Nice-Matin (Cannes)

« On est un peu maso »

Taulier du PSG handball et joueur majeur de l’Équipe de France, (25 ans) passe quelques jours sur la Côte d’Azur. L’arrière se réjouit de préparer la prochaine saison au CREPS d’Antibes

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN SEILLER

AAntibes, il n’est pas rare de croiser des basketteur­s sur le parquet du stade Foch ou dans les rues de la vieille ville. Surtout en période estivale où les joueurs aiment se rassembler pour des petites opposition­s improvisée­s. Mais il est généraleme­nt plus rare de tomber sur des handballeu­rs de haut niveau qui viennent s’entraîner dans la cité des Remparts. Nedim Remili est pourtant de ceux-là. Ami d’enfance du basketteur Isaia Cordinier (Nanterre), le handballeu­r du Paris Saint-Germain a profité de ses vacances pour se rendre sur la Côte d’Azur et s’affûter dans les locaux du CREPS. Depuis quelques jours, le puissant arrière droit (1m96, 100 kilos) travaille dur pour préparer son corps aux futures échéances et profite (un peu) de la douceur de la vie azuréenne. L’occasion de faire le point sur sa carrière et les paliers qu’il lui reste à franchir. Lucide et déterminé.

Comment se passent les vacances sur la Côte ?

J’ai d’abord passé dix jours avec des amis à Toulon et j’ai ensuite rejoint Isaia (Cordinier) à Antibes. Je suis ici pour profiter de la mer et du beau temps mais aussi pour la préparatio­n physique. Je n’ai pas fait grand-chose pendant le confinemen­t. Bon, je ne peux pas me plaindre j’habite dans une maison à Paris. Mais j’ai eu du mal à me mettre au boulot. Ici je peux retrouver des sensations, jouer au basket avec “Izai” parce que j’adore ça, voir mon ami d’enfance...

Vous êtes un gros travailleu­r ou vous avez besoin d’un côté ludique ?

Je suis un gros bosseur de base mais je déteste travailler tout seul. Je ferai toujours du sport collectif. Venir ici me permet aussi d’avoir une autre méthode de travail. J’en profite pour jouer énormément au basket, j’ai tout allié et j’en suis très heureux.

Vous profitez des services d’un préparateu­r physique au CREPS d’Antibes...

Isaia (Cordinier) et Christophe Keller ont noué des liens et fonctionne­nt très bien ensemble depuis quelques années. J’ai pu suivre de très près l’évolution physique d’Isaia, j’ai vu le bien que ça lui a fait. Je ne voulais pas travailler avec n’importe qui et j’ai senti que c’était une bonne chose de fonctionne­r comme ça. En plus, j’ai la chance que Christophe connaisse le kiné du PSG avec qui j’ai une très bonne relation donc ça me permet d’avoir une forme de continuité dans le travail. C’est la meilleure chose pour moi.

Comment vous sentezvous ?

Je viens de reprendre, on n’est pas au même niveau physique avec Isaia. On fait un peu la prépa ensemble même s’il part plus tôt le matin pour aller jouer au basket. Moi, je ne passe jamais moins de trois heures et demie au CREPS. C’est dur mais c’est le jeu, ça me fait du bien de retrouver des sensations. On est un peu maso à ce niveau-là, on adore souffrir (sourire). Quand tu travailles avec quelqu’un, tu attends que la personne soit aussi investie que toi dans tes projets. Je ne fais pas du handball pour rigoler. Pour m’amuser, oui, mais pas pour rigoler. Je cherche à devenir encore meilleur et je sais qu’il faut des gens compétents autour de moi pour y arriver.

Yakuba Ouattara, Andrew Albicy... Vous croisez du beau monde quand vous jouez au basket à Antibes !

C’est clair ! Le contact s’est fait naturellem­ent. Je ne les ai vus qu’une fois ou deux mais on discute, on échange. J’adore le basket, j’ai appris par mimétisme mais je ne suis pas à leur niveau, loin de là (sourire).

La reprise après le confinemen­t n’a pas été trop violente ?

On a repris avec l’équipe pendant quatre semaines avec deux entraîneme­nts par jour. On a bien bossé les bases pour pouvoir reprendre une préparatio­n quasi normale par la suite. C’était compliqué de s’arrêter aussi longtemps, sur le plan moral ça a été douloureux. On doit reprendre l’entraîneme­nt le  août mais je sentais que j’avais besoin de plus donc j’ai décidé d’individual­iser. Il y a des choses qu’on ne peut pas travailler pendant la saison comme on joue tous les trois jours. Ce que je fais aujourd’hui, je ne peux pas le faire pendant la saison. Nos épaules, nos genoux ou autre sont trop traumatisé­s pour qu’on puisse vraiment travailler. Quand tu as des jours de vacances, tu peux te laisser une semaine ou dix jours off mais derrière il faut vite te remettre au boulot sinon ton corps ne peut pas encaisser l’intensité. Notre sport est devenu beaucoup plus physique, même les joueurs qui mesurent quasiment deux mètres sont capables d’aller vite. Quand tu allies ça à la leur poids et leur taille... Tu es obligé d’être prêt !

Vous êtes devenu un cadre en club et enchaînez les sélections en Equipe de France. Vous avez franchi un palier ?

Je ne me suis encore jamais dit ça même si je suis conscient de ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui. Depuis que je suis petit, toute ma vie a été concentrée autour du handball. Même si j’ai pu m’égarer, le hand m’a très vite ramené les pieds sur terre. Ma passion n’a pas diminué, je ne joue pas juste pour avoir un salaire ou une reconnaiss­ance. Je suis encore très loin de l’excellence, il me manque beaucoup de choses à vivre, beaucoup de compétitio­ns à remporter, beaucoup de duels à gagner. Je ne me pose pas encore, ce n’est pas le moment de penser à tout ça.

Vous avez connu un titre de champion du monde et connu le Final Four de la Ligue des Champions. Des émotions comparable­s ?

Chaque truc est particulie­r mais l’émotion est la même. Ce n’est que du bonheur, que de la joie. Quand on a perdu en finale du Final Four ( face au Vardar Skopje), j’ai été un peu trop subjugué par le moment, je n’ai pas évolué au niveau espéré. Le championna­t du monde en France, je n’étais pas assuré d’être titulaire à mon poste et j’ai gagné ma place donc c’était particulie­r. Final Four ou finale de championna­t du monde, les deux me manquent.

Paris n’a pas encore soulevé la Ligue des Champions...

Ça nous permettrai­t de mettre en valeur tout le travail qui est fait au club. Ce n’est pas simplement nous sur le terrain, il y a beaucoup de gens qui gravitent autour de nous et qui ne comptent pas leurs heures. On entend souvent qu’on est une belle génération, c’est bien beau mais il faut aller gagner des titres.

‘‘

Il me manque beaucoup de choses ”

Comment voyez-vous la suite en Equipe de France ?

Le but, c’est de passer un cap. A Paris c’est différent, je ne suis plus le même gamin qu’il y a quatre ans. En sélection ça a été compliqué, c’était un peu les montagnes russes. Je ne peux pas trop me prononcer sur la suite, mais peu importe ce qu’il se passe, tu es maître de ton destin à  %.

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(Photo V. S.) Nedim Remili travaille physiqueme­nt à Antibes.
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Ci-dessus, à gauche, contre Saint-Raphaël en StarLigue. (Ph. PHA)

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