À Valbonne, derrière un commerce, il y a un visage
Cinquante volontaires ont posé pour le photographe Sylvain Santoro. Des portraits en noir et blanc réalisés dans le cadre sombre de l’abbaye pour un focus artistique et solidaire
Un studio de photo éphémère au coeur du dortoir habitait jadis par des moines chalaisiens. Sous les voûtes séculaires fermées au public, Sylvain Santoro tire le portrait des commerçants de la commune. Un cadre sobre, sombre qui impose une ambiance forte. Le photographe a habillé les vieilles pierres de tentures noires, pour jouer avec les flashes sur les traits et les émotions de ces modèles d’un moment. Coiffeurs, fleuristes, restaurateurs, fromagers : une cinquantaine de modèles ont dit oui à cette proposition « qui n’est pas une pub. » Mais une mise au point artistique et focus solidaire pour ce valbonnais qui veut créer du lien entre les habitants et leurs commerçants.
« Cela a commencé pendant le confinement et ses retombées. Je me suis demandé qu’est-ce que je peux faire localement ? On passe devant les boutiques mais on ne connaît pas celui qui est derrière. La plupart sont sur les réseaux, mais ils parlent ou postent des photos des lieux, pas d’eux. Je suis créateur d’images, J’ai eu envie de capter l’homme, saisir les personnalités. »
Vers une exposition en septembre
Une opération décalée pour deux objectifs qui se sont très bien combinés ? « J’ai contacté la municipalité qui avait la volonté d’agir aussi, on s’est retrouvé sur ce projet. La mairie poste les portraits semaine après semaine, sur ses réseaux sociaux, durant tout l’été. Une opération qui conduira à une exposition certainement, salle Saint-Esprit en septembre et ensuite chaque commerçant qui a accepté de poser, aura son tirag e.» Poser n’est pas naturel pour tout le monde... «C’est vrai que tout le .» Beaucoup de souplesse lors de ces séances ? « Je ne les dirige pas, je ne veux pas de postures figées donc je laisse beaucoup de liberté, également pour le choix de la photo qui sera publiée. Parfois je conseille une photo plutôt qu’une autre mais uniquement sur le côté technique, car c’est personnel et je comprends cela à deux cents pour cent. » Le noir et blanc pour aller avec l’austérité et la sérénité de l’abbaye ? « L’endroit est incroyable, c’est une découverte. Le noir et blanc c’est parce que je suis un féru de cinéma et fan d’Orson Wells ou de l’expressionnisme allemand, alors j’ai eu envie d’utiliser ces nuances et cette sensibilité. J’utilise une focale longue, ainsi tout le monde est rassuré, la distanciation est respectée. »
artiste peintre adorait prendre des photos et chez mes grands-parents je fouillais avec plaisir dans les boîtes à chaussure où étaient rangées les photographies de famille, argentiques à l’époque. J’ai étudié l’art appliqué mais un jour cela a été une évidence, il fallait que je me recentre sur la photographie. » La suite ? « Cette exposition en septembre sera ma première création réellement personnelle et non pas un travail sur commande. Elle va me mener à réaliser d’autres projets car j’ai toujours plein de trucs dans la tête. »