Une fracture du poignet n’est jamais anodine
Repositionner l’os et le maintenir avec des broches
Une fracture du poignet peut survenir à tout âge mais les conséquences seront différentes. « Chez un jeune, il s’agira la plupart du temps d’un traumatisme dit de haute énergie dû par exemple à un accident, à la pratique d’un sport, etc., commente le Dr Valérie Matter-Parrat, chirurgien de la main à l’IM2S (Institut monégasque de médecine du sport). Chez le sujet âgé, elle peut être le résultat d’une simple chute. En tombant, la personne va mettre les mains par réflexe mais chez elle, l’os est bien souvent déjà fragilisé par l’ostéoporose. D’où le fait qu’il se casse plus facilement. A la consultation, il sera primordial d’interroger le patient pour identifier la cause : a-t-il eu des vertiges ? Souffre-t-il de problèmes cardiaques ? Etc. La consultation pour la fracture du poignet peut être une porte d’entrée pour contrôler l’état de santé général et trouver d’éventuelles pathologies qui n’avaient jusqu’alors pas été identifiées. »
Un plâtre quand il n’y a pas de déplacement
La manière de soigner la fracture va dépendre de chaque situation. Lorsqu’elle est nette, elle est en toute logique plus facile à prendre en charge. « S’il n’y a pas de déplacement, il suffira d’immobiliser le poignet avec un plâtre. On procédera à des contrôles à 3 et à 6 semaines, indique la spécialiste. En revanche, s’il y a un déplacement, l’opération est indiquée. Le traitement chirurgical par ostéosynthèse va consister à repositionner correctement l’os et en le maintenant avec des broches (il faudra alors immobiliser) ou des plaques avec des vis. » L’avantage de cette dernière méthode est qu’il n’y a pas d’immobilisation mais surtout que le patient va pouvoir bouger rapidement après l’intervention. « Une fois l’os consolidé – au bout de 6 mois plus rien ne bouge –, on peut retirer les plaques chez le patient jeune (elles peuvent parfois causer une rupture de tendon). En revanche, chez un sujet âgé, on peut les laisser, cela ne pose pas de problème », précise le Dr Matter-Parrat.
L’arthroscopie au secours du diagnostic
« En présence d’une fracture qui n’est pas nette, qu’il
y a un déplacement, plusieurs morceaux, l’arthroscopie est utile au diagnostic. Le fait d’aller observer l’intérieur du poignet grâce à ce procédé mini-invasif va permettre de repérer d’éventuels fragments au niveau de l’articulation et des lésions du ligament. Dans ce cas, on va poser plaques et vis (toujours sous arthroscopie) puis immobiliser le poignet pendant 6 semaines. »
Cela signifie que le patient ne pourra pas conduire de voiture
– pour une moto il faudra attendre 2 à 3 mois –, ne pas faire de sport ni de geste de force. « En revanche, il pourra faire une autorééducation douce : nous avons édicté un protocole avec des mouvements simples à faire qui permettent de mobiliser le poignet en douceur. Parfois, quelques séances de kiné vont être nécessaires, cela dépendra de la personne. »
Chez un sujet âgé souffrant d’ostéoporose, le chirurgien pourra opter pour des plaques et des broches afin de tout verrouiller avant une immobilisation. Globalement, l’utilisation de plaques en titane pour l’ostéosynthèse donne de très bons résultats, équivalents au retour à l’état antérieur. S’il est décidé d’enlever la plaque, l’intervention aura lieu au bout de 6 mois. « Après un an, un et demi, il est plus compliqué d’enlever une plaque parce que l’os se sera reformé autour », prévient le Dr Matter-Parrat. Il est donc important d’être correctement suivi et de ne négliger aucun rendezvous après l’opération. Sinon, ce ne sera pas forcément grave ; simplement vous n’aurez plus toujours la possibilité de faire enlever facilement les plaques.