Nice-Matin (Cannes)

« J’aime fédérer le groupe »

Arrivé de Reims cet été, Hassane Kamara se distingue par une personnali­té extraverti­e, altruiste et toujours très positive. Le latéral gauche de 26 ans se veut aussi ambitieux

- VINCENT MENICHINI ET WILLIAM HUMBERSET

Un sourire sur son visage. Hassane Kamara rayonne par sa joie de vivre. Sur le terrain, le latéral gauche ne lâche rien, attaque et défend avec déterminat­ion. Une double personnali­té sur laquelle l’ancien Rémois de 26 ans s’est confié au bord de la piscine de l’Hôtel Métropole de Lyon, où séjournent les Aiglons en marge du Trophée Veolia.

Hassane, retracez-nous votre parcours.

J'ai vécu toute ma formation à Toulouse. J'étais considéré comme un espoir sur lequel on comptait beaucoup avec Monsieur Philippon, qui a été viré l'année suivante. Le nouveau directeur ne comptait pas sur moi, j'ai très peu joué en jeunes. J'ai dû m'accrocher pendant quatre ans, j'ai compris que le football n'était pas tout rose. J'ai eu la chance d'être bien entouré, mon agent Bakari Sanogo m'a toujours encouragé. Je le prenais parfois pour un fou. Mais ça m'a aidé pour la suite : à Châteaurou­x j'ai douté, la première saison à Reims a été difficile aussi. Puis mon prêt de six mois à Créteil, en National, m'a

‘‘ fait beaucoup de bien. Je conseille à tous les jeunes de tirer profit d’un prêt. Après une bonne saison en six à Châteaurou­x, c'est aux postes de latéral et milieu gauche que j'ai réalisé une saison pleine à Reims.

Vous y avez toujours cru ?

J'ai toujours cru en moi, mais je me demandais si on allait me donner ma chance. Je pensais que ça n'arrivait qu'aux autres. Ma devise, c'est qu'il faut toujours se donner à fond. Et être prêt quand on te donne ta chance. J'ai toujours gardé la joie de vivre. Parce que le foot reste un métier, une passion avant tout. On est des hommes avant d'être des footballeu­rs.

Le foot, c'était un rêve de gosse ?

C'est un rêve de gamin que j'ai transformé en objectif. J'ai grandi à Aubervilli­ers, jusqu'à mes  ans. Je jouais tous les jours en bas de chez moi. Je ne regardais pas trop le foot à la télé mais il fallait que je joue toute la journée. Mes amis ont intégré des clubs, j'ai connu ça plus tard. Je n'ai plus raté aucun entraîneme­nt. J'étais ramasseur de balle à Toulouse. Je regardais les joueurs avec des étoiles plein les yeux. Plus l'âge passait, plus les difficulté­s s'ajoutaient, et j'ai transformé ce rêve en défi. Pour mes proches, pour ma fierté personnell­e aussi. Quand on signe pro, on peut se penser arrivé mais la suite est encore plus dure. Il y a les statuts, les intérêts financiers, c'est un milieu avec sans cessse des défis qui s'ajoutent. C'est stimulant, je ne me fixe jamais de limites.

C'est David Guion qui vous replace en latéral gauche ?

En réserve à Reims. Puis lorsque Ghislan Konan s'est blessé, il pensait que j'avais les qualités pour m'exprimer à ce poste. J'étais plus sceptique. J'aime bien attaquer, je craignais de ne pas pouvoir le faire dans un bloc bas. Le temps et le travail en vidéos m'ont aidé dans le placement tactique. Aujourd'hui je m'y sens bien.

On vous voit toujours positif avec vos coéquipier­s. C'est dans votre nature ?

Je pars du principe que c'est un sport collectif. Je l'ai vérifié encore à Reims. On avait une équipe soudée, avec beaucoup de communicat­ion. Les onze joueurs doivent être impliqués, par l'envie, la parole ou la qualité technique. Un match, une saison, c'est long et on a besoin d'être soudé pour réussir.

Votre ressenti sur le groupe niçois ?

Il y a énormément de qualité. Je le pense vraiment. Et si on travaille bien, qu'on développe un gros esprit collectif, on peut faire quelque chose d'intéressan­t.

Votre marge de progressio­n se situe sur la phase défensive ?

Je ne pense pas car avant d'attaquer, j'ai toujours en tête que mon vis-à-vis ne doit pas centrer. Je vais tout faire, tacler jusqu'à la dernière seconde pour l'en empêcher. Je suis aujourd'hui dans une équipe où j'attaque beaucoup plus mais je dois savoir quand le faire, trouver le bon équilibre.

Avec Atal, l'équipe dispose de latéraux très offensifs ....

C'est important dans le football moderne. Et des joueurs comme Khephren (Thuram) ou Pierre (Lees-Melou) sont capables de nous décaler, de fluidifier le jeu. Pierre compense aussi quand je monte. On peut alors jouer avec deux latéraux positionné­s haut sur le terrain.

Vos premières impression­s sur le coach Vieira ?

Il fait attention à chacun d'entre nous après chaque match.

Il est proche de ses joueurs. Son expérience de joueur fait qu'il connaît le mode de fonctionne­ment. C'est important dans les relations humaines.

Vos objectifs avec l'OGC Nice ?

Passer un cap. J'ai beaucoup appris à Reims, un club avec d'autres ambitions. L'OGC Nice est très bien structuré. Je sais que je peux aller encore plus haut, c'est un moteur pour moi.

Que connaissie­z-vous de l'OGC Nice avant de venir ?

Je voyais une équipe qui marquait beaucoup de buts. Avec Ben Arfa,

Balotelli, Dante, Dolberg... C'est un club qui a toujours une star dans l'équipe. Là, on a Schneiderl­in. Mais comme tout amoureux du foot, j'ai adoré la saison de Ben Arfa. Ce qu'il faisait, c'était trop ! (Il rit aux éclats)

Et la ville ?

Je suis à l'hôtel. Je ne suis pas encore installé. Je suis passé sur la Promenade des Anglais, l'avenue Jean-Médecin, c'est une belle ville que je ne connaissai­s pas. Il fait gris à Paris, ici, tu vois le ciel bleu, la mer, la montagne... Je souris tout seul en regardant le soleil et les palmiers (rires).

Vous aimez mettre l'ambiance dans le vestiaire. Votre chanson de bizutage a fait parler...

(rires) J'aime bien qu'il y ait de la vie dans un vestiaire. La joie de vivre fait partie de ma personnali­té. Je ne chante pas toujours mais j'aime fédérer le groupe.

Des coéquipier­s vous ont impression­né ?

Je connaissai­s Youcef (Atal), Pierre (Lees-Melou) aussi, je l'avais félicité après son superbe match à Reims la saison dernière d’ailleurs. Il m’avait impression­né. Hicham (Boudaoui) m'a surpris, il sent le foot. Kasper (Dolberg) aussi. Quand tu le vois, t'as l'impression qu'il s'en fout. Mais il fait toujours le bon geste, le bon décrochage, il est toujours serein et très propre. Khephren (Thuram) est jeune mais il a la force tranquille d'un ancien. Pedro (Brazao), Yannis (Hamache) sont de bons jeunes aussi. Il y a vraiment un groupe de qualité.

Vous avez déjà des affinités avec certains ?

Lors des repas, je suis souvent le plus vieux à la table des jeunes (sourire). Je suis content de voir qu'ils ont la chance d'être dans un groupe pro. Et si je peux les aider, il faut que je le fasse.

Ce serait quoi une saison réussie ?

Il ne faut pas se fixer de limites. Ça se passe dans la tête. Avec de la déterminat­ion, on peut soulever des montagnes. Une anecdote me l'a rappelé avec Reims l'an passé, à Paris. Des mecs pensaient que c'était inutile de jouer, que c'était perdu. On était quatre à y croire : Abdelhamid, Disasi, Dia et moi. J'ai dit aux gars : "PSG ou pas, on est  contre . Vous ne voulez pas y croire, vous allez voir !" On a gagné - et j'ai marqué. Il faut se donner à fond, tout en restant lucide.

Les supporters vous ont plutôt bien accueilli sur les réseaux...

Je suis un peu ce qu'il se dit sur Twitter. C'est plaisant de savoir le public avec nous. Une saison c'est long. C'est à la fin du bal qu'on paye les musiciens, donc à la fin de mon aventure avec Nice que l'on jugera mes performanc­es.

Je ne me fixe jamais de limites ”

Vous pouvez être sélectionn­é avec la Côte d'Ivoire, le Mali, la France. Vous y pensez ?

J'ai été approché par la Côte d'Ivoire, mais ils ont déjà un latéral gauche avec Ghislain Konan. Une sélection, c'est un grand plus dans une carrière. Mais j'ai  ans, j'ai besoin de faire des saisons pleines en club d'abord. J'ai besoin de me stabiliser dans mon club, ne pas m'éparpiller.

Lees-Melou m’avait impression­né ”

Vous regarderez la finale de Coupe de France PSG - SaintEtien­ne ?

Évidemment. Une victoire de Paris nous emmènerait en Coupe d'Europe, ce serait cool de jouer la Ligue Europa. Pour tout le club.

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(Photo OGCN Médias)
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