UNE VILLA D’EXCEPTION
À Vence, une famille originaire de Cologne nous a ouvert les portes d’un bijou d’architecture et de décoration. L’aboutissement de plus de 20 ans de chine, de soins et de passion.
Elle joue des ocres, charme le ciel, taquine le soleil. Son jardin paré d’un vert profond, méditerranéen, et de fleurs multicolores l’enveloppe comme un cocon. Un écrin où les sculptures monumentales signées Farhi sont reines, – autour d’une piscine immense – et donnent une touche très contemporaine à cette villa pourtant début XXe. D’une beauté surannée, d’une élégance exceptionnelle, elle se hisse sur les hauteurs de Vence. Mais juste pour mieux admirer le paysage, absolument pas par prétention.
Ici, on coule une vie douce. Simple, même. Familiale. On entre.
Il est rare que l’intérieur colle parfaitement à l’image que renvoie l’extérieur. Ici, c’est le cas. Immersion dans les années 30, au coeur d’un bijou Belle Époque décoré et entretenu pendant des années par un collectionneur invétéré, brasseur à Cologne. Avec amour. Il n’est plus de ce monde mais son épouse et ses enfants témoignent
(1) volontiers du temps béni où l’antre vençois se faisait abri de leurs plus chauds éclats de rire. De leurs vacances en France.
« Quand tu la vends, je te l’achète ! »
De grandes verrières, beaucoup de ferronnerie, du marbre, un damier noir et blanc, d’immenses fenêtres arrondies, des persiennes, des miroirs, de l’acajou, du noyer, de l’ébène, des carreaux de ciment... Il ne manquait que quelques éléments. Et Monsieur s’en était déjà rendu compte quand, un soir, il est invité à dîner en famille chez des amis qui vivaient là. Depuis la terrasse inondée du soleil de juillet, son épouse se rappelle : « Nous séjournions chaque année, depuis 1976, au Belles Rives, à Juan-lesPins, et nous avons donc découvert cet endroit un peu par hasard. Mon mari a tout de suite dit à notre hôte : quand tu la vends, je l’achète ! »
Le rêve deviendra réalité quelque temps plus tard. Au même moment que l’occasion d’enfin y lover tous ses trésors. Elle sourit : « Il faisait les brocantes depuis longtemps, les ventes aux enchères internationales. Il adorait les années 30, il lui fallait juste trouver le lieu que ses pièces sublimeraient. » Et vice versa.
Des moules à chapeaux, des affiches, des luminaires art déco, des meubles en bois précieux, en bois laqué. De longues céramiques qui s’alignent, des scénographies faites de mannequins et d’accessoires dans les coins et recoins. Une accumulation de cannes aux crosses gravées de lignes courbes et souples. En coup de fouet. On flirte avec l’art nouveau. Ça contraste avec la grande verrière art déco. Tout est soigneusement pensé, pesé, travaillé.
Le souhait de voir une autre famille s’y épanouir
Elle boit une gorgée de café dans sa large tasse en porcelaine. Et confie : « Il est décédé il y a trois ans. Je dois tourner la page. Nous avons eu de belles années ici et nous aurions gardé la maison si nous avions été tous les deux... mais aujourd’hui tout est différent. » Un peu plus tard, dans la cuisine – quasi professionnelle ! – tout en inox, la propriétaire concédera que c’est beaucoup de travail, une grande bâtisse comme ça. Qu’elle n’en a peutêtre plus l’énergie. En revanche, elle tient absolument à ce qu’une famille l’acquière. « C’est une maison qui a une âme. Elle doit vivre, être animée. On doit s’y réunir, s’y amuser. Comme nous l’avons
fait pendant plus de vingt ans. » Àcet effet, elle a confié les clés à une agence immobilière locale avec laquelle elle partage certaines valeurs. Et avec l’espoir que son précieux bien ne sera pas simplement un investissement.
1. Elle nous a ouvert les portes mais n’a pas souhaité que l’on donne son nom.