Kovac débarque
Licencié du Bayern Munich en octobre, le Croate Niko Kovac, passé par la Croatie et surtout Francfort devrait hériter du banc de l’ASM
Aquelques semaines près, le Croate Niko Kovac aurait retrouvé un visage familier à La Tur bie en la personne de Danijel Subasic puisque le premier a été le coach du second en équipe nationale entre 2013 et 2015. Annoncé comme successeur de Robert Moreno sur le banc monégasque par nos confrères de L’Equipe, le coach de 48 ans était libre depuis son départ du Bayern Munich en octobre dernier et devrait s’engager sur le long terme en Principauté. Sur le Rocher, Kovac devrait débarquer avec son frère Robert, ancien international croate également, comme adjoint et un staff qui pourrait être conséquent. Joueur au brillant parcours sur le terrain (plus de 80 sélections et des titres avec le Bayern Munich), l’entraîneur Niko Kovac est encore jeune dans le métier mais il a pour lui cette aura qui faisait sans doute défaut à Robert Moreno. Pourtant, malgré trois titres en 18 mois sur le banc du Bayern Munich, le futur coach de l’ASM reste sur un échec en Bavière.
Le club, difficile à appréhender, était sans doute trop gros pour lui à ce stade de sa carrière.
En octobre 2019, après une gifle reçue à Francfort (1-5), la première défaite par quatre buts d’écart concédée par les Bavarois depuis dix ans, Kovac est remercié par la direction bavaroise.
Une claque de fin qui semblait inéluctable après plusieurs couacs. Son problème : ne pas avoir réussi à poser sa griffe sur le jeu du Bayern, ce que son successeur Hansi Flick a su faire en quelques semaines redonnant de la joie à cette équipe qui, depuis, marche sur l’eau. On lui a aussi reproché sa gestion du vestiaire, parfois hésitante, notamment envers des forts caractères comme Thomas Müller.
A Francfort, il change tout en deux ans
Le meilleur passeur de la dernière Bundesliga (21 offrandes) n’a d’ailleurs pas épargné son ancien coach en début d’année avec une comparaison à la limite de la misogynie : « Si ta femme t’envoie faire des courses avec une liste, tu sais exactement quoi faire, a déclaré Thomas Müller. Mais si elle ne te donne pas de consignes claires, alors il y a des chances pour que tu restes face aux rayons et que le repas ne soit pas réussi. »
Au Bayern, ce n’est pas la première fois que le Croate se faisait vilipender publiquement. Troisième choix au moment de sa nomination en 2018 derrière Jupp Heynckes et Thomas Tuchel, Kovac va découvrir la pression bavaroise d’entrée.
Ainsi, quand il est questionné sur le mercato et les rumeurs autour de Leroy Sané, il n’hésite pas à jouer franc jeu dans Bild. « Nous savons que c’est un joueur dont nous rêvons. Le public le sait, nous le savons. Vous pouvez voir que le transfert n’est pas facile. Mais je sais que les personnes au club travaillent très fort pour y arriver. Nous ferons tout pour réaliser ce transfert ».
Une franchise qui ne passe pas auprès de Karl-Heinz Rummenigge, le boss du club qui s’empresse de rectifier le tir sur ZDF : « Je n’ai pas aimé ce qu’il a dit. Nous devons respecter les contrats que les joueurs ont signés dans d’autres clubs. Nous travaillons actuellement sur différents dossiers et on verra bien ce qu’il en ressortira. Mais ce genre de déclarations, qu’elles soient pessimistes ou optimistes, ne nous aident pas dans les négociations » .« J’étais peut-être trop choquant dans cette interview. J’ai parlé à Pep et je m’en suis excusé » dira dans la foulée, Kovac, toujours sur ZDF.
Avec un effectif sans commune mesure par rapport à la concurrence nationale, Kovac va s’adjuger trois titres avec le Bayern dans un schéma tactique principalement articulé autour d’une défense à quatre et un gros pressing.
Mais avant Munich, il y a surtout eu Francfort, un club qu’il a transformé en deux ans. A la limite de la relégation en 2016, l’Eintracht Francfort remporte la Coupe d’Allemagne... face au Bayern Munich en mai 2018. Kovac part la tête haute, heureux d’avoir su installer son 3-5-2 dense et agressif tout en gérant un drôle de vestiaire (Kevin-Prince Boateng, Jovic, Rebic).
Une vraie consécration pour celui qui n’avait pas franchement réussi son passage sur le banc de la Croatie entre 2013 et 2015 (élimination en poule au Mondial 2014 et remercié durant la campagne de qualifications pour l’Euro 2016).
Pressing, pressing, pressing
Surtout, il était passé à côté d’un poste sur le banc du RB Salzbourg en 2012 alors qu’il était l’adjoint du coach en place - Ricardo Moniz après deux ans à la tête de l’Academy.
Sur le papier, il avait tout du candidat idéal pour enfin lancer sa carrière, lui qui avait terminé sa trajectoire de joueur en Autriche après toute une carrière jouée en Allemagne. Mais le board décide de miser sur Roger Schmidt, un coach allemand qui sort d’une belle saison de Bundesliga 2 avec Paderborn. Vexé, Kovac quitte le club du jour au lendemain.
Un fort caractère Niko Kovac ? Possible même s’il prétend l’inverse. « En tant que joueur, j’étais très impulsif. Et je peux aussi l’être en tant qu’entraîneur, précise le technicien dans les colonnes de Socrates Magazin au moment de sa nomination au Bayern Munich. Seulement, en tant qu’entraîneur, j’essaie vraiment de faire preuve de calme. Des excès de nervosité et d’agressivité portent un effet négatif sur mon équipe. Je joue au football depuis longtemps, ce qui me permet de garder mon calme. »
Alors que les supporters de l’ASM ont eu du mal à encaisser le départ surprise de Moreno, non pas par attachement à l’Espagnol mais plutôt pour le flou que jette ce nouveau licenciement, ils rêvaient d’un Mauricio Pochettino ou d’un Marcelo Gallardo. Ça devrait être Niko Kovac. Un coach rompu au football allemand, tout comme Paul Mitchell. A l’inverse de Moreno, Kovac a tutoyé le très haut niveau en tant que joueur mais également en tant que coach. L’ASM souhaitait s’adosser à un coach avec plus de certitudes et de bouteille pour repartir de l’avant.
Avec quels objectifs ? Monaco aimerait retrouver l’Europe. Officieusement, la direction vise le podium, comme l’an dernier, et aimerait redevenir un club qui compte et fait peur en Ligue 1.
Le cahier de bord de Niko Kovac est donc simple a priori : beaucoup de travail au quotidien, des courses, de la discipline, du pressing, des choix forts au sein de l’effectif et un mercato ambitieux.
Pour ses premiers pas à La Turbie, le Croate devrait trouver un groupe dense (près de 40 joueurs sont susceptibles de s’entraîner avec le groupe professionnel) mais encore incomplet. Il lui restera alors près de cinq semaines pour préparer ses hommes tout en comptant sur Paul Mitchell pour dessiner au mieux l’équipe qui doit remettre l’ASM en ordre de marche. Le vice-président Oleg Petrov, lui, regardera ça avec un peu plus de distance. Quelque part, du nouveau triumvirat qui va guider le club dans les prochains mois, c’est lui le plus en danger. Car il n’a plus de jokers.
‘‘ Si ta femme t’envoie faire des courses avec une liste, tu sais exactement quoi faire. Mais si elle ne te donne pas de consignes claires, alors il y a des chances pour que tu restes face aux rayons et que le repas ne soit pas réussi” Thomas Müller à propos de Niko Kovac