Kehinde Wiley, égérie de Black Lives Matter, exposé à Cannes
Nous vous l’avions annoncé dans nos précédentes éditions, l’exposition de Kehinde Wiley est désormais installée. Une saisissante vierge à l’enfant protège Cannes depuis vendredi : signée Kehinde Wiley, elle fait partie des 25 oeuvres réunies à La Malmaison pour la première grande exposition en Europe consacrée à ce peintre américain, qui interroge sur la représentation des modèles noirs dans l’art.
Une première en Europe
Parfaitement classique dans sa facture, le vitrail intitulé St Mary est aussi splendide que décoiffant, surtout s’il orne un jour une grande cathédrale : l’enfant a une coiffure à pompons et sa mère, le cheveu défrisé, bras nus et large décolleté, le porte à la hanche, moulée dans un pantalon blanc.
Aux pieds, elle porte une monumentale paire de bottines à plateforme dans le plus pur style de la « modeuse » africaine. Comme la plupart des sujets de Kehinde Widley, son regard interroge. Né en 1977 dans un quartier déshérité de Los Angeles, Wiley, qu’on ne présente plus ou presque depuis qu’il a peint le portrait officiel de Barack Obama à son entrée à la Maison Blanche en 2008, n’avait jamais eu autant d’oeuvres réunies pour une exposition sur le Vieux Continent.
Le vitrail à la madone côtoie quatre autres vitraux, dont une Pietà masculine où un père en tee-shirt, casquette et short hawaïen tient son fils dans ses bras, dans une scène évoquant à la fois Michel-Ange et la célébrissime photo du Sud-Africain Sam Nzima montrant un jeune écolier noir, mortellement blessé par la police de l’apartheid durant le soulèvement de Soweto en 1976.
Pour la plupart, les autres oeuvres exposées sont des peintures : des portraits réalisés à Tahiti et pastichant Gauguin, d’autres posés dans les anciennes colonies françaises, avec à chaque fois un aller-retour entre la grande peinture classique et des modèles choisis dans la rue.