La villa Eilenroc toujours close pour mieux éclore
La superbe propriété de la Ville au cap d’Antibes ne rouvrira pas avant mi-septembre. Entre embellissement des jardins et réfection des canalisations d’eau, le site est en chantier
Ce printemps, les deux mille roses de la villa Eilenroc ont éclos à huis clos. Pas un visiteur pour se pencher, émerveillé, sur les belles. Aujourd’hui, les roses ont vécu ce que doivent vivre les roses et la fin est proche. Leur étiolement se fera, lui aussi, loin des regards. Car la Ville, propriétaire de la villa Eilenroc, cette élégante demeure léguée par Helen Beaumont en 1982, qui surplombe l’anse de l’Argent Faux, au cap d’Antibes et son immense parc, a choisi de ne pas rouvrir les lieux au public après le déconfinement. Pas un caprice, on s’en doute. La propriété tout entière est encore en travaux et la sécurité des visiteurs ne peut être assurée. Après des aménagements pour adapter l’accès aux personnes à mobilité réduite et la création de sanitaires, ainsi qu’une toute nouvelle signalisation, un lourd chantier avait débuté pour réhabiliter le réseau d’eau potable. D’impressionnantes tranchées devaient être ouvertes dans les allées pour changer toutes les canalisations. Lancées par Veolia, les grandes manoeuvres ont dû être interrompues, confinement oblige. Le chantier a repris début juin, avec quatre mois de retard sur le programme prévu. Et il faudra compter avec une pause en août, l’entreprise chargée du nouveau revêtement des allées fermant ses portes pour les vacances, comme beaucoup de sociétés du BTP. Il faudra aussi procéder au changement du transformateur électrique qui alimente la vaste propriété.
Tout en restant prudent, en mairie, on parle d’une réouverture espérée pour les journées du patrimoine les 19 et 20 septembre. À ces chantiers techniques, se sont ajoutées d’autres interventions qui, elles, concernent directement le bâtiment de la villa et les jardins, avec des nouveautés (voir article ci dessous). La fermeture du site est toujours l’occasion de le restaurer, par touches, et de l’embellir. Inaugurée en 1867 par le Hollandais Hugh-Hope Loudon, embellie plus tard par le célèbre James Wyllie, Antibois de coeur, qui a créé le parc, en faisant appel à de célèbres jardiniers, magnifiée, enfin, par les Beaumont, riches américains, la Villa Eilenroc est un patrimoine fragile et exigeant.
Des milliers de coccinelles
Durant le confinement, les jardiniers ont continué, bien sûr, à prendre soin de la roseraie, du jardin des senteurs, du verger, de l’oliveraie et de l’ensemble du parc. Alexis, de la société « Avril Paysagiste » qui entretient pour la Ville les quelque onze hectares de la propriété du cap d’Antibes l’assure : comme ailleurs, ici, le confinement a profité à la nature. Pas de visiteurs, donc pas de bruit. Pas de réceptions officielles ni d’expositions. Pas de tournage de scènes de films ou de séries télévisées. Moins de pollution dans l’air. Alexis assure n’avoir jamais vu autant de coccinelles. « Des milliers sur toute la roseraie ! » Cela tombe bien puisque le parc est labellisé bio et que les bêtes à bon Dieu sont gourmandes de pucerons.
Mais la vie reprend, peu à peu. Le lieu s’anime en douceur. Avec la jeunesse. L’oliveraie a accueilli les bacheliers antibois qui ont décroché leur diplôme avec mention. On a retrouvé, le temps de deux cérémonies, les chaises bleues posées dans l’herbe sous les arbres.