Antoine de Maximy « J’ai la vie que je voulais »
Le « globe-squatteur » de J’irai dormir chez vous a entamé une tournée de présentation de son premier film J’irai mourir dans les Carpates. Notamment au Pathé de la gare du Sud, à Nice.
On s’en serait douté : outre sa chemise rouge, devenue, avec sa caméra vissée au ventre, sa marque de fabrique, Antoine de Maximy déboule avec... des béquilles ! À force d’écumer le vaste monde (quelque soixante pays) avec son programme culte J’irai dormir chez vous, l’intrépide réalisateur finit par y laisser des plumes.
Cote de popularité au zénith, à en juger d’après les réactions de ceux qui le reconnaissent au passage, il vient présenter en avant-première J’irai mourir dans les Carpates ,que l’on verra le 16 septembre au cinéma. Une fiction (produite par Julie Gayet et distribuée par Apollo films) qui sort des sentiers battus, du fait de son format documentaire aux allures de thriller. Le pitch : un accident sur une route montagneuse des Carpates. La voiture d’Antoine de Maximy (qui joue son propre rôle) a été emportée dans une rivière et son corps a disparu. À l’aide du matériel rapatrié à Paris, Agnès (Alice Pol), la monteuse de la série, décide de terminer ce dernier épisode. Mais après avoir visionné les images, des détails la troublent, le doute s’insinue. L’histoire n’est peut-être pas aussi simple... À l’image de notre bourlingueur du jour. Interview.
Comment se passe la tournée ?
C’est soutenu ! Mais ça fait plaisir de contribuer à rouvrir les salles. Car ça redémarre enfin, mais en plein été, alors que tout le monde en a marre d’être dedans. Donc je suis très content, comme la tournée cartonne, de participer au retour des spectateurs.
Avez-vous des souvenirs liés à notre région ?
En , j’ai été balayeur à la station de ski d’Isola ! J’étais chargé de l’entretien de la galerie marchande. Et ce qui a été formidable, ça a été, après quatre mois passés là-haut dans la neige, de descendre à Nice, et de découvrir subitement l’été en bas. Un souvenir fort !
Pourquoi ce film ?
Dans les épisodes de J’irai dormir chez vous, j’ai une fois sur trois une séquence un peu tendue. Et une fois sur dix très tendue, comme la fusillade dont j’ai été témoin à Sainte-Lucie. Je me suis demandé : si un jour ça dérapait, ce qui pourrait se passer ?
Ça a trottiné dans ma tête, et fin , j’ai décidé d’écrire un film.
Pour quelle raison a-t-il vu le jour seulement aujourd’hui ?
La mécanique, les rebondissements de l’histoire sont venus très rapidement. Mais je manquais de temps et, surtout, personne n’était prêt à financer ce truc bizarre.
Un ovni ?
Pour trouver des gens qui mettent euros sur un projet qu’ils n’arrivent pas à visualiser, c’est compliqué. Puisqu’il s’agit d’une fiction pour le cinéma, avec des comédiens, un scénario. Mais qui repose sur une émission de télé qui existe et qui montre une réalité.
Vous avez fait une campagne de financement participatif ?
Décisive ! Le mai , on est parti de zéro, et moins d’un an après, le film était tourné. C’est rarissime ! En trois semaines, j’ai parcouru seul kilomètres, et fait plus de deux heures d’intervention sur scène chaque jour pour expliquer aux gens mon idée. Et on a recueilli euros !
Alice Pol et Max Boublil ont été très réactifs, également ?
Max [qui joue le rôle d’un policier sentimental et maladroit, ndlr] a non seulement dit oui tout de suite, mais il a été emballé ! S’agissant d’Alice, son agent a dû insister pour qu’elle lise vite car j’étais déjà en tournage. Notre premier contact a été par Skype. Et en trente secondes on est devenus potes.
On voit de sacrées gueules dans ce film, vrais comédiens, ou gens du cru, en Roumanie ?
À l’exception du couple de paysans, que j’avais rencontré lorsque j’avais tourné en en Roumanie, ce sont tous des comédiens. Tout était carré, millimétré. Les indices qu’Agnès découvre au fil du film, lorsqu’elle se repasse des images, on le voit une première fois, sans l’avoir relevé. Plein de gens vont retourner voir le film, pour vérifier que c’était là !
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J’ai été balayeur à la station de ski d’Isola !”
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Max Boublil a été tout de suite emballé par mon idée”
Comme on l’a redécouvert dans J’irai rajeunir chez vous, vous avez été reporter de guerre. D’où cette opiniâtreté ?
Ça vient de plus loin. Mes parents qui étaient peintres, ont réussi à élever quatre gosses sans gagner grand-chose. Et ils ont fait des oeuvres exceptionnelles. Ma mère a réalisé des tableaux sur des cagettes de marché, et mon père a fait un dessin avec de très petits traits sur mètres de long. Donc c’étaient des gens originaux et qui avaient de la constance. Et j’ai baigné là-dedans. Une chance.
C’est à cela que vous carburez ?
La vie m’amuse, j’ai celle que je voulais. Mais comme j’ai fait peu de concessions sur mon indépendance, j’ai payé le prix. J’ai tracé ma route seul. Sans regrets. Sans la brûler non plus par les deux bouts comme Jack London, mais au contraire en gérant, parce que j’ai envie que ça dure !