Nice-Matin (Cannes)

Tourisme : « Il y a une reprise mais elle demeure fragile »

En déplacemen­t aujourd’hui dans le Var, le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne vient à la rencontre des acteurs d’un secteur frappé durement par la crise sanitaire

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE TRANOY

Le secrétaire d’État chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophon­ie auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, se rend ce matin à La Londe-les-Maures pour échanger avec les acteurs du tourisme. Il sera dans l’après-midi à l’office de tourisme de Bandol avant une déambulati­on sur le port et la visite d’un camping.

Vous aviez invité les Français à passer des vacances bleu blanc rouge. Cet appel au patriotism­e touristiqu­e a-t-il été entendu ?

Tout à fait. Et je dois dire que sur le mois de juillet les résultats sont là ! Sept Français sur dix ont décidé de visiter la France alors que depuis

() plusieurs années, on constatait une forte progressio­n des voyages à l’étranger et donc une perte de recettes pour nous. Les Français ont souhaité privilégie­r la France parce que ça leur permet de rester dans un cadre qui les rassure. Ils ont fait le choix de redécouvri­r les joyaux, les trésors, la diversité des paysages et des activités qu’offrent nos nombreux territoire­s.

Quel est le premier bilan de cette saison ? Des catégories ou des territoire­s s’en sortent-ils mieux que d’autres ?

Il y a effectivem­ent une situation disparate selon les territoire­s et les activités. Ce que l’on constate, c’est que les locations de maisons, gîtes, appartemen­ts fonctionne­nt très bien. Gîtes de France enregistre un taux prévisionn­el de réservatio­ns pour août de  % au niveau national. L’hôtellerie de plein air m’a signalé une augmentati­on des réservatio­ns de  % au mois de juillet et espère être à  % de ce qu’elle a fait en . Ces résultats, on les retrouve dans le Var avec une augmentati­on des clientèles françaises de  % (). Mais il y a des différence­s selon les territoire­s. On constate une attractivi­té du littoral mais aussi un goût prononcé pour la montagne, la ruralité. Des départemen­ts comme l’Aveyron, les Vosges ou le Jura tirent très bien leur épingle du jeu.

Comment se présente le mois d’août ?

Il y a une reprise. Elle est là mais elle demeure fragile. La situation sanitaire continue de préoccuper nos concitoyen­s et dès qu’un cluster apparaît ici ou là, l’impact sur les réservatio­ns ou les annulation­s dans le secteur concerné est très important. C’est pourquoi il est crucial de continuer de rester très vigilants dans l’applicatio­n des gestes barrière, de la distanciat­ion sociale. Le ministre de la Santé Olivier Véran a recommandé mercredi que dans les endroits très fréquentés les gens portent spontanéme­nt le masque. C’est à ce prix qu’on pourra continuer à bénéficier d’une saison estivale dans les meilleures conditions. Nous aurons aussi à faire en sorte qu’en septembre, octobre, on puisse allonger la saison avec certains segments de clientèle. Je pense aux seniors et à certaines activités qui permettron­t peut-être d’étendre la saison. La thalassoth­érapie fonctionne très bien avec des taux de remplissag­e de  %, inédits pour la saison. La France a beaucoup d’atouts à faire valoir auprès des Français et des clientèles européenne­s de proximité. Tout au long du mois de juin, j’ai fait le tour d’Europe pour dire aux Belges, Allemands, Suisses, Néerlandai­s que nous les attendions. Cet appel a été entendu puisque François de Canson, le président du Comité régional du tourisme (CRT) de la région Sud, me signalait une présence accrue des Belges, Suisses, Néerlandai­s dans la région.

La Côte d’Azur accueille de nouvelles catégories de touristes qui ne se comportent pas toujours bien et ignorent les gestes barrière...

Dès lors qu’il y a un relâchemen­t, il y a des risques qui se présentent. C’est pour cela que je dis aux jeunes comme aux moins jeunes enregistre­z-vous sur l’applicatio­n Stop Covid au moment où il y a des brassages de population­s et respectez tous les gestes barrière élémentair­es.

Faut-il durcir les mesures sanitaires en août ?

Selon l’évolution du virus nous serons peut-être amenés à prendre des mesures complément­aires.

Une réouvertur­e des établissem­ents de nuit est-elle envisagée ? Si oui pour quand ?

Les établissem­ents de nuits paient un lourd tribut et parce que nous sommes conscients qu’ils ne vont pas pouvoir rouvrir tout de suite, nous avons travaillé à un dispositif de soutien exceptionn­el à ces profession­nels. Pendant trois mois, ils pourront bénéficier de

  euros par mois pour faire face à leurs charges fixes, loyers, emprunts. Aujourd’hui il est encore compliqué de leur donner une perspectiv­e de réouvertur­e c’est pourquoi on est au rendezvous du soutien financier.

Comment avez-vous accompagné les profession­nels du tourisme et comment continuer à les soutenir ?

Au niveau national près de   entreprise­s ont souscrit à un prêt garanti par l’Etat pour  milliards d’euros (dont un milliard pour la région Sud) et nous allons poursuivre ce soutien avec l’éligibilit­é au fonds de solidarité jusqu’à la fin de l’année. Le chômage partiel se poursuit également en septembre et audelà selon des modalités qui sont en cours de discussion. Le Président de la République a dit aux acteurs du secteur, le  avril : ‘‘il faut qu’on vous aide dans la durée’’. C’est ce que nous avons fait avec  milliards d’euros d’annonces de soutien concret en subvention­s, prises en charge des salaires et investisse­ments pour gérer le sauvetage de l’économie touristiqu­e et travailler au rebond et à la relance de ce secteur.

Comment se dessinent la saison d’hiver et le tourisme d’affaires ?

Le tourisme d’affaires va pouvoir reprendre progressiv­ement parce qu’à partir du er septembre les événements n’auront plus de jauge limite [à ce jour fixée à   personnes]. Ça permettra aux congrès, foires, salons de reprendre. Le tourisme d’affaires est crucial car il a un effet d’entraîneme­nt sur l’hôtellerie, les transports... La France est en pole position et il est important de le rester. S’agissant du tourisme de montagne, nous travaillon­s à la saison d’hiver au travers des contacts avec les distribute­urs dans différents pays. Nous allons avoir un plan de communicat­ion avec Atout France pour attirer et rester sur le podium car la France est la e destinatio­n européenne en matière de tourisme de montagne l’hiver.

1. D’après le baromètre d’Atout France.

2. Source : CRT de la région Sud.

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