toujours aussi proches », se souvient Katia, aujourd’hui bénévole au sein de l’associatio­n.

Un engagement inspiré par René. « J’ai énormément de respect pour lui. Il a transformé sa peine en force, au service de tous les enfants. »

Bouée de sauvetage pour les familles

L’associatio­n se fait un nom. Devient une bouée de sauvetage pour les familles en détresse.

« On se sent moins seuls grâce à lui », approuve Myriam, maman de Manel, 9 ans,

‘‘ atteinte d’un cancer des os. Le visage de la petite puce s’illumine à chaque apparition de

René. « C’est un héros pour les enfants. Il prend du temps pour chacun d’entre eux, il les écoute avec une grande patience...» Parviens à dérider et remotiver les plus affectés, « parce que le moral joue un rôle essentiel. »

« Au départ, ça a été très difficile de voir des enfants en fin de vie. Ils ont toujours de l’espoir. Ceux qui ont traversé ma vie m’ont donné beaucoup d’amour pour continuer », glisse le président. Comme Lorenzo, atteint d’un cancer du cerveau, qui rêvait de voir des super-héros. Un voeu réalisé par René, venu déguisé lui rendre visite en soins palliatifs, peu avant son décès. Un costume taillé sur mesure, qu’il n’a plus jamais quitté.

« J’ai dû changer pour avancer. Je suis quelqu’un de discret, qui a du mal à parler en public », concède René Molines.

Sa fille greffée au coeur à  ans

« Mais vouloir aider les autres, j’ai ça en moi depuis toujours...» Petit, le Cannois adorait déjà organiser des tournois dans son quartier, avant d’entraîner bénévoleme­nt les jeunes de Ranguin. Ancien comptable passé par les Fauvettes pour obtenir son BEP CAP dans cette spécialité, il a également changé de cap profession­nellement. Toujours au service des autres : il est devenu policier municipal.

Côté vie privée aussi, l’homme s’est reconstrui­t. « J’ai aujourd’hui trois enfants. » Loan, 14 ans, Deven, 11 ans, et Ilona, 13 ans. «Mafillea dû être greffée au coeur à l’âge de 3ans.» Un nouveau coup dur que le super-héros a une fois de plus surmonté. « Aujourd’hui, ils sont fiers de moi. »

Tous comme les nombreux petits qu’il accompagne au quotidien. Les visages de certains, partis trop tôt, sont floqués sur les t-shirts à l’effigie de l’associatio­n, aux côtés du minois de son fils. Adrien, dont le prénom résonne désormais comme une promesse d’espoir.

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Ça a été difficile de voir des enfants en fin de vie”

Vouloir aider les autres, j’ai ça en moi”

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René Molines, superhéros au grand coeur, a accompagné depuis la création de son associatio­n il y a  ans des milliers d’enfants malades et leurs proches. (Photo Dylan Meiffret)
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(DR) La maison d’Adrien prendra forme à la rentrée.

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