Nice-Matin (Cannes)

Les Nuits du Suquet migrent sur la terrasse du Palais

Pour cette nouvelle édition délocalisé­e au Palais en raison de la crise sanitaire, le piano sera à l’honneur à Cannes lundi soir avec une performanc­e de Dimitri Naïditch

- PHILIPPE DEPETRIS

Artiste reconnu de la scène musicale française et européenne, aussi investi dans le répertoire classique que dans le jazz, Dimitri Naïditch est un pianiste classique d’exception. Titulaire de quatre premiers prix du conservato­ire de Kiev et de plusieurs grands prix internatio­naux, il est aussi un authentiqu­e musicien de jazz qui sillonne le monde depuis 30 ans en se produisant en solo, en soliste avec orchestre ou avec des partenaire­s prestigieu­x. Interview.

Comment avez-vous composé le programme de cette soirée ?

Ce concert reflète mon parcours de ces dernières années consacrées à un travail sur la dualité entre le classique et le jazz qui sont mes deux centres d’intérêt. Il ne s’agit aucunement pour moi de m’emparer d’oeuvres classiques pour les transforme­r en jazz. Je souhaite porter le regard d’un artiste contempora­in sur l’approche d’un langage qui met en avant la liberté que l’on trouve dans le jazz et qui a existé dans le classique. Pour exprimer mon amour de ces musiques j’y intègre des éléments improvisés en conservant tout le respect que j’ai pour l’oeuvre originale.

Qu’est ce qui caractéris­e cette approche ?

J’aime m’affranchir de la pesanteur et de la pression de perfection qui existe autour de la musique classique, et qui déshumanis­e parfois l’interpréta­tion et peut donner des lectures lisses et sans intérêt. Libérer la créativité est aussi pour moi une manière d’exprimer le sens profond des oeuvres que j’interprète et de libérer les énergies. Et cela pour tous les compositeu­rs que je vais évoquer seul à mon piano. Mozart bien sûr qui sera le point de départ, mais aussi les romantique­s comme Schubert, Schumann, Liszt, Scriabine et pour aller jusqu’à Debussy. Pendant cette période totalement déroutante du confinemen­t, j’ai travaillé sur plusieurs enregistre­ments avec un CD inspiré par Bach qui est sorti et d’autres autour de Mozart et Liszt qui seront disponible­s à l’automne. Et cela va continuer dans ce sens.

Vous préférez le disque ou le concert ?

La capacité d’improviser donne une liberté enivrante et fait du concert un moment de spontanéit­é privilégié. J’adore ces moments où je peux communique­r avec le public, où il y a un échange extraordin­aire d’énergie entre l’artiste, les cieux et les spectateur­s, une sorte d’alchimie qui peut parfois être magique. Au contraire du concert qui est éphémère, l’enregistre­ment c’est différent. C’est moins naturel, mais cela permet de cristallis­er et de fixer les choses dans le temps. Dans un cas comme dans l’autre, ce qui est important, c’est que la musique nous pénètre, nous forme et nous transforme. Le disque, c’est aussi l’occasion de revivre des émotions partagées. Ainsi, l’année prochaine, nous allons sortir un enregistre­ment qui s’appelle « Alchimia », que nous avons gravé avec Patricia Petibon et Didier Lockwood peu avant le départ de Didier. Je vais aussi me consacrer à un travail autour de la musique traditionn­elle ukrainienn­e qui est celle de mes origines.

Prix des places de 10 à 30 euros.

Rés. : Billetteri­e du palais des Festivals et des Congrès esplanade Georges Pompidou. Rens. 04.92.98.62.77.

Par internet www.cannestick­et.com

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Dimitri Naïditch sera sur la scène de « Terrasse on air » ce lundi  juillet à  h . (Photo PH. D.)

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