Nice-Matin (Cannes)

Féminicide : le fatal retard de la mère de famille

La mère de famille de 28 ans est rentrée chez elle avec un léger retard, déclenchan­t la furie meurtrière de son compagnon qui n’a qu’un souvenir partiel des faits. Il risque la perpétuité

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

J’ai entendu des cris aigus. Il était environ 11 h 30. Je passais l’aspirateur, je ne suis pas descendue. L’été, on vit fenêtres ouvertes, il y a du bruit… » témoigne, abasourdie, une voisine résidant au 5e étage. Très loin de se douter du drame qui survenait juste à l’étage en dessous.

On en sait un peu plus sur les circonstan­ces du crime atroce survenu jeudi à l’heure du déjeuner dans un logement au 4e étage du n°25 de la rue Jean-Gras, dans le quartier de la Bocca, à Cannes. L’enquête s’est employée ces dernières heures à recomposer l’effroyable scénario qui a conduit à la mort d’une jeune maman de 28 ans, poignardée par son conjoint. Le père de leur bébé de 14 mois.

Une petite demi-heure

Ce qui se fait jour, ce sont les causes dérisoires de ce soudain déchaîneme­nt de violence. Caissière de supermarch­é, la jeune maman, attendue à 11 heures par son conjoint, est rentrée du travail avec un léger retard. Une petite demi-heure tout au plus. Son compagnon l’attendait avec impatience. Une légère dispute débute sur le palier.

Jalousie ? Suspicion ? Difficile de l’établir. « Il a un souvenir partiel des faits » a indiqué Fabienne Atzori, procureur de Grasse.

Lors de son interrogat­oire, l’homme de 32 ans s’est souvenu, une fois dans le logement, avoir secoué sa compagne. Celle-ci a ensuite eu un geste de défense. C’est à ce moment-là qu’il a pris un couteau. Il reconnaît lui avoir porté des coups dans le bras et dans le coeur. Leur nombre reste à déterminer par l’autopsie de la malheureus­e. Mais il y en a eu « beaucoup ». D’après les premiers éléments, qui restent toutefois à vérifier par les analyses toxicologi­ques, il n’était ni alcoolisé ni drogué.

La jeune femme, qui a dû chercher à fuir, a succombé sur le palier à ses nombreuses blessures.

Devant le juge d’instructio­n aujourd’hui

L’agresseur s’est alors présenté de lui-même au commissari­at de Cannes, sa fillette dans les bras. Le bébé a-t-il été témoin de l’horrible scène ? « Si c’est le cas, ce sera une circonstan­ce aggravante », précise le procureur.

Toujours en garde à vue, l’auteur sera présenté aujourd’hui à un juge d’instructio­n à Grasse pour meurtre sur conjoint, et sera placé en détention. Pour ce féminicide odieux, il encourt la réclusion à perpétuité.

 ?? (Photo Gaëlle Arama) ?? Le jeune couple qui vivait au e étage de cet immeuble de la Bocca allait bien. Rien n’aurait pu laisser présager un tel acte.
(Photo Gaëlle Arama) Le jeune couple qui vivait au e étage de cet immeuble de la Bocca allait bien. Rien n’aurait pu laisser présager un tel acte.

Newspapers in French

Newspapers from France