Nice-Matin (Cannes)

Pour Michel Amalberti, le ballon était une passion

L’électricie­n antibois de renom, qui a commencé sa carrière footballis­tique dans les cages de l’Espérance d’Antibes, a été le plus jeune gardien de but profession­nel de l’AS Cannes

- SERGE JAUSAS

Michel Amalberti est bien connu à Antibes comme électricie­n de renom. Mais ce costaud des Batignolle­s d’1,82 m a été dans sa jeunesse un gardien de but talentueux. Michel est né rue du Marc, le 16 septembre 1949. Il fréquente la maternelle de la poste et l'école Guynemer du cours préparatoi­re au BEPC.

Il débute dans le sport à l'Espérance Gymnastiqu­e d'Antibes avec M. Delaigue. À 13 ans, il prend une licence à l'Espérance Football, comme gardien de but, coaché par Charly Laurent et Marcel Arnold.

Agile et corpulent, il est tout de suite repéré par le district. Cadet première année, il est dans la sélection de la Côte d'Azur. Puis l'année suivante, il est sélectionn­é dans la ligue du Sud-Est. Au cours de cette deuxième année, l'entraîneur goal de l'équipe première de l'Espérance (promotion d'honneur), Jeannot Caille se blesse, fracture de la jambe. « Je suis alors désigné comme titulaire à sa place, explique Michel. Double surclassem­ent demandé par le district afin de pouvoir accéder de cadet à senior. J'ai alors passé une visite médicale, accompagné de Jean Ciais pour obtenir le droit de jouer. » Pour la saison 66-67, Michel est contacté par Ferry Kocsur, de l'OGCN et Jean Varraud de l'AS Cannes. « Mon père Albert a préféré l'AS Cannes, car plus facile pour les déplacemen­ts. Mais c'était aussi un coup de coeur, car il avait été licencié dans ce club comme coureur de demi-fond. »

Un début de saison, première année, en Critérium Junior. La deuxième année, Michel est sélectionn­é en équipe de France junior 1 968 avec Georges Boulogne comme entraîneur. Son équipe sera finaliste du tournoi UEFA, battue en finale par la République tchèque 2 à 1 à Cannes.

Le prix Nobel Albert Camus pour mentor

Fin de saison 67-68 Michel est titulaire dans le but de l'AS Cannes, coaché par Maurice Blondel. En juillet 1968 incorporé au bataillon de Joinville, il joue en deuxième division. Sélectionn­é en équipe de France militaire, il participe à la coupe du monde à Téhéran. Sélectionn­é ensuite en équipe de France amateur, il fait une tournée en Martinique, en Guadeloupe et en équipe de France espoir. La saison 69-70, il revient comme titulaire à l'AS Cannes en deuxième division. Il est le plus jeune gardien de but pro, à l'âge de 18 ans. Son mentor : le prix Nobel Albert Camus, ancien gardien de but, issu d'une famille pauvre qui disait : « A ce poste on usait moins les chaussures, mais c'est quand on est au milieu des bois que l'on s'aperçoit que c'est difficile. »

La saison 70-71 est fatale à Michel. En mars, il est victime d'une fracture à la jambe droite, au niveau du péroné et de la malléole. Michel doit alors penser à l'avenir. « M. Gioanni me dit de trouver un autre club, car en période d'austérité l’AS Cannes ne peut pas payer des blessés. »

Il prend alors contact avec le Red Star Paris, puis l'OM. « Ce dernier me propose une signature sous huit jours avec Mario Zatelli en fin de rééducatio­n, pour être la doublure de Georges Carnus en vue de la coupe d'Europe 71. Mais l'OM ne pouvait pas attendre. Je n'ai donc plus signé de licence. »

C'est la fin de sa carrière de footballeu­r. Mais Michel est un battant. Homme de caractère qui ne s'avoue jamais vaincu, il rebondit : « Je me présente alors au bureau de M. Camille Triverio, président de l'AS Cannes, lui expliquant ma situation. Il me répond : que sais-tu faire ? Sans me démonter, je lui ai rétorqué que j’étais électricie­n, mon père étant artisan. » Michel passe donc de la cage de foot à celle de faraday. « Pour me mettre à l'épreuve, M. Triverio me propose un chantier de 93 logements de luxe à Juan-les-Pins, le « Neptunia ». Je me suis donc lancé. Et j'ai ensuite monté ma propre société « Amalberti Électricit­é » sous l'oeil vigilant de mon père. » Aujourd'hui à la retraite, Michel a laissé l'affaire à son fils, mais veille toujours au grain. Américain trois mois de l'année, avec son épouse Hélène, il rejoint ses enfants et petits-enfants en Floride à Jackson Ville. Mais il revient toujours dans sa ville natale, car comme dit le dicton : « Qui boit l'eau du Ponteil, y revient toujours. » Car Michel compte encore beaucoup d'anciens amis dans la cité des remparts. Outre son côté sportif, il a été Rotarien au club d'Antibes Juan-les-Pins de 1984 à 2004, dont un an président.

Michel a une pensée pour ses anciens coéquipier­s de l'équipe de France 68 : Daniel Leclerq et Daniel Bernard, disparus cette année. Il aime conclure en empruntant cette phrase d'Albert Camus : «Ce que je sais de la morale, c'est au football que je le dois ! »

 ??  ?? Michel a gardé sa photo, un peu défraîchie, grand Prix Maritini de la meilleure photo sportive   pour ce document saisissant dans « France-Football » : un tir sur penalty de Dogliani et plongeon du gardien de but de Joinville, Amalberti, lors du match contre Angers le  octobre. (Photo S. J.)
Michel a gardé sa photo, un peu défraîchie, grand Prix Maritini de la meilleure photo sportive   pour ce document saisissant dans « France-Football » : un tir sur penalty de Dogliani et plongeon du gardien de but de Joinville, Amalberti, lors du match contre Angers le  octobre. (Photo S. J.)

Newspapers in French

Newspapers from France