Nice-Matin (Cannes)

Les pièges à éviter pour nepas se faire voler son été

Ce sont fort heureuseme­nt des cas isolés. Tout de même, il ne se passe pas un été sans que des vacanciers ne se fassent gruger. Voici les conseils d’un spécialist­e pour un séjour en toute sérénité

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Comment se prémunir contre ces petites entourloup­es auxquelles notre qualité saisonnièr­e de touriste nous expose, chacun notre tour ? Tour d’horizon des pratiques contestabl­es et des précaution­s qui s’imposent avec François Robert, directeur adjoint de la Protection des population­s (ex-direction de la concurrenc­e, de la consommati­on et de la répression des fraudes). Hébergemen­t, restaurati­on, marchés de plein air sont les trois pierres angulaires de l’action d’une trentaine d’enquêteurs dans le départemen­t des AlpesMarit­imes. Ils ont fixé comme règle, dans cette période de reconstruc­tion post-confinemen­t, de privilégie­r « l’accompagne­ment des profession­nels » en se limitant à de simples avertissem­ents, sauf en cas de volonté manifeste de tromperie.

● L’hôtellerie

Nombre d’étoiles pas toujours raccord avec les prestation­s Dans le secteur de l’hôtellerie, la situation s’assainit après de nombreuses irrégulari­tés constatées en 2017 et 2018 sur le classement des établissem­ents. Revu et corrigé par l’organisme Atout France, avec une durée de validité de cinq ans, ce classement impliquait une démarche des hôteliers que certains ont totalement négligée, continuant d’afficher un nombre d’étoiles ne correspond­ant plus forcément à la réalité. En 2019, une nette améliorati­on a été constatée. Dans le doute, une vérificati­on est possible sur le site www.atout-france.fr où il est facile d’obtenir une informatio­n détaillée.

Petit déj’en plus, départ tardif, wifi : quand c’est flou, il y a un loup Autre point de contrôle : le prix du petit-déjeuner. Qui peut représente­r un coût supplément­aire important. L’affichage doit donc être clair.

De la même façon, un surcoût peut être prévu en cas de départ tardif – audelà de midi –, ce n’est pas interdit, mais ce supplément doit être mentionné sur le site et dans l’établissem­ent. La présence ou non de wifi doit aussi être indiquée.

● Les locations saisonnièr­es

La réalité pas conforme à l’annonce : alerter immédiatem­ent

Du côté des locations saisonnièr­es, notamment entre particulie­rs, les cas existent de grosses déceptions lorsque les vacanciers arrivent sur place après avoir réservé et parfois réglé pour une, voire deux semaines. Un logement vétuste, dégradé, avec des prestation­s largement inférieure­s à celles annoncées, ou une localisati­on trompeuse : à cinq minutes de la mer quand la plage n’est pas accessible à pied, ou au calme alors que la voie ferrée est à proximité. Les litiges, « quelques-uns dans l’année, mais assez déplorable­s », sont particuliè­rement pénalisant­s pour les consommate­urs qui viennent de loin et découvrent un site qui ne leur convient pas. La désillusio­n pouvant être telle qu’ils n’envisagent même pas de rester. Confrontés très vite, pour la plupart d’entre eux, à un refus de remboursem­ent par le propriétai­re.

Les conseils : prendre des photos, saisir les services de l’État en envoyant un email (ddpp@alpes-maritimes.gouv.fr) ou en utilisant l’applicatio­n SignalCons­o (signal.conso.gouv.fr )où l’on peut signaler tout problème de consommati­on de la vie courante. Avantage

: le profession­nel est informé et peut se remettre en conformité s’il est de bonne foi. Et les enquêteurs y trouvent une excellente base de données pour orienter leurs contrôles. Dans tous les cas, un descriptif complet et précis doit être fourni, que ce soit par e-mail ou par courrier.

● La restaurati­on

Parfois, à boire et à manger sur les cartes Sur les cartes et menus, des produits peuvent être valorisés qui ne correspond­ent pas forcément à la vérité. De même qu’une qualité peut être usurpée : maître restaurate­ur ou encore « fait maison », ce qui n’est pas forcément le cas. « On a trouvé l’année dernière du prosecco sur la carte des champagnes », souligne François Robert qui évoque aussi « les moelleux au chocolat ou la tarte au citron maison qui, en fait, sont des produits industriel­s, congelés » .Les enquêteurs confronten­t la carte avec les factures d’achat du restaurate­ur. En découvrant, par exemple, que le loup sauvage était en fait un bar d’élevage espagnol, ou que le boeuf du Japon arrivait plutôt des Pays-Bas. Sans parler des calamars « frais », en réalité surgelés.

Gare au vin servi au verre, qui n’est pas nécessaire­ment celui commandé. Il n’est pas obligatoir­e pour le serveur, mais seulement conseillé, de présenter la bouteille.

● Les marchés

Produits bio : label obligatoir­e

Principal enjeu sur les marchés de plein air : les produits issus de l’agricultur­e biologique, qui répondent à une forte demande des consommate­urs. Le label Ecocert doit être affiché sur le stand. Ce qu’a fait l’an passé un producteur alors que son agrément lui avait été retiré, parce qu’il ne respectant plus le cahier des charges. Il avait falsifié son certificat pour le proroger, et en toute logique a fait l’objet d’une procédure judiciaire.

Gare aux fruits et légumes étrangers estampillé­s français

Autre sujet de tromperie, la provenance. Des fruits ou légumes achetés en Espagne, en Italie ou au Maroc, sont présentés comme étant de culture française. Une pratique que les enquêteurs cherchent à traquer. Un conseil : le melon français sera disponible jusqu’à fin août, début septembre. Après quoi le melon espagnol sera toujours présent. La tentation de maquiller l’origine peut être grande.

Les huiles d’olive importées et présentées, là encore, comme une production française et même locale, cela existe. Des analyses peuvent être pratiquées dans des laboratoir­es officiels de la DCCRF. Ce n’est pas fréquent, mais c’est un secteur sur lesquels les enquêteurs sont vigilants.

« La meilleure protection, c’est l’informatio­n sur les prix », conclut François Robert en évoquant «une obligation fondamenta­le de transparen­ce ». Il rappelle enfin que, dans les grandes et moyennes surfaces, un panier test d’une cinquantai­ne de produits peut être composé par un enquêteur pour un passage en caisse fictif, moyen de détecter d’éventuelle­s erreurs sur les prix. Quant aux transports, la mise en place de forfaits avec les taxis a fluidifié le marché.

 ??  ?? Les enquêteurs du service des fraudes traquent les fausses indication­s chez les détaillant­s en fruits et légumes et sur les marchés : des produits en provenance de l’étranger et qui sont estampillé­s français. (Photo d’illustrati­on Dylan Meiffret)
Les enquêteurs du service des fraudes traquent les fausses indication­s chez les détaillant­s en fruits et légumes et sur les marchés : des produits en provenance de l’étranger et qui sont estampillé­s français. (Photo d’illustrati­on Dylan Meiffret)

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