Comment lutter contre la chaleur
La lutte contre la canicule, dont les conséquences peuvent être dramatiques, doit rester une priorité. Si le (bon) usage de la clim’ est recommandé, prudence avec les ventilateurs et les rafraîchisseurs
Alors que débute un été qu’on nous promet caniculaire, faut-il couper la clim’ pour empêcher la circulation des virus, et du SARS-CoV-2 en particulier ? Au risque de mettre en péril la santé des plus fragiles, particulièrement sensibles aux pics de chaleur ? Pas question, répond en substance le Dr Philippe Carenco, médecin hygiéniste au centre hospitalier Marie-José Treffot à Hyères. « Lutter contre la canicule est une priorité. Certains épisodes peuvent avoir des conséquences dramatiques ! »
Et, parmi les diverses méthodes de rafraîchissement de l’air à disposition, la climatisation apparaît comme la plus sûre. «Mêmeen cas de circulation du virus, elle ne pose pas de problème, à condition qu’elle soit correctement entretenue, c’est-à-dire conformément aux recommandations du fabricant, explique le Dr Carenco. C’est un système qu’il faut maintenir ; couper la climatisation serait une erreur, qu’elle soit collective ou individuelle. »
Ventilateurs proscrits et rafraîchisseurs « pas recommandés »
Il en va autrement des ventilateurs. « Cet équipement-là est proscrit en collectivité, alerte le médecin. Il brasse l’air et favorise la dispersion des gouttelettes de salive, potentiellement contagieuses. » Même mise en garde concernant les rafraîchisseurs d’air, qui fonctionnent en faisant circuler un courant d’air sur une eau refroidie (avec des glaçons). S’ils ont souvent la cote, car ils sont très peu chers, « ils ont un gros défaut : ils accroissent le taux d’humidité de l’air ambiant ». Et, contrairement à la chaleur, l’humidité augmente le temps de survie des virus (comme le froid, d’ailleurs, mais à des températures bien inférieures à celles d’une climatisation). « C’est la raison pour laquelle il y a eu des cas regroupés de Covid-19 dans des abattoirs, informe le médecin hygiéniste. Il y fait froid, autour de 4°C, et à cause du bruit, les gens crient pour se faire entendre. L’hyperventilation augmente la portée du virus et rend inefficaces les mesures de distanciation. »
Aérer régulièrement
Dans nos maisons comme dans les lieux collectifs, « la meilleure protection, quel que soit le mode de rafraîchissement, c’est d’aérer régulièrement, poursuit le Dr Carenco. L’air se lave avec de l’air ! Pas avec des aérosols, des produits qu’on pulvérise pour l’“assainir”. »
Et aérer, précise-t-il, « c’est ouvrir portes ou fenêtres plusieurs fois par jour, le plus souvent possible.
L’été, idéalement quand il ne fait pas trop chaud ou quand les températures diminuent. Un air pas trop humide et fréquemment renouvelé, complète-t-il, est un mode de protection efficace contre les virus. À condition de ne pas oublier, bien sûr, les mesures de base, ce que j’appelle les trois “M” : le port du masque, les mains lavées, et le mètre de distanciation physique. »
Ces recommandations, précise-til, ont été émises le 20 avril dernier par le Haut conseil de santé publique, au chapitre des mesures à mettre en oeuvre au sein de la population générale.