Nice-Matin (Cannes)

Les intermitte­nts sauvent l’été musical

La Ville a choisi d’engager des musiciens pour compenser l’annulation de Jazz à Juan. Un choix qui sauve bon nombre d’artistes qui étaient en difficulté faute de dates et de salles

- ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Deux festivals de jazz d’été, deux conception­s différente­s... Le Nice Jazz Festival a choisi de s’étaler sur quatre soirées en proposant une véritable affiche de jazz française au théâtre de verdure : Dédé Ceccarelli, Sylvain Luc, Richard Galliano, Lionel et Stéphane Belmondo, Liz Mc Comb...

« Une très belle affiche, reconnaît Philippe Baute directeur de l’office de tourisme de la cité des Remparts et organisate­ur de Jazz à Juan. Nous ne pouvions pas, faute d’infrastruc­tures, faire la même chose. Très honnêtemen­t, on a même bien failli ne rien faire. Puis on a choisi de proposer une scène, installée dans la petite pinède de Juan, à des musiciens qui avaient besoin de vivre. Parce que c’est aussi notre mission. Le maire nous a soutenus. On a dégagé un budget de 100 000 euros pour douze concerts entre juillet et août. Et ça marche plutôt bien. »

Si au théâtre de verdure de Nice, ce ne sont que des musiciens de renom qui se sont produits, «à Antibes, c’est un choix, je le répète, de faire tourner ces artistes que nous avons découverts lors de Jammin’Juan, notre marché hivernal du jazz. Ce sont des talents émergents qui seront peut-être programmés sur la grande scène. Des musiciens qui sans nous, n’auraient pas eu de contrats cette année. On ne leur a pas dit venez jouer pour rien, on vous offre une scène. On a préféré les rémunérer à leur mérite parce que ce sont des musiciens brillants que Juan doit défendre. Chez nous, tous les artistes sont payés, logés, nourris. Le cachet artistique est négocié à chaque fois à sa juste valeur. Tous les intermitte­nts du spectacle qui se produise dans les rues d’Antibes ont aussi un salaire, certains au tarif syndical de 150 euros par musicien. Ils sont aussi nourris par l’office de tourisme. Les spectacles de rue sont assurés par des musiciens de la région à qui on rembourse même les frais de parkings. Ici, nous respectons les intermitte­nts », ajoute le directeur de l’office de tourisme.

Plus de 50 musiciens

Entre Jammin’Juan et le jazz dans les rues d’Antibes, ce sont plus de 50 musiciens que l’office de tourisme sauve d’une situation difficile. « Juan est notre première scène. Avec la crise sanitaire on a bien cru qu’on ne pourrait jamais plus jouer », explique le leader du groupe Ishkero première grosse révélation de Jammin’Juan.

Greg Lampis, saxophonis­te du groupe R-Saj qui se produit en ville, reconnaît lui aussi que le mini festival organisé a sauvé sa saison. « Ils ont trouvé la meilleure parade au fait de ne pas pouvoir accueillir du public dans la Pinède-Gould pendant le festival, en proposant un spectacle populaire et en nous faisant tourner dans les rues. En tant qu’artiste j’avais une tournée prévue de mai à août. J’ai perdu 35 dates à cause de la crise sanitaire. Avec R-Saj nous avons aussi réussi à limiter les dégâts en obtenant huit contrats pour l’été, principale­ment avec Antibes mais aussi grâce aux Estivales du Départemen­t. » Reste que les conditions d’accueil du public ne sont pas les mêmes partout. À Nice au théâtre de verdure, le festival s’est joué avec un public obligatoir­ement masqué. « À Antibes, on suit à la lettre les règles gouverneme­ntales : le gel, la distanciat­ion avec deux cents places assises mais le port du masque est juste recommandé. »

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La scène de Jammin’Juan estival peut accueillir jusqu’à  personnes tous les mercredis et vendredis à  heures. (Photos R. Y.)

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