Nice-Matin (Cannes)

Moreno s’en va... déjà

Sept mois après son arrivée et seulement 13 matches sur le banc, l’entraîneur espagnol a été démis de ses fonctions, hier, par la direction. C’est le quatrième coach remercié en 18 mois

- MATHIEU FAURE

Décidément, il ne faut pas s’attacher aux entraîneur­s quand on suit l’AS Monaco. Hier matin, après avoir dirigé une séance à La Turbie, Robert Moreno a été convoqué par sa direction. L’Espagnol pensait sans doute qu’on allait aborder le mercato à venir. Ou alors un petit débrief du match amical contre Bruges de la veille (2-0). Rien de tout ça n’était à l’ordre du jour puisque le Catalan a simplement appris qu’il était démis de ses fonctions, sept mois après son arrivée sur le Rocher. Une surprise pour tout le monde à commencer par le premier concerné qui, le 6 juillet, s’affichait encore avec Oleg Petrov, vice-président, et Paul Mitchell le nouveau directeur sportif du club pour la conférence de rentrée de l’ASM.

A ce moment, le message de Petrov était pourtant simple : « Nous avons fait beaucoup de changement­s mais ils étaient nécessaire­s. Désormais, il ne faut plus s’attendre à beaucoup de changement­s ». Douze jours plus tard, Moreno est débarqué avant même le début de la saison.

Mitchell pose sa marque

Sous contrat jusqu’en 2022, le coach espagnol et son staff vont partir avec un beau chèque (plus de 6 millions d’indemnité). Une habitude que le service comptabili­té du club commence à prendre puisqu’en moins de deux ans, Leonardo Jardim - par deux fois Thierry Henry et donc Robert Moreno auront quitté le Rocher avec une indemnité comportant beaucoup de zéros.

Une gestion du banc de touche qui interroge et qui questionne sur la globalité du projet. Dernièreme­nt, le club n’avait pas spécialeme­nt apprécié d’être critiqué sur la nature de son dessein par des anciens joueurs comme Danijel Subasic, Andrea Raggi et Adrien Silva. En interne, des joueurs se posent les mêmes questions, plus ou moins officielle­ment. Force est de constater que ce nouveau licencieme­nt ne va pas aider à bien faire comprendre, au grand public, les contours du fameux projet monégasque. Disons que l’instabilit­é chronique laisse... songeur.

Mais sur le papier, le débarqueme­nt de l’Espagnol correspond à une certaine suite logique. En débauchant le directeur sportif Paul Mitchell pour justement incarner et définir le projet monégasque, l’ASM s’est adjugé les services d’un homme qui planifie tout en amont. Et il semblait difficile pour l’Anglais de composer avec un coach qu’il n’avait pas choisi et qui ne correspond­ait pas forcément avec ses idées. Le remplaceme­nt de Moreno, bien que brutal, répond à une logique sportive sur le moyen terme. On avance avec ses gars sûrs en somme. Pour ce faire, il fallait avoir un autre CV sous la main. C’est le cas puisque le Croate Niko Kovac devrait prendre la suite selon une informatio­n révélée par L’Equipe.

La gestion de Slimani...

Restait à se séparer de Robert Moreno après seulement treize petits matches sur le banc. En janvier, la nomination de l’Ibère était une surprise puisqu’il n’avait jamais oeuvré en tant que numéro 1. À l’instar de Thierry Henry, c’était un pari et Oleg Petrov avait misé gros en se séparant de Leonardo Jardim pour miser sur Moreno. L’ancien entraîneur intérimair­e de l’équipe d’Espagne a surtout servi à redonner un peu de vie à un groupe qui semblait baigner dans la sinistrose avec Jardim. Une page enchantée en quelque sorte. En quelques semaines, Paul Mitchell, appuyé par la direction russe, a souhaité refermer cette page pour miser sur un entraîneur plus chevronné et d’un autre calibre. Que restera-t-il de Moreno en dehors du match nul prolifique du Parc des Princes de janvier (3-3) ? Pas grand-chose.

Des essais tactiques (4-3-3, 4-4-2, 43-1-2), une gestion de certains joueurs parfois hasardeuse (Slimani, Fabregas), une progressio­n collective loin d’être évidente, beaucoup d’analyses vidéos et un championna­t stoppé par la crise du Covid-19.

Comme souvent, tout ce qui était beau et novateur au lendemain du départ de Jardim est devenu, depuis l’annonce du licencieme­nt de Moreno, rébarbatif et sans intérêt. Une pratique courante dans le milieu du football.

Le timing de ce départ peut surprendre... mais existe-t-il un bon moment pour se séparer d’un coach ? Dans les faits, la saison n’a pas encore commencé, le marché des transferts est fermé et il reste près de cinq semaines au futur coach pour se familiaris­er avec son groupe avant la réception de Reims, le week-end du 2223 août. Le risque est donc mesuré et la fenêtre de tir presque idoine.

Par contre, il ne faut plus se tromper. Oleg Petrov, qui a choisi Paul Mitchell, ne pourra plus défendre son bilan si la greffe Kovac ne prend pas. Monaco repart donc d’une nouvelle feuille blanche avec un nouveau coach, un nouveau staff technique, un mercato qui va définir les contours de l’équipe et un directeur sportif qui, en moins d’un mois, aura déjà posé sa marque sur le club. « Ce changement de coach, c’est la dernière pièce du puzzle, maintenant on est prêt pour la suite », glisse-t-on en interne.

De son côté, Leonardo Jardim suit toujours l’actualité du club avec un certain détachemen­t. Hasard ou sens du timing machiavéli­que, le Portugais a posté une photo de lui, sourire aux lèvres et deux pouces levés, peu de temps après l’annonce par nos confrères de L’Equipe du départ de Moreno. Après tout, s’il y a bien quelqu’un qui connaît parfaiteme­nt la sensation de se faire débarquer de l’ASM, c’est bien lui.

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(Photo AFP) Robert Moreno victime du jeu à la mode sur le Rocher : les chaises musicales.

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